Furia Azteca
jiiabillés de jolis costumes confectionnés par leurs mères.
gjDes fillettes étaient enveloppées de globes de papier peint, très raide, qui représentaient des fruits ; d'autres portaient des jupettes de papier qui faisaient penser à 4es fleurs. Les costumes des garçons étaient encore plus
\ Clinquants ; certains étaient couverts de plumes collées, pfjour faire les oiseaux ; d'autres avaient des ailes transpa-
'*"entes en papier huilé, pour faire les abeilles ou les papillons. Pendant toute la nuit, ces oiseaux et ces insectes se livrèrent à des acrobaties dans les arbres en faisant semblant de " sucer le nectar " des fruits et des fleurs.
Lorsque la nuit fut totale et que toute la population de l'île se fut rassemblée, le chef des prêtres de Tlaloc apparut au sommet de la pyramide.
Il souffla dans une conque, éleva autoritairement les bras et le brouhaha commença à s'apaiser. Il garda les bras en l'air jusqu'à ce que le silence f˚t total. Alors il baissa les bras et à l'instant même, Tlaloc en personne prit la parole dans wn assourdissant grondement de tonnerre - ba-ra-roum !
- qui n'en finissait pas de résonner. Le bruit secoua les branches des arbres, la fumée d'encens, les flammes des feux et l'air de nos poumons. Ce n'était pas Tlaloc, évidemment, mais le puissant tambour-tonnerre jippelé
aussi le " tambour qui déchire le cour ". Les 201
maillets d'oli martelaient fiévreusement la peau de serpent épaisse et tendue. Le son du tambour-tonnerre s'entend à deux longues courses de distance, aussi, vous pouvez imaginer l'effet qu'il peut produire quand on se trouve à côté.
Ce roulement effrayant dura si longtemps qu'on eut l'impression de se désintégrer complètement. Puis, il diminua progressivement en se faisant de plus en plus étouffé, pour se fondre enfin dans la vibration du tambour-dieu dont le murmure accompagnait le prêtre qui psalmodiait les salutations et les incantations habituelles à Tlaloc. Il s'arrêtait de temps en temps pour permettre à la foule de répondre en chour - tout comme vos fidèles répondent " Amen " - par un long ululement de chouette, " Hoo-oo-ooo... ".
A d'autres moments, il faisait une pause pendant que des prêtres subalternes s'avançaient, empêtrés dans leurs robes et qu'ils s'emparaient de petits animaux aquatiques - grenouilles, salamandres axolotl, serpents -
encore tout frétillants, qu'ils avalaient crus.
Le chef des prêtres termina son chant d'ouverture par ces mots vieux comme le monde qu'il hurla de toute sa voix : " Tehuan tiezquiaya in ahuehuetl, in pochotl, TLALOCTZIN ! " - ce qui signifie : " Nous souhaiterions être sous le cyprès, sous l'arbre ceiba. " C'est-à-dire : " nous demandons ta protection et ta souveraineté ". A cette invocation, de tous les coins de la place, des prêtres lancèrent dans les urnes à feu des nuages de fine farine de maÔs qui explosèrent avec des craquements secs et un jaillissement d'étincelles, comme si la foudre était tombée dessus. Et puis, ba-ra-ROUM ! le tambour-tonnerre nous ébranla à nouveau et se mit à
résonner si fort qu'il nous sembla que nos dents allaient tomber. Il se calma une nouvelle fois pour nous laisser entendre une musique jouée sur une fl˚te de terre en forme de patate douce, sur des " gourdes suspendues
", de toutes tailles, dont on pouvait tirer différents sons en les frappant avec des baguettes et sur une fl˚te composée de cinq roseaux d'inégale longueur, attachés côte à côte. Le rythme de cette musique était donné par le " gros os ", une m‚choire de cerf avec ses dents, qu'on grattait avec 202
un roseau. En même temps que la musique, apparurent des danseurs. Des hommes et des femmes disposés en cercles exécutèrent la danse du Roseau.
Des gousses sèches qui chuchotaient et bruissaient en mesure, étaient accrochées à leurs chevilles, leurs poignets et leurs genoux. Les hommes portaient des habits bleu d'eau et "tenaient des roseaux de l'épaisseur d'un poignet et de la longueur d'un bras. Les femmes avaient des jupes et des corsages vert p‚le, comme la couleur des jeunes roseaux /et c'était Tzitzitlini qui menait la ronde.
Les danseurs s'entrecroisaient gracieusement au
.rythme de la musique. Les femmes agitaient les bras en mouvements ondoyants et on aurait cru voir des roseaux onduler dans la brise ; les hommes secouaient leurs joncs
on aurait cru entendre le froissement sec qu'ils font dans le vent. Puis la musique
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