Furia Azteca
rayonnaient comme le soleil, pétait exactement le contraire de ce qu'on souhaitait.
|jj,ussi, comme d'habitude, les prêtres qui portaient la aise durent leur pincer les fesses en cachette. D'abord enfants furent surpris, puis ils se mirent à geindre et ^pleurer et enfin à éclater en sanglots, comme il le fallait. Plus il y avait de hurlements et de larmes, plus il y aurait d'orages et de pluie.
La foule se joignit à ces lamentations, même les hommes faits et les guerriers endurcis, au point que les collines environnantes résonnaient de tous ces sanglots, de ces cris et de ces battements de cour. Tous les tambours et les instruments de musique vinrent s'ajouter au battement du tambour-dieu et aux hurlements de la foule au moment o˘ les prêtres déposèrent la chaise sur un côté du bassin de pierre, au pied de la pyramide. Ce brouhaha était si assourdissant que même le chef des prêtres était incapable d'entendre les paroles qu'il psalmodiait devant les enfants tandis qu'il les élevait tous deux vers le ciel pour que Tlaloc puisse les voir et les agréer.
Deux assistants-prêtres s'approchèrent alors, tenant l'un, un petit pot et l'autre, un pinceau. Le chef des prêtres se pencha vers les enfants, et bien que personne ne p˚t l'entendre, tout le monde savait qu'il leur disait qu'il fallait qu'on leur mette un masque pour que l'eau ne leur rentre pas dans les yeux, pendant qu'ils nageraient dans l'eau sacrée. Ils reniflaient, les joues mouillées de larmes, mais ils ne protestèrent pas quand le prêtre leur
205
enduisit la figure d'oli liquide en ne laissant découverte que leur petite bouche en fleur. On ne voyait plus leur expression lorsque le prêtre se détourna d'eux, pour chanter, toujours inaudible, l'appel final à Tlaloc afin qu'il accepte ce sacrifice et qu'il envoie, en échange, des pluies abondantes.
Les assistants élevèrent une dernière fois la petite fille et le petit garçon, le chef leur passa rapidement une couche du liquide collant sur la bouche et le nez et les assistants laissèrent tomber les enfants dans l'eau froide qui figea instantanément la gomme. Je dois vous dire que cette cérémonie exigeait que les sacrifiés périssent dans l'eau, mais non par l'eau. Par conséquent, on ne les noyait pas et ils mouraient, lentement étouffés, sous leurs épais masques d'oli tandis qu'ils se débattaient désespérément dans le bassin. Ils coulèrent, puis refirent surface ; la foule hurlait à la mort et les tambours ainsi que tous les autres instruments continuaient leur tonitruante cacophonie. Les enfants remuaient de plus en plus faiblement, puis la fillette et ensuite le garçon cessèrent de bouger et on vit leurs corps s'immobiliser un peu en dessous du niveau de l'eau, tandis qu'à la surface leurs ailes blanches flottaient, déployées et immobiles.
Meurtre de sang-froid, Excellence ? Mais voyons, c'étaient des enfants d'esclaves. Ils auraient vécu comme des bêtes et plus tard, ils se seraient peut-être mariés et auraient enfanté d'autres bêtes ; puis ils seraient morts pour rien et auraient passé leur éternité dans le néant et les ténèbres de Mictlan. Au lieu de cela, ils sont morts en l'honneur de Tlaloc et pour le bien de tous ceux qui continuèrent à vivre. Par leur sacrifice, ils ont gagné la vie éternelle dans le paradis luxuriant du Tlalocan.
Superstitions barbares, Excellence ? Cette saison des pluies fut pourtant aussi florissante qu'un Chrétien pourrait le souhaiter et elle nous donna d'abondantes récoltes.
Cruel ? Déchirant ? Oui, bien s˚r... c'est du moins le souvenir que j'en ai, car ce fut le dernier jour de bonheur que nous e˚mes ensemble, Tzitzi et moi.
206
Lorsque l'acali du Prince Saule revint me chercher, il était minuit passé, car on était arrivé dans la saison des grands vents et les rameurs avaient eu une traversée mouvementée. Le retour le fut également, le lac étant agité de vaguelettes que le vent faisait voler en embruns piquants, et nous n'abord‚mes au quai de Texcoco qu'au moment o˘ le soleil était déjà à
moitié couché.
Les b‚timents et les rues de la ville commençaient au jsort, mais ce quartier n'était, en réalité, qu'une annexe de la zone portuaire -
chantiers navals, fabriques de filets, de cordages et de crochets, etc., maisons des mari-
-niers, des pêcheurs et des oiseleurs. Le centre de la ville était situé à
environ une demi-longue course de là. Personne n'étant venu
Weitere Kostenlose Bücher