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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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coup, cheval par-dessus, mais il ne put faire mieux, car au moins sept assaillants s’en prirent à son bouclier, tandis que les autres lui abattaient sa monture. À peine à terre, il voulut, en homme de grande prouesse, se relever et dégainer pour se défendre ; mais les autres se ruèrent sur lui si furieusement qu’il parvint seulement à se mettre à genoux. Et ses adversaires, qui continuaient à le rouer de coups, l’auraient sûrement tué, car ils lui avaient déjà arraché son heaume, si un chevalier aux armes vermeilles n’était survenu juste à ce moment. En apercevant cet homme seul, à pied, au milieu de l’essaim qui s’apprêtait à lui donner le coup de grâce, celui-ci s’élança de toute la vitesse de son cheval en criant aux agresseurs : « Laissez ce chevalier ! »
    Ainsi se rua-t-il au beau milieu de la mêlée et, l’épée brandie, renversa cul par-dessus tête le premier venu. Puis, frappant de droite et de gauche avec adresse, il envoya les uns après les autres mordre la poussière par-dessus la croupe de leurs montures. Et il assenait des coups si rapides que, faute d’oser seulement l’affronter, tous s’égaillèrent éperdument dans l’immense forêt, de sorte que bientôt ne restèrent plus là que trois hommes – celui que Perceval avait renversé, plus deux qui étaient blessés. Or, sitôt qu’il vit dissipé tout danger, le chevalier aux armes vermeilles fit volter vivement son cheval et s’enfonça au plus épais des bois, comme quelqu’un qui refuse d’être suivi.
    Perceval avait eu toutefois le temps de le reconnaître. « Ah ! Galaad ! s’écria-t-il, pour l’amour de Dieu ! ne pars pas avant que j’aie pu te parler ! » Mais le Bon Chevalier affecta de ne pas entendre et poursuivit sa course sans manifester la moindre envie de rebrousser chemin.
    Or, quoiqu’il n’eût plus de cheval, puisque le sien avait été tué au début du combat, Perceval s’entêta à le rejoindre à pied. Il rencontra bientôt un valet qui, monté sur un cheval fort et vite, menait par la bride un grand destrier noir. Que faire ? Le destrier lui eût permis certes de rattraper le Bon Chevalier, mais le valet consentirait-il à le lui donner de plein gré ? Perceval n’avait nullement l’intention de prendre la bête de force et de passer ainsi pour un voleur. Il salua donc le valet : « Bel ami, dit-il, je te demande un service. Prête-moi ce destrier noir jusqu’à ce que j’aie rejoint le chevalier aux armes vermeilles que tu as vu s’enfoncer dans le bois, et je m’engage à être ton chevalier dès que tu m’en prieras. – Je n’en ferai rien, répondit le valet, car ce destrier appartient à un homme qui me honnirait si je ne le lui rendais. – Bel ami, reprit Perceval, pour l’amour de Dieu, fais ce que je te demande. J’aurai grande douleur si je perds la trace de ce chevalier, faute de monture pour le rejoindre ! – Je n’en ferai rien, répéta le valet avec obstination. Qui que tu sois et quoi que tu fasses, ce cheval ne sera pas tien tant que je l’aurai sous ma garde. Tu peux certes me le dérober de force, mais tu ne l’obtiendras pas de, mon plein gré. »
    Perceval fut si affligé qu’il en pensa perdre l’esprit. Il lui répugnait de faire violence au valet, mais il se disait que s’il ne rejoignait pas le Bon Chevalier, il ne connaîtrait jamais plus de joie. Et le dilemme lui mettait tant de rage au cœur qu’il ne put rester plus longtemps debout et tombant au pied d’un arbre, pâle et languissant comme si toute vie s’était retirée de son corps, il tendit son épée au valet : « Tiens, dit-il, puisque tu refuses de me tirer du grand deuil où je ne saurais sombrer sans mourir, tue-moi tout de suite. Ainsi ma douleur prendra-t-elle fin, et si le Bon Chevalier que je cherche apprend que je suis mort de chagrin pour lui, je ne doute pas qu’il ne prie pour le repos de mon âme. – À Dieu ne plaise, protesta le valet, que je te tue ! Je n’ai aucune raison de le faire ! » Et, sans ajouter un mot, il s’en alla à grande allure, et Perceval, fort navré, se retrouva seul.
    Or, quelques instants plus tard, une galopade lui fit tourner la tête, et il eut à peine le temps de voir paraître et disparaître un chevalier armé qui montait – Perceval le reconnut aussitôt – le destrier noir du valet rétif. Et, de dépit, il se reprenait à déplorer sa malchance quand resurgit à franc étrier sur son

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