Furia Azteca
formés par mon école. A l'occasion, je pourrai même 584
acheter des esclaves au marché, les former, les placer et récupérer mes honoraires sur leurs gages.
- C'est très intéressant pour eux, pour leurs maîtres et pour toi, approuvai-je. Tu as eu une idée très astucieuse, Cozcatl. Non seulement tu as réussi à te faire une place dans la société, mais tu as trouvé une idée tout à fait nouvelle o˘ personne ne fera mieux que toi.
- Sans vous, Mixtli, je n'y serais jamais arrivé, me répondit-il humblement. Et je serais encore en train de trimer dans un palais de Texcoco. Je dois cette chance au tonalli, le mien ou le vôtre, qui a lié
nos existences. "
Et moi aussi, pensais-je, tandis que je rentrais tranquillement chez moi, je dois beaucoup à un tonalli que j'ai jadis accusé d'être capricieux et même cruel. Il m'a apporté bien des chagrins, des deuils et des malheurs, mais il a aussi fait de moi un homme riche qui s'est élevé bien au-dessus de ce que sa naissance lui promettait, l'époux d'une femme désirable entre toutes et un homme encore assez jeune pour se lancer dans des aventures passionnantes.
Alors que je regagnais ma maison confortable et les bras accueillants de Zyanya, l'envie me prit d'exprimer ma gratitude aux dieux. " ‘ Dieux, dis-je en moi-même, si vous existez et qui que vous soyez, je vous remercie.
Vous m'avez parfois repris d'une main ce que vous m'aviez donné de l'autre ; mais, dans l'ensemble, vous m'avez donné davantage que vous ne m'avez pris. ‘ Dieux, j'embrasse la terre à vos pieds. "
Sans doute, les dieux me furent-ils reconnaissants de ma gratitude. Ils ne perdirent pas de temps car, dès mon arrivée, je trouvai un page du palais qui m'attendait avec une convocation d'Ahuizotl. Je pris tout juste le temps d'embrasser Zyanya pour lui dire bonjour et au revoir et je suivis le garçon jusqu'au palais.
Lorsque je rentrai chez moi, il était fort tard, j'étais vêtu tout à fait différemment et passablement éméché. Lorsqu'elle m'eut ouvert la porte, Turquoise oublia instantanément toute la maîtrise de soi qu'elle avait apprise chez Cozcatl. En voyant la profusion désordonnée des plumes dont j'étais recouvert, elle poussa un hurlement strident et s'enfuit au fin fond de la maison. Zyanya
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arriva alors, l'air inquiet et me dit : " Zaa, comme tu rentres tard. "
Puis, elle eut un petit cri et se recula en s'exclamant : " que t'a fait ce monstre d'Ahuizotl ? Ton bras saigne. qu'est-ce que tu as aux pieds et sur la tête ? Zaa, réponds-moi !
- Salut, marmonnai-je, stupidement dans un hoquet.
- Salut, " répéta-t-elle, prise de court. Puis elle ajouta d'un ton cassant : " Ce qui est s˚r, en tout cas, c'est que tu es so˚l. "
Elle partit en direction de la cuisine et je m'affalai sur un banc, mais je ne devais pas tarder à me remettre vivement debout, car Zyanya revint avec un baquet d'eau affreusement froide qu'elle me versa sur la tête.
" Mon casque ! hurlai-je, lorsque j'eus fini de tousser et de cracher.
- C'est un casque ? " s'exclama-t-elle, tandis que je m'efforçais de l'ôter et de l'essuyer avant que l'eau ne l'abîme. " J'ai cru que tu t'étais fourré dans le jabot d'un oiseau géant.
- Femme, lui dis-je, avec la dignité guindée que donne une demi-ivresse. Tu as failli g‚ter cette noble tête d'aigle et maintenant, tu me marches sur les pieds. Regardé... regarde ces pauvres plumes crottées.
- C'est ce que je fais, je regarde ", me répondit-elle d'une voix étranglée, et je m'aperçus alors qu'elle faisait des efforts désespérés pour ne pas éclater de rire. " Enlève ce costume grotesque. Va dans l'étuve pour éliminer un peu l'octli que tu as bu. Nettoie le sang que tu as sur le bras. Et puis viens te coucher et tu me raconteras ce qui... " Elle ne pouvait plus se contenir et se mit à rire à gorge déployée.
" Costume grotesque, vraiment, dis-je, en essayant de prendre une attitude à la fois hautaine et peinée. Il n'y a qu'une femme pour rester insensible à des insignes honorifiques. Si tu étais un homme, tu te confondrais en admiration et en félicitations. Au lieu de cela, on m'inonde et on se moque de moi ! "
Ce disant, je tournai les talons et montai dignement l'escalier, en trébuchant de temps en temps à cause de mes sandales emplumées, et j'allai transpirer et bouder dans l'étuve.
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C'est ainsi que l'on me reçut en cette soirée qui aurait d˚ être la plus solennelle de toute mon
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