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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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faire justice en son nom ? Par une exécution sommaire ? Portes-tu dans ton escarcelle l’un de ces écrits : « Ce qu’a fait Ranulf-atte-Newgate l’a été pour le bien du souverain et la sauvegarde de son royaume » ?
    Corbett se rapprocha.
    — Tu ne peux faire cela, Ranulf. Il y a le roi, mais au-dessus de lui, il y a la loi. Et la loi est capitale.
    Ranulf s’écarta.
    — Je suis votre ami et écuyer, répondit-il d’un trait. Mais, comme vous l’avez dit, j’appartiens au roi en temps de paix comme en temps de guerre. Avez-vous jamais pensé, Sir Hugh, ajouta-t-il en faisant un pas en avant, à Ranulf-atte-Newgate en chevalier ? Ranulf-atte-Newgate en courtisan ou même en ecclésiastique ?
    Bien qu’il fît sombre, Corbett sentit la passion qui bouillonnait chez cet homme qu’il considérait, en secret, comme son frère.
    — J’ai commis une erreur, dit-il à voix basse. J’ai cru que tu étais mon homme, à la guerre comme en paix. Moi, je suis le tien.
    Il tendit la main puis la laissa retomber.
    — Laisse-moi te dire quelque chose, Ranulf, ici, dans ce lieu sombre et silencieux. Si j’avais à choisir entre Ranulf-atte-Newgate et Édouard d’Angleterre, alors Édouard d’Angleterre ferait un piètre second.
    Il s’enveloppa de sa chape.
    — Je serai dans les appartements de l’abbé et je n’y risquerai rien.
    Et, tournant les talons, il s’éloigna.
    — Ranulf ! Ranulf ! gémit-il une fois seul, les larmes lui piquant les yeux.
    Il maudit le roi en silence. Édouard se servait de Corbett en faisant appel à sa loyauté, à son amour de la loi, à son besoin de créer ordre et harmonie. Avec Ranulf, le souverain avait joué un autre jeu, flattant son ambition, misant sur les craintes suscitées par son passé de misère et sur l’hypothèse d’un avenir glorieux.
    Absorbé dans ses pensées, Corbett, agrippant le pommeau de son épée sous sa chape, longea des portiques ombreux et traversa des cours sombres. Parfois une silhouette passait avec légèreté et un claquement de sandales rompait le silence. Le magistrat se fiait à son écuyer, hormis quand les ordres secrets du monarque tranchaient comme un couteau et les séparaient. Ranulf exécuterait sans aucun scrupule un ennemi du souverain, comme un soldat supprimerait un traître après la bataille. Il le ferait agenouiller et le décapiterait aussi vite et froidement qu’un jardinier couperait une rose. Enfin ! Le clerc s’arrêta et leva les yeux vers le ciel constellé d’étoiles. Il réglerait la question quand elle se poserait. Il repassa à l’église pour réciter une brève oraison puis entra dans l’abbaye. Il s’égara jusqu’à ce qu’un frère lai le dirige vers les appartements de l’abbé. La porte en était fermée, aussi examina-t-il avec soin l’extérieur. C’était, en fait, un petit château, un manoir, dont le rez-de-chaussée et les étages supérieurs étaient reliés par un escalier intérieur. Il observa la large fenêtre en saillie et, pour satisfaire sa curiosité, tenta d’escalader le mur, ce qui s’avéra quasi impossible. « Sauf, pensa-t-il, si j’étais un singe ou un écureuil. » Il sourit et remercia Dieu que Lady Maeve ne puisse le voir grimpant avec peine dans le noir comme un écolier. Il revint à la porte et frappa avec le pommeau de son poignard. Il y eut une exclamation, un bruit de pas et frère Perditus, tenant une chandelle, déverrouilla l’huis et l’ouvrit.
    — Ah, Sir Hugh, je...
    — Que faites-vous céans ? demanda le clerc. Je sais que vous y avez une chambre, mais l’abbé est mort et enterré à présent.
    — Messire le prieur m’a ordonné de rester là pour vous servir et pour m’occuper du logis de l’abbé Stephen.
    Corbett monta derrière lui l’escalier de pierre. Perditus gagna sa chambre, un peu plus loin dans le couloir, et revint avec deux clés.
    — Tenez, Sir Hugh, prenez-les.
    Il les déposa dans la main du magistrat.
    — La plus grande est pour la porte extérieure.
    Il sourit dans les ténèbres.
    — Je vais vous ouvrir la chambre de l’abbé et allumer une chandelle. Je connais les lieux.
    Corbett le remercia. Perditus déverrouilla la porte. Corbett sentit un faible parfum d’encens, de cire d’abeille et de bois ciré. Avec moult excuses, Perditus tâtonna dans le noir, mais, enfin, lampes à huile et chandelles furent allumées et placées sur le manteau de la cheminée. Le feu avait déjà été

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