Furia Azteca
envoya des messagers pour prévenir son Conseil et d'autres personnes comme moi.
Comme il n'y avait plus un seul page dans le palais, ce fut un de ses jeunes fils qui vint m'avertir. Nous nous attendions tous à recevoir cette convocation, aussi nous nous étions réunis chez Cuitlahuac à qui l'un des Anciens avait
demandé :
" Faut-il obéir à cet ordre ou l'ignorer ?
- Obéir, répondit Cuitlahuac. Cortés croit toujours qu'il nous tient à sa merci parce qu'il tient notre chef complaisant. Ne le détrompons pas.
- Et pourquoi ? demanda le grand prêtre de Huitzi-lopochtli. Nous sommes prêts à attaquer. Cortés ne peut pas entasser toute son armée dans le palais d'Axayacatl et s'y barricader comme l'a fait Alvarado.
- Il n'en a pas besoin, répliqua Cuitlahuac. Si nous donnons l'alarme, il peut faire du Cour du Monde Unique une citadelle aussi inexpugnable que le palais lui-même. Il faut l'endormir encore un moment. Allons au palais comme on nous le demande et comme si les Mexica étaient toujours les jouets dociles de Motecuzoma.
- Cortés pourrait fermer les portes du palais une fois que nous serons dedans et nous garder en otage, fit remarquer le Femme-Serpent.
- J'y ai pensé. Mais tous mes chevaliers et mes qua-chic ont déjà reçu mes ordres ; ils n'ont plus besoin de moi. Ils doivent les exécuter sans se soucier de savoir si nous sommes à l'intérieur du palais. Ceux qui ne veulent pas prendre ce risque peuvent rentrer chez eux. "
…videmment, personne n'abandonna et nous accompagn‚mes tous Cuitlahuac au Cour du Monde Unique en nous frayant à grand-peine un chemin parmi les hommes, les chevaux, les feux de cuisine et les armes entassées. Je fus très étonné de voir, groupés à l'écart des
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Blancs comme s'ils étaient des inférieurs, un contingent d'hommes noirs.
J'en avais entendu parler, mais je n'en avais encore jamais vu. Poussé par la curiosité, je m'écartai un moment de mes compagnons pour aller les examiner de près. Ils portaient les mêmes uniformes que les Espagnols, mais ne leur ressemblaient pas du tout. Ils avaient un nez épaté et des lèvres très épaisses. quand je fus assez près d'eux, je remarquai que l'un de ces Maures avait la figure couverte de vilains boutons et de pustules suppurantes, comme je l'avais constaté très longtemps auparavant sur le visage de Guerrero et je me h‚tai de rejoindre les autres.
Les sentinelles postées à l'entrée du palais d'Axayacatl nous palpèrent pour s'assurer que nous n'avions pas d'armes sur nous. Nous travers‚mes la salle à manger o˘ était amoncelée une montagne de bijoux, d'or et de pierreries qui brillaient d'un riche éclat malgré la pénombre. Des soldats, probablement censés surveiller le trésor, tripotaient les pièces en souriant avec convoitise. Nous mont‚mes dans la salle du trône. Cortés, Alvarado et plusieurs autres Espagnols, dont un borgne qui était Narvaez, nous attendaient. …tant le seul de sa race, en dehors de Malintzin, Motecuzoma avait l'air d'un animal aux abois. Nous nous inclin‚mes tous devant lui et il nous rendit un petit salut distant tout en continuant à
converser avec les Espagnols.
" J'ignore quelles étaient leurs intentions. Je sais seulement qu'ils avaient organisé une cérémonie. Alors j'ai dit à Alvarado que je pensais qu'il serait plus sage de ne pas autoriser un rassemblement si près d'ici et qu'il - vaudrait mieux faire évacuer la place. Vous avez vu de quelle malheureuse façon il l'a fait évacuer, ajouta Motecuzoma avec un soupir tragique.
- Oui ", grommela Cortés. Ses yeux ternes se posèrent froidement sur Alvarado qui se tortillait les mains et semblait avoir passé une fort mauvaise nuit.
" Cette action aurait pu ruiner tous mes... " II toussota et se reprit. "
Vous auriez pu monter le peuple entier contre nous. Ce qui me surprend, Don Montezuma, c'est que cela ne se soit pas produit. C'est étrange. Personne dans cette ville ne semble manifester le moindre ressen-987
timent et je trouve que ce n'est pas normal. Il y a un dicton qui dit : Méfiez-vous de l'eau qui dort.
- C'est parce qu'ils m'en rendent tous responsable, gémit Motecuzoma. Ils croient que j'ai donné l'ordre qu'on massacre mes propres sujets - des femmes et des enfants - et que je me suis servi de vos hommes dans ce but.
" II avait les larmes aux yeux. " Tous mes domestiques m'ont abandonné et pas un seul vendeur de vers de maguey frits ne s'est approché du palais
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