Furia Azteca

avait mérité et o˘ il vivrait pour toujours dans le luxe et la félicité.
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    Les prêtres ne mirent un terme à leurs prières que vers la fin de l'après-midi. Alors, on assit Ahuizotl dans sa tombe, le petit chien à ses côtés ; on versa sur eux de la terre bien tassée, puis des maçons posèrent une simple pierre sur le tombeau. Il faisait nuit quand les embarcations revinrent s'amarrer à Tenochtitl‚n o˘ le cortège se reforma pour regagner le Cour du Monde Unique. La foule des citadins avait quitté la place, mais nous d˚mes patienter pendant que les prêtres disaient d'autres prières du haut de la Grande Pyramide éclairée par des torches et qu'on faisait br˚ler de l'encens. Puis en grande cérémonie, ils escortèrent Motecuzoma, toujours pieds nus et en loques, vers le temple de Tezcatlipoca, Miroir Fumant.
    Le choix de ce temple n'avait pas de signification particulière. A Texcoco et dans d'autres villes, Tezcatlipoca était considéré comme le dieu suprême, mais à Tenochtitl‚n, il était beaucoup moins vénéré. Il se trouvait simplement que ce temple était le seul à posséder une cour fermée.
    Dès que Motecuzoma en eut franchi le seuil, les prêtres refermèrent les portes sur lui. Le nouvel Orateur Vénéré devrait rester là, isolé, pendant quatre jours et quatre nuits, sans manger et sans boire, à méditer sous le soleil ardent ou sous la pluie battante, selon le choix des dieux et en dormant à même le sol de pierre. A quelques moments précis, seulement, il pourrait rentrer dans le temple pour prier les dieux qu'ils le guident dans la mission qui serait bientôt la sienne.
    Le cortège se dispersa. Chacun rentra chez soi, fatigué, qui dans son palais, qui dans sa maison, qui dans sa caserne, heureux de ne pas avoir à
    subir une autre longue journée de cérémonie avant que Motecuzoma sorte de sa retraite.
    J'arrivai chez moi si fourbu que je ne manifestai aucune surprise en voyant que c'était quequelmiqui et non Turquoise qui venait m'ouvrir la porte. Une unique lampe éclairait l'entrée.
    " II est tard, lui dis-je. Je pense que Cocôton est au lit depuis longtemps. Comment se fait-il que tu sois encore ici ?
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    - Cozcatl est' parti à Texcoco pour des affaires concernant l'école. Dès qu'il a pu trouver un acali après les funérailles, il est parti là-bas.
    J'ai saisi cette occasion pour rester un peu avec ma... avec votre fille.
    Turquoise est en train de préparer votre bain.
    - Très bien. Je vais appeler Chanteur …toile pour qu'il t'éclaire pour rentrer chez toi et moi, je vais vite aller me coucher pour que les domestiques puissent se reposer eux aussi.
    - Attendez ! répliqua-t-elle nerveusement. Je ne veux pas partir. " Son visage, habituellement couleur de cuivre p‚le, était passé au cuivre foncé, comme si la mèche de la lampe l'éclairait de l'intérieur.
    " Cozcatl ne rentrera pas avant demain soir, au plus tôt. Cette nuit, Mixtli, j'aimerais que vous me preniez dans votre lit.
    - Comment ? fis-je, en faisant semblant de ne pas avoir_compris. Il y a quelque chose qui ne va pas, que-quelmîqui ?
    - Oui, et vous savez très bien de quoi il s'agit. Elle rougit encore davantage. J'ai vingt-six ans et je suis mariée depuis plus de cinq ans et je n'ai pas encore connu d'homme !
    - Cozcatl est davantage un homme que beaucoup d'autres.
    - Je vous en prie, Mixtli, ne faites pas l'idiot. Vous savez bien ce qu'il lui manque.
    - Si cela peut te consoler, je peux te dire que j'ai de bonnes raisons de croire que notre nouvel Orateur Vénéré n'est pas mieux loti sur ce plan que ton mari.
    - J'ai du mal à vous croire, me répondit-elle. Dès qu'il est devenu régent, Motecuzoma a pris deux femmes.
    - Alors, elles sont certainement aussi insatisfaites que toi. "
    quequelmiqui secoua la tête d'impatience.
    " En tout cas, il peut au moins faire des enfants à ses femmes. Elles ont chacune un bébé. C'est plus que je ne peux espérer ! Si j'étais la femme de l'Orateur Vénéré, je pourrais au moins avoir un enfant. Mais je ne suis pas 704
    venue ici pour parler des femmes de Motecuzoma, je m'en moque comme d'une guigne !
    - Et moi de même, lui répliquai-je d'un ton cassant. Mais je leur sais gré
    de rester dans le lit conjugal et de ne pas venir assiéger le mien.
    - Ne soyez pas cruel, Mixtli. Si vous saviez ce qu'il m'en a co˚té. Cinq années, Mixtli ! Cinq années à me résigner et à faire semblant d'être satisfaite. J'ai fait des