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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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pratiqué dans le toit. Le sol, dehors, était jonché de tessons de poteries, de morceaux d’os et de haillons.
    — Ce n’est ni le plus propre ni le plus soigné des hommes, constata Ranulf en riant. Mais voici notre ermite. Sir Hugh, portez-vous bien.
    Il fit faire demi-tour à son cheval.
    — Où vas-tu ? questionna Corbett d’un ton sec.
    — J’ai des affaires à régler, répondit l’écuyer.
    Et, avant que son maître ait pu s’y opposer, il avait éperonné sa monture et filait sur le chemin.
    — Où va-t-il ? geignit Chanson.
    Corbett avait des soupçons, mais il les garda par-devers lui. Il descendit de cheval et conduisit l’animal le long du mur. Le Gardien sortit de sa hutte en traînant les pieds. Il se carra, jambes écartées, mains sur les hanches.
    — Vous arrivez juste à temps pour le repas ! brailla-t-il. Je me demandais quand vous viendriez. Viande et pain ?
    Il rentra comme une flèche dans sa chaumière. Le magistrat lança un coup d’oeil à Chanson qui avait repris des couleurs.
    — Occupe-toi des chevaux ! ordonna-t-il.
    Il pénétra dans la hutte. Plus propre et ordonné qu’il ne s’y attendait, l’intérieur ressemblait beaucoup à celui de la demeure d’un paysan pauvre : sol en terre battue, deux fenêtres improvisées sur chaque mur, un épais panneau de cuir en guise de porte. L’orifice percé dans le toit de chaume permettait à la fumée d’un feu aménagé dans un cercle de pierres de s’échapper. Sur un trépied de fortune bouillonnait un pot de fer. Il régnait une odeur agréable. Dans le coin le plus éloigné se dressait un châlit ; dans un autre un grand coffre délabré supportait des bols d’étain, des coupes et des pichets, tous fissurés et usagés.
    — Ne craignez-vous pas l’incendie ? s’étonna Corbett.
    — Oh, s’il éclatait je m’enfuirais comme un lévrier, puis je reviendrais et bâtirais un autre abri. Les moines sont très aimables. Lady Margaret aussi, comme vous avez dû le constater, répondit l’ermite qui, accroupi près de la marmite, en remuait le contenu à l’aide d’une louche en bois.
    Il alla chercher un tabouret à trois pieds plutôt bancal et le cala dans le sol comme pour l’équilibrer.
    — Asseyez-vous là !
    Il remplit un bol qu’il mit dans les mains du clerc. Il en apporta aussi un à Chanson qui attendait dehors avec les montures. Corbett sortit sa cuillère de corne et la plongea dans la soupe. Elle était délicieuse : épaisse et foncée avec des bouts de viande succulente, des légumes, du pain et même un peu de sel. Il la savoura avec lenteur. Le Gardien des portes revint et laissa retomber la bâche de cuir, ce qui plongea la chaumine dans l’obscurité.
    — J’ai une lampe à huile, suggéra-t-il.
    — Asseyez-vous, répondit Corbett. Vous m’attendiez, n’est-ce pas ?
    L’ermite remplit un bol pour lui, s’installa, jambes croisées, devant Corbett, le visage presque dissimulé par sa tignasse, et se mit à manger à grand bruit.
    — Bien sûr ! Vous êtes clerc, non ? Avez-vous des questions à me poser ?
    — On vous a baptisé Salyiem, commença Corbett. Lady Margaret m’a laissé entendre que vous étiez né dans la contrée et aviez passé votre jeunesse dans le domaine d’Harcourt.
    L’homme claqua des lèvres.
    — Si Lady Margaret le dit, alors elle a raison.
    — Étiez-vous là à l’époque où Sir Stephen et Sir Reginald étaient amis ?
    — Bien sûr. Ils étaient compagnons d’armes.
    — Le mariage de Lady Margaret était-il heureux ?
    Le Gardien baissa la tête et lécha la soupe qui adhérait à sa cuillère cabossée.
    — Bien sûr.
    — Vous étiez là le jour où Sir Reginald a disparu ?
    — Bien sûr.
    Il releva la tête, moustache et barbe souillées de nourriture.
    — Bien sûr ! Bien sûr ! Bien sûr ! l’imita Corbett. Quelles étaient vos fonctions au manoir ?
    — J’étais ce qu’on appelle un bailli et m’occupais plus de la maison que du domaine.
    — Vous souvenez-vous du jour où Sir Reginald est parti ?
    — Oui. C’était de bon matin ; je l’ai aidé à seller son cheval. N’ayez pas l’air surpris, ajouta-t-il, cela faisait partie de mes tâches.
    — Et c’était bien Sir Reginald ?
    — De qui d’autre aurait-il pu s’agir ?
    — Comment s’est-il comporté ? Était-il rasé et en tenue ?
    — Il a chargé le poney de bât lui-même, puis il est parti presque sans un mot.

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