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Furia Azteca

Furia Azteca

Titel: Furia Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings , Robert Gleason , Junius Podrug
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donc que la longueur réelle du trajet entre
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    les deux villages devait approcher de cinquante lieues. Pourtant, Tes-disora me dit d'un ton très naturel :
    " Pour un bon coureur, pour faire l'aller et retour en frappant dans la balle de bois, il faut une journée et une nuit.
    - C'est impossible ! m'exclamai-je. C'est comme de courir de Tenochtitl‚n à
    queretaro sans s'arrêter. Sans compter que la moitié du parcours se fait de nuit et, en plus, en poussant une balle. C'est impossible ! "
    Comme Tes-disora ignorait tout de Tenochtitl‚n et de queretaro et de la distance qui les séparait, il me répliqua avec un haussement d'épaules :
    " Puisque vous croyez que c'est impossible, vous n'avez qu'à venir avec nous, pour voir.
    - Moi ? En tout cas, je suis absolument certain que c'est impossible pour moi.
    - Vous n'aurez qu'à nous accompagner un bout de chemin et ensuite vous attendrez notre retour. Je vais vous prêter une paire de bonnes sandales en peau d'ours. Puisque vous ne faites pas partie de l'équipe du village, ce ne sera pas tricher.

    - Tricher ? Vous voulez dire qu'il y a des règles à respecter dans cette course ?
    - Pas beaucoup, me répondit-il, très sérieusement. Les participants doivent partir d'ici cet après-midi, au moment précis o˘ Grand-Père Feu touche le haut de la montagne qui est en face. Les gens de Guacho-chî se servent d'un moyen identique pour déterminer l'instant du départ. Alors, nous courons vers Guacho-chî et eux, courent vers Guagiiey-bo. On se croise à mi-parcours, on se salue et on s'envoie des insultes amicales. quand ceux de Guacho-chî arrivent dans notre village, nos femmes leur offrent des rafraîchissements et essayent par tous les moyens de les retenir, comme leurs femmes le font avec nous, mais je puis vous assurer qu'on ne les écoute pas. Nous faisons immédiatement demi-tour pour repartir en courant vers notre village o˘ nous arrivons au moment o˘ Grand-Père Feu touche à
    nouveau la montagne, soit juste avant, soit juste après. Nous pouvons déterminer ainsi le temps exact de la course ; les concurrents de Guacho-chî font la même chose et nous
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    envoyons des messagers pour échanger nos résultats et savoir qui a gagné la course.
    - J'espère que le vainqueur reçoit un prix digne de tant d'efforts.
    - Un prix ? Il n'y a pas de prix.
    - quoi ? Pas même un trophée à exhiber ? Pas d'autre motivation que de revenir chez soi, vers sa femme ? Au nom de vos trois dieux, pourquoi alors le faites-vous ?
    - Parce que c'est ce que nous faisons le mieux, me répondit-il avec un haussement d'épaules. "
    Je n'insistai pas parce que je sais qu'il est inutile de discuter raisonnablement avec des personnes déraisonnables. Pourtant, en y réfléchissant bien, la réponse de Tes-disora n'était pas si insensée. Moi-même, que répondrais-je si on me demandait pourquoi j'ai pratiqué toute ma vie l'art d'écrire les mots ?
    Seuls, six hommes, dont Tes-disora, estimés comme les meilleurs coureurs du village, participaient réellement au ra-rajipuri. Ils s'étaient bourrés de jÔpuri avant de partir et emportaient chacun un peu d'eau et de la farine de pinolli qu'ils pouvaient manger sans presque ralentir leur train. Ils avaient également, accrochées à la ceinture de leur pagne, de petites courges sèches contenant un caillou dont le tintement devait les empêcher de s'endormir tout debout. Le reste de la troupe était composé de tous les m‚les en bonne santé, des adolescents aux hommes m˚rs, qui étaient là pour soutenir le moral des champions. Beaucoup d'entre eux étaient déjà partis depuis le matin ; c'étaient des coureurs rapides sur de courtes distances, mais qui se fatiguaient vite. Ils allaient se poster à intervalles le long du parcours et quand un des champions arrivait à leur hauteur, ils faisaient un sprint avec lui.
    D'autres participants devaient porter de petits pots de braises ardentes et des torches de pin pour éclairer les coureurs pendant la nuit. D'autres encore avaient des réserves de jÔpuri séché, de pinolli et d'eau. Les jeunes et les anciens ne portaient rien ; leur rôle consistait à hurler sans cesse des encouragements à leur équipe. Tout le monde avait le visage, la poitrine et le dos peints de

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    points, de cercles et de spirales jaune vif. Pour moi, je n'en avais que sur la figure car, contrairement aux autres, j'étais autorisé à garder mon manteau.
    Au moment o˘ Grand-Père Feu s'apprêtait

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