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Furia Azteca

Furia Azteca

Titel: Furia Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings , Robert Gleason , Junius Podrug
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dieu Vent de la Nuit soufflait sur nous un petit air glacé.
    Après le dîner, je restai assis près du feu en contemplant les ténèbres.
    Elles étaient si épaisses que même avec de bons yeux, je n'aurais rien pu distinguer. C'était une nuit sans lune et, s'il y avait des étoiles, j'étais incapable de les voir. Cela n'avait rien à voir avec mon unique campagne militaire, alors que les événements m'avaient conduit dans une terre étrangère avec beaucoup d'autres compagnons. J'étais venu ici tout seul et je me sentais un égaré sans importance, plus téméraire que courageux. Les nuits que j'avais passées à l'armée, il y avait toujours un brouhaha de conversations et de remue-ménage et je sentais une foule autour de moi. Mais cette fois-là, dans le rougeoiement de l'unique feu de camp, je n'entendais que des paroles discrètement échangées de temps en temps, le bruit étouffé des esclaves qui nettoyaient les ustensiles, qui mettaient du bois dans le feu et des feuilles sèches sous nos couvertures et les jappements des chiens qui se bousculaient pour manger les reliefs de notre repas.
    Dans l'obscurité qui me faisait face, on ne décelait 374
    aucune trace de vie et d'humanité. Même en essayant de remonter aussi loin que le commencement du monde je n'aurais pu y découvrir une seule créature humaine ou le moindre signe qu'il en ait jamais existé. Le vent qui traversait les ténèbres n'apportait qu'un seul son, le plus désolé peut-
    être de tous ceux qu'on puisse entendre : le gémissement à peine audible d'un coyote hurlant comme s'il portait le deuil d'une chose depuis longtemps disparue.
    Dans ma vie, j'ai rarement souffert de la solitude, même lorsque j'étais longtemps seul. Mais cette nuit-là, je la ressentis profondément alors que j'avais délibérément tourné le dos à la tache de lumière et de chaleur et que je plongeais mon regard dans cet inconnu noir, vide et indifférent.
    Puis j'entendis Gourmand de Sang qui disait : " Dormez comme si vous étiez chez vous, dans une chambre. Enlevez vos vêtements sinon vous aurez froid demain matin, croyez-moi.
    - Et si un jaguar arrive et qu'il faut qu'on se sauve en vitesse, répartit Cozcatl en essayant de plaisanter.
    - Si un jaguar surgit, mon garçon, lui répondit très sérieusement Gourmand de Sang, je suis s˚r que tu ne te préoccuperas pas de savoir si tu es habillé ou non et de toute façon, le jaguar dévorera tes habits avec autant d'appétit que ta chair de petit garçon. " Peut-être vit-il sa lèvre inférieure trembler, car le vieux soldat ajouta : " Ne t'inquiète pas, les félins n'approchent jamais d'un feu de camp et je veillerai à ce qu'il ne s'éteigne pas. " II remarqua en soupirant : " C'est une habitude que j'ai prise à l'armée. A chaque fois que le feu baisse, je me réveille. Je l'alimenterai. "
    Je n'eus pas une impression d'inconfort en m'enroulant dans mes couvertures, le corps isolé du sol dur et froid uniquement par quelques brassées de feuilles sèches. En effet, au cours du mois écoulé, dans mon appartement du palais, j'avais couché sur la paillasse peu rembourrée de Cozcatl, qui lui, par contre, s'était habitué au confort de mon lit douillet, chaud et moelleux. Au cours de la nuit, alors que ronflements et sifflements s'échappaient des autres formes pelotonnées autour du 375
    feu, je l'entendis qui se tournait dans tous les sens en essayant de trouver une position qui lui convînt et gémir doucement parce qu'il n'y arrivait pas. Je finis donc par lui chuchoter : " Cozcatl, amène tes couvertures ici. "
    II se rapprocha de moi, plein de reconnaissance et nous nous install‚mes un lit avec une double épaisseur de nattes et de couvertures. Puis, comme nous nous étions considérablement refroidis, nous nous gliss‚mes en toute h‚te dans cette couche améliorée en nous serrant l'un contre l'autre comme deux écuelles emboîtées : le dos de Cozcatl arrondi contre mon ventre et mes bras autour de lui. Peu à peu, nous cess‚mes tous les deux de trembler et Cozcatl murmura : " Merci Mixtli ", et j'entendis bientôt sa respiration régulière et profonde de dormeur.

    Moi, par contre, je ne parvenais pas à m'assoupir. Tandis que mon corps s'échauffait contre le sien, mon imagination faisait de même. Ce n'était pas du tout la même chose que de dormir à côté d'un homme, comme le font les soldats qui se couchent les uns contre les autres pour se tenir au chaud et au sec. Ce

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