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Furia Azteca

Furia Azteca

Titel: Furia Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings , Robert Gleason , Junius Podrug
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carrière, qu'il resta là, en équilibre sur un angle. Aussi mon père et les autres hommes qui accoururent purent le faire basculer sans trop de difficulté. A leur grande surprise, ils trouvèrent la victime des dieux encore en vie et même consciente.
    Passant inaperçu, dans l'excitation générale, je m'approchai et vis l'homme coupé en deux. La partie supérieure de son corps, nue et couverte de sueur, était intacte. La taille était complètement aplatie, si bien que le torse ressemblait un peu à'une herminette ou à un burin. La pierre l'avait à la fois entièrement sectionné et soigneusement refermé la blessure, aussi il n'y avait pas une goutte de sang. On aurait dit une poupée de chiffon coupée en deux, puis recousue. La partie inférieure, toujours revêtue du pagne, gisait plus loin, propre et bien refermée, mais les jambes étaient légèrement contractées et cette moitié de corps urinait et déféquait copieusement.
    L'affreuse blessure avait si bien tué ses nerfs coupés, que l'homme n'éprouvait aucune douleur. Il leva la tête
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    et regarda, avec un peu d'étonnement, ces deux moitiés de lui-même. Pour lui épargner ce spectacle, les autres l'emportèrent rapidement et tendrement - sa partie supérieure - à quelques pas de là et l'allongèrent contre le mur de la carrière. Il plia les bras, ouvrit et referma les mains, tourna la tête de tous côtés, et dit d'un ton solennel : " Je peux encore bouger et parler, je vous vois tous, camarades. Je peux tendre le bras, vous toucher et vous sentir. J'entends le martellement des outils. Je sens la poussière acre de la chaux. Je vis toujours. N'est-ce pas merveilleux ? "
    - Bien s˚r, dit mon père, d'un ton bourru. Mais pas pour longtemps, Xicama.
    Ce n'est pas la peine d'envoyer chercher le médecin. C'est un prêtre qu'il te faut. Tu veux un prêtre de quel dieu, Xicama ? "
    L'homme réfléchit un moment. " Bientôt, j'irai saluer tous les dieux réunis, quand je ne pourrai plus rien faire d'autre. Mais pendant que je peux encore parler, j'aimerais bien causer à Mangeuse d'ordures. "
    La requête fut relayée jusqu'au sommet de la carrière et de là, un messager courut chercher un prêtre de la déesse Tlazolteotl, ou " Mangeuse d'ordures
    ". En dépit de son vilain nom, c'était une déesse très compatissante. C'est à elle que les mourants confessaient leurs péchés et leurs mauvaises actions - et souvent aussi, les vivants, quand ils étaient particulièrement chagrinés et déprimés par ce qu'ils avaient fait - pour qu'elle les avale et qu'ainsi ces péchés disparaissent comme s'ils n'avaient jamais existé.
    Ils ne seraient pas mis au compte du mort et ne viendraient pas hanter sa mémoire, quel que f˚t l'au-delà auquel il était destiné.
    En attendant le prêtre, détournant le regard de lui-même, de ce corps coincé dans une fissure de la roche, Xicama parlait calmement avec mon père, presque sur un ton enjoué. Il lui donnait des messages pour ses parents, sa veuve et les orphelins, émettait des suggestions quant à la manière de disposer du peu de bien qu'il avait et se demandait à haute voix ce que sa famille deviendrait quand elle n'aurait plus de soutien.
    " Ne t'inquiète pas, dit mon père. Ton tonalli a voulu que les dieux te prennent en échange de notre prospérité.
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    Pour te remercier de ce sacrifice, nous tous ainsi que le Seigneur Gouverneur dédommagerons ta veuve comme il faut.
    - Alors, elle aura un héritage respectable, repartit Xicama, soulagé. Elle est encore jeune et belle. Je t'en prie, Tête Haute, insiste pour qu'elle se remarie.
    - C'est entendu. Y a-t-il autre chose ? " Xicama regarda autour de lui en souriant et dit : " Non. Je n'aurais jamais cru que je pourrais regretter de voir cette triste carrière pour la dernière fois. Sais-tu, Tête Haute, que même ce puits de pierre me semble beau et accueillant, maintenant ? Les nuages blancs, là-haut, le ciel bleu, et puis cette pierre blanche... on dirait des nuages avec du bleu en dessous. J'aimerais bien voir aussi les arbres verts, là-bas...
    - Tout à l'heure, promit mon père, quand tu en auras terminé avec le prêtre. Pour le moment, il vaut mieux que tu ne bouges pas. "
    Le prêtre arriva, tout de noir vêtu, ses cheveux noirs recouverts d'une cro˚te de sang, le visage charbonneux et jamais lavé. C'était la seule tache sombre et triste dans tout ce bleu et ce blanc que Xicama regrettait de quitter. Les autres se

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