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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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sauvé la vie. S’il ne s’était pas retourné à cette seconde... L’assassin revint à la charge, mais frère Richard s’était repris. Il usa du vase comme d’une masse d’armes. L’acier et le cuivre se heurtèrent à grand bruit, déchirant le silence. L’homme au masque rouge attaqua derechef – une parade, une feinte. Frère Richard, partagé entre la peur et l’audace, frappa à nouveau. Son adversaire recula. Puis s’avança en dansant. Frère Richard poussa un hurlement, fit un pas en arrière et trébucha. Il pensait que l’inconnu en profiterait pleinement, mais, quand il se redressa, il vit l’assaillant au masque rouge s’enfuir vers l’huis.

 
    Chapitre 10
    Prima est haec ultio, quod se iudice nemo nocens absolvitur.
    Le pire des châtiments pour les coupables,
c’est de ne jamais trouver grâce à leurs propres yeux.
    Juvénal
    Protège-nous comme tu le ferais de la prunelle de tes yeux.
    Garde-nous sous l’ombre de ton aile.
    Corbett ressassait ce verset des psaumes pendant qu’ils cheminaient sur le sentier. Il était presque midi. Le sol sous leurs pieds était couvert de neige fondue et humide et les chevaux glissaient sans arrêt. De chaque côté se déployaient des champs enneigés, des étendues blanches et désertes dont le silence menaçant, qui décontenançait tant Ranulf, n’était brisé que par le croassement rauque des corneilles et des corbeaux volant en rond. Chanson se trouvait un peu derrière Corbett, et Ranulf à une petite distance en tête. Le magistrat essayait de cacher son inquiétude. Ils étaient en rase campagne. Des haies, entrecoupées de-ci de-là de larges brèches destinées au passage des troupeaux et des bergers, bordaient la route de part et d’autre. La mise en garde contre Scaribrick et ses hors-la-loi avait quelque peu déconcerté Corbett. Il avait pensé faire demi-tour pour aller demander une escorte à Lady Margaret, mais c’eût été injuste. Les métayers du manoir et les serviteurs n’étaient pas des soldats. Ils hésiteraient à prendre les armes contre des hommes avec lesquels ils étaient obligés de vivre. À la façon dont Ranulf se tenait droit sur sa selle, le magistrat pouvait en déduire que son écuyer, lui aussi, était sur le qui-vive. Devant eux, à droite et à gauche, les arbres se dressaient en une masse sombre. Corbett s’assura que son épée jouait facilement dans son fourreau. Sans prévenir, Ranulf partit au trot puis retint sa monture et sauta à terre. Il souleva la jambe postérieure gauche de son cheval pour examiner le sabot.
    — Ne bronchez pas, souffla-t-il sans lever les yeux. Mettez pied à terre et rejoignez-moi.
    Ses compagnons obtempérèrent. Les yeux verts de Ranulf brillaient à l’idée du combat.
    — Ils nous attendent là-bas, dit-il, sous les arbres.
    — Comment le sais-tu ? s’enquit Corbett. Les oiseaux ne se sont pas affolés.
    — Ce ne sont pas les oiseaux ! rétorqua Ranulf. Il y a un arbre enneigé au milieu du chemin. Non, Chanson, ne regarde pas. Fais comme si mon cheval avait quelque chose.
    Le palefrenier obéit.
    — Tu l’as vu ? questionna le magistrat.
    — Aperçu. Le sentier descend puis remonte. Il est en haut de la côte.
    — Ce pourrait être l’oeuvre de l’assassin de St Martin, chuchota Chanson.
    — Ne sois pas stupide !
    Ranulf laissa retomber la jambe de sa monture dont il flatta l’encolure.
    — Il n’était pas là quand nous sommes passés tout à l’heure et il faut plus d’un homme pour abattre et traîner un arbre. Il n’y a pas eu de neige fraîche, alors d’où provient celle qui est dessus ? Je n’ai pas vu le tronc en fait, seulement toutes les branches d’un côté. Eh bien, Messire, que nous conseillez-vous ?
    — Nous pourrions nous en retourner pour quérir de l’aide, mais je ne sais pas quelle assistance on nous fournirait, ou bien nous pourrions essayer de trouver une autre route, mais nous risquerions alors de nous égarer et il est certain que les coquins nous poursuivraient.
    Le magistrat raffermit sa voix.
    — Ce que je conseille, Ranulf, c’est que nous remontions à cheval et faisions comme si ta monture était blessée. Nous chevaucherons à tes côtés comme si nous étions plongés dans une grande conversation puis, à mon commandement, nous chargerons. Cependant nous devrons nous désunir. Ranulf, tu passeras en premier, Chanson après et moi en dernier. Si l’obstacle est trop haut ou trop

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