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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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dangereux, nous tenterons de le contourner : ce sera à vous d’en décider.
    Ranulf tournait toujours le dos aux arbres.
    — Il nous faudra sans doute faire le tour, déclara-t-il. Surveillez l’allure de vos chevaux. De toute façon nous devrons nous frayer un passage par la force.
    Il fit coulisser son épée et sa dague.
    — Chanson, ne sors pas d’arme jusqu’à ce que tu aies contourné l’obstacle. Si nécessaire, frappe avec ta botte. Ils auront des arcs et des flèches.
    Ranulf serra le poignet du palefrenier.
    — Cela n’en fait pas d’adroits archers, mon maître ès chevaux. Ils ont sans doute l’habitude de tirer sur des cibles fixes. Et puis ils ont froid et ont les doigts gourds. Il n’y a point d’autre moyen... la prière peut nous aider.
    Ils sautèrent en selle et Ranulf se mit au milieu. Corbett feignait d’être inquiet et d’accorder toute son attention à la monture de son écuyer, pourtant il tentait, en même temps, de contrôler la panique et l’angoisse qui lui tordaient l’estomac et faisaient battre son coeur plus vite. Il regarda devant lui. L’allée d’arbres ombreuse se rapprochait. Il pouvait distinguer le tronc qu’on avait abattu, tiré au mitan de la route et saupoudré de neige. Des images, des souvenirs de la guerre au pays de Galles le hantaient. Des vallées caverneuses, des pentes de collines enneigées, des hommes de tribus farouches qui surgissaient de l’opaque rangée d’arbres. Il en irait de même ici. Il ferma les yeux et récita une brève oraison. Ils s’approchaient. Le silence était lourd de menaces, pas même brisé par un chant d’oiseau. Il regarda à nouveau devant lui et son coeur battit la chamade. L’arbre était en partie redressé : à droite, il était trop haut pour qu’on puisse le franchir d’un saut.
    — Ranulf, prends à gauche, dit-il à voix basse, mais attention : il peut y avoir un fossé.
    Ranulf éperonna son cheval qui accéléra l’allure puis se mit au galop. Chanson le suivit. Corbett venait en dernier. Son monde se réduisait aux arbres et au martèlement des sabots. L’embuscade était de plus en plus proche. Ranulf, soudain, vira à gauche. D’un bond, il franchit l’obstacle. Chanson l’imita. À ce moment précis, des flèches sifflèrent dans l’air. Puis ce fut au tour du magistrat. Son cheval passa par-dessus le tronc, mais se reçut mal : il dérapa, ses sabots ferrés patinant sur le sentier forestier. Le pied droit du clerc glissa de l’étrier. Il bascula sur le côté et se rétablit avec peine. Sa monture se cabra. Corbett entendit des hurlements et des cris. Il parvint à maîtriser l’animal, qui fit soudain demi-tour comme s’il voulait revenir en arrière. Des hommes se précipitèrent hors du couvert des bois. Un trait vola devant le visage de Corbett. Il aperçut un tourbillon de visages. Quelqu’un arriva dans son dos et son destrier, à présent affolé, rua. La plainte de l’agresseur déchira l’air au moment où le clerc tirait son épée. Une silhouette masquée se planta devant son cheval. Corbett lui assena un coup qui lui fendit la figure des yeux au menton. Ranulf et Chanson entrèrent dans la mêlée. La lutte était acharnée et sanglante. Les trois cavaliers se battaient contre les malandrins qui tentaient de les désarçonner. Corbett ressentit une légère douleur à la cuisse droite et frappa de son épée la tête masquée d’un coquin. Ils progressaient. Les chevaux se calmèrent. Des hommes vêtus de noir et de vert, portant d’horribles masques, les entouraient. Bien que Chanson au coeur de la bataille fît de maladroits moulinets avec son épée, il causait autant de dommages que les habiles et silencieux coups de Ranulf, dont le goût du combat avait été réveillé.
    — En avant ! cria Corbett.
    Il enfonça ses éperons. Il se rendit compte que son palefrenier le suivait. Ranulf quitta le lieu du combat en dernier. Il suivit un homme qui s’enfuyait en titubant et, abattant son épée, lui ouvrit le crâne. Puis, comme son maître, couché sur sa selle, il remonta au galop le sentier forestier. Des flèches, volaient au-dessus d’eux. Ils chevauchèrent jusqu’à ce qu’ils soient en sécurité. Corbett s’arrêta. Il était trempé de sueur et son estomac était si malmené qu’il crut qu’il allait vomir. Chanson, tête basse, toussait et hoquetait. Si Ranulf n’avait pas été là, il serait tombé de sa selle. Le magistrat se mit à

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