Furia Azteca
lait de la Foi n'est pas encore tari, qu'envers ceux qui l'ont déjà bu et qui y sont accoutumés.
Nous essayerons donc de contenir notre dégo˚t. Nous garderons l'Indien et le laisserons continuer à vomir ses horreurs jusqu'à ce que nous ayons la réponse de Votre Majesté au sujet de la suite de son histoire. Fort heureusement, nous n'avons pas un besoin pressant de l'interprète et de nos frères. La seule récompense que nous lui offrons est de lui permettre de partager notre frugale chère et une paillasse dans un débarras inutilisé
attenant au cloître, mise à sa disposition, les nuits o˘ il ne va pas porter à sa femme soi-disant malade les restes de notre repas, et qu'il passe à s'occuper d'elle.
Mais nous croyons bien être vite débarrassés de l'Aztèque et des miasmes putrides qui l'entourent. Nous sommes s˚rs que quand vous lirez les pages suivantes, - encore plus horripilantes que ce qui précédait - vous partagerez notre répulsion et vous écrierez : " Arrêtez ces ordres ! " tout comme David s'exclamait : " Ne publiez pas ceci, car les incroyants s'en réjouiront ! " Nous sommes impatients, anxieux même, de recevoir l'ordre de Votre Majesté, par le prochain courrier, de détruire toutes les pages écrites entre-temps et de chasser de chez nous ce coupable barbare.
que Dieu, Notre Seigneur, veille sur Sa Très Illustre Majesté pendant les nombreuses années à venir. De Votre Majesté, le fidèle et obéissant serviteur,
(ecce signum) Zumarraga
ALTER PARS
Son Excellence n'est pas là, aujourd'hui, messieurs les scribes ? Dois-je tout de même continuer ? Ah ! oui, je sais, il lira ce que vous écrivez quand il le voudra.
Très bien. Je vais laisser de côté, pour le moment, mon histoire personnelle et celle de ma famille. De peur de vous donner l'impression que les quelques personnes que j'ai évoquées et moi-même, vivons dans une sorte d'isolement, à l'écart du reste du monde, je vais vous brosser un plus large tableau. Je ferai des allées et venues dans mes souvenirs afin de mieux vous faire comprendre nos relations avec notre monde dans son ensemble, ce monde que nous appelons Cem-Anahuac, tout l'Anahuac, le Monde Unique.
Vos explorateurs ont découvert qu'il était situé entre deux océans sans limites, à l'est et à l'ouest. Les Terres Chaudes humides qui bordent ces océans se transforment rapidement, vers l'intérieur, en chaînes de montagnes culminantes avec un haut plateau en leur centre. Ce plateau est si près du ciel que l'air y est léger, propre et lumineux. Un doux printemps y règne presque toujours, même l'été, pendant la saison des pluies - jusqu'à l'arrivée de l'hiver sec, quand Tititl, le dieu des jours courts de l'année, décide d'envoyer de la fraîcheur et même un froid mordant.
La partie la plus peuplée de ce Monde Unique est un grand bassin, ou dépression, dans le plateau, que vous appelez maintenant la vallée de Mexico. Là, se pressent les lacs qui rendent cette zone si propice à
l'établissement des hommes. En réalité, il n'y a qu'un seul et gigantesque lac, étranglé à deux endroits par les montagnes, si bien qu'il y a trois grandes étendues d'eau reliées par des détroits un peu plus resserrés. Le lac le plus petit et le plus au sud possède des eaux fraîches, 49
alimentées par de clairs ruisseaux provenant de la fonte des neiges. Le lac septentrional, o˘ j'ai passé ma jeunesse, a des eaux rouge‚tres et saum
‚tres, parce qu'il est environné de terres riches en minerai, qui y déversent leurs sels. Le lac central, Texcoco, qui est plus grand que les deux autres réunis, est composé du mélange de ces deux eaux et par conséquent, il est légèrement sau-m‚tre.
Bien qu'il n'y ait qu'un seul lac - ou trois, si vous voulez - nous leur avons toujours donné cinq noms. Il n'y a que le gris‚tre lac Texcoco à
avoir un seul nom. Le lac du sud, le plus cristallin, s'appelle Xochimilco, dans sa partie supérieure, c'est-à-dire, " le lieu des champs de fleurs ", le Jardin Fleuri, parce que ses parages sont une pépinière de plantes précieuses pour toutes les terres environnantes. Dans sa partie inférieure, le lac porte le nom de Chalco, à cause de la nation Chalca qui le borde. De même, le lac du nord, bien qu'il fasse un tout, est lui aussi divisé de la sorte. Les gens qui vivent à Zumpango, l'île en forme de cr‚ne, appellent sa moitié supérieure le lac Zumpango. Les gens de mon Xaltoc‚n natal,
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