Furia Azteca
arquebuses et trente-deux ont des arbalètes. De plus, il y a une centaine d'hommes qui étaient les matelots des navires br˚lés. "
Motecuzoma passa par-dessus son épaule les dessins aux Anciens du Conseil alignés derrière lui.
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" II y a quatre prêtres, poursuivis-je, et de nombreuses femmes offertes aux Blancs par le tabascoôb de Cupflco. Ils ont seize chevaux et douze grands chiens de chasse et aussi dix gros canons et quatre autres plus petits. Comme on nous l'avait dit, il ne leur reste plus qu'un seul bateau avec des hommes à son bord, mais je n'ai pas eu la possibilité de les compter. "
Deux médecins, membres du Conseil, examinaient solennellement mes dessins de Certes et marmonnaient doctement entre eux.
" Outre les personnes dont je viens de parler, la quasi-totalité de la population totonaca semble être aux ordres de Cortés et travaille comme porteurs, charpentiers, maçons... quand les prêtres blancs ne leur disent pas d'aller adorer la croix et l'image de la Vierge.
- Seigneur Orateur, dit l'un des médecins, puis-je faire une remarque ? Mes collègues et moi avons regardé attentivement le portrait de Cortés.
- Et je suppose qu'en tant que médecins, vous déclarez officiellement que c'est un homme, répliqua Motecuzoma impatienté.
- Pas seulement cela, Seigneur. Nous ne saurions l'affirmer avec certitude sans l'avoir vu personnellement, mais d'après ses traits fuyants, ses cheveux rares et son corps disproportionné, il semblerait qu'il soit né
d'une mère affectée de la maladie nanaua. Nous avons souvent constaté les mêmes signes dans la progéniture des maatitl de la pire espèce.
- Vraiment ? fit Motecuzoma, visiblement ravi. S'il est vrai que la nanaua s'est attaquée à son cerveau, cela expliquerait certains de ses actes. Il faut être fou pour br˚ler des navires et se priver ainsi de tout moyen de repli. Si c'est un homme atteint de nanaua qui est le chef de ces étrangers, que dire des autres ? Et maintenant, Mixtzin, dis-nous que leurs armes ne sont pas aussi terribles que certains l'ont pensé. Je commence à
croire que nous avons beaucoup exagéré le danger que représentent ces Blancs. "
II y avait longtemps que je n'avais pas vu Motecuzoma aussi euphorique, mais je n'étais pas tenté de partager son enthousiasme. Jusque-là, il avait considéré les
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étrangers comme des dieux ou comme leurs envoyés et pensé qu'il fallait les respecter et même leur obéir. En entendant mon rapport et l'avis des médecins, il était prêt à déclarer, avec la même promptitude, qu'ils ne méritaient pas qu'on s'inquiète à cause d'eux. Ces deux attitudes extrêmes me semblaient tout aussi dangereuses l'une que l'autre. Comme je ne pouvais pas lui dire le fond de ma pensée, je lui objectai seulement :
" II est possible que la maladie ait rendu Cortés fou, Seigneur Orateur, mais un fou est souvent plus à craindre qu'un homme sain d'esprit. Il n'y a pas très longtemps que cette vermine a vaincu très facilement cinq mille guerriers olmeca.
- Oui, mais les Olmeca ignoraient ce que nous savons. " Ce n'était pas Motecuzoma qui avait parlé, mais son frère Cuitlahuac. " Ils ont affronté
les Blancs avec leur tactique ancestrale du corps à corps. Gr‚ce à vous, Seigneur Mixtli, nous connaissons maintenant la force de l'ennemi. Je vais équiper mes troupes avec des arcs et des flèches et nous nous tiendrons hors de portée de leurs armes de métal. Nous pourrons esquiver le tir de leurs lourdes armes à feu et les arroser de flèches plus rapidement qu'ils ne pourront envoyer leurs projectiles sur nous.
- Il est normal qu'un chef militaire pense à la guerre, remarqua Motecuzoma d'un air indulgent. Mais je ne vois pas la nécessité de se battre. Nous n'aurons qu'à donner l'ordre au Seigneur Patzinca de supprimer toute aide aux Blancs, de ne plus leur fournir ni vivres, ni femmes et vous verrez qu'ils seront vite fatigués de ne manger que du poisson, de ne boire que du jus de noix de coco et d'endurer la canicule de l'été des Terres Chaudes.
- Patzinca semble ne rien vouloir refuser aux Blancs, Seigneur Orateur, intervint le Femme-Serpent. Les Totonaca ont toujours été nos tributaires à
contrecour. Peut-être pensent-ils gagner au change.
- En outre, ces étrangers ont parlé d'un nombre incalculable d'autres Blancs qui vivent dans le pays d'o˘ ils viennent, ajouta l'un des nobles qui m'avaient accompagné. Si nous parvenons à vaincre ceux-ci,
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