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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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qui le désarma lui-même. L’un des autres lui apporta un vêtement gris, tel que le porte la brebis, non teint. Perceval le revêtit avec autant d’empressement que de bonne humeur, tandis que ses hôtes dressaient la table, y étendaient une nappe, puis y servaient du pain d’orge et de l’eau. Perceval prit place auprès d’eux et le repas commença, qui, pour n’être composé que de pain et de choux cueillis dans le jardin, suffit amplement à calmer leur faim. Et quand ils furent rassasiés, l’un des moines retira la table, tandis que le vieux prêtre, qui, quoique la nuit tombât, n’avait guère envie, semblait-il, d’aller se coucher, s’asseyait à côté de Perceval et l’interrogeait sur ses origines et ses intentions. « Seigneur, répondit Perceval, je viens de Galles et j’appartiens à la cour du roi Arthur. Je vais en quête d’aventures, encore que celles-ci soient parfois pénibles et sanglantes. J’ai affronté nombre de chevaliers qui m’assaillaient et me provoquaient, et si j’en ai tué beaucoup, j’en ai bien davantage vaincu, que j’ai envoyés se constituer prisonniers à la cour du roi. »
    Le vieux prêtre le regarda d’un air sévère. « Penses-tu de la sorte sauver ton âme ? », demanda-t-il. Perceval se mit à réfléchir. Or, comme en lui-même il ne voulait pas révéler qu’il participait à la quête du saint Graal, il se contenta de répondre : « Seigneur, selon toi, que faut-il faire pour sauver son âme ? – Beau doux ami, dit le prêtre, je ne pense pas que l’on y parvienne en menant la vie que tu as menée jusqu’à présent, si j’en crois du moins ce que tu m’en daignes avouer. Si tu veux ton salut, les allées et venues auxquelles tu t’es livré si longtemps, tu dois y renoncer totalement, car l’orgueil seul te pousse à combattre. En fait, tu escomptes honneur et gloire mais, sache-le, l’honneur et la gloire n’ont guère de valeur lorsqu’au moment de comparaître devant Dieu l’on doit justifier ses actes. Qui consacre sa vie à tuer les autres ne peut espérer son pardon dans l’autre monde, dût-il prétendre avoir combattu pour de justes causes. La vie des humains n’appartient qu’à Dieu, sache-le, et tout ce que l’on peut conter d’autre à ce sujet n’est que prétexte pour légitimer de mauvaises actions. Et souviens-toi, mon ami, de ceci : qui meurt en état de péché ne peut prétendre au bonheur céleste. »
    Les réflexions du prêtre ébranlèrent grandement Perceval. Qu’avait-il fait d’autre, jusqu’à présent, que se battre et tuer ? Et il avait beau se dire qu’honneur et chevalerie l’y avaient incité, il sentait bien que le vieillard avait raison. Toutefois, il savait aussi qu’au cours de la quête qui le menait vers la forteresse du Roi Pêcheur, l’attendaient de nombreux dangers et qu’il lui faudrait se défendre contre tous ceux qui voudraient l’empêcher de découvrir les mystères du Graal et de la Lance qui saigne.
    Quand fut venue l’heure de s’aller coucher, les moines préparèrent un lit pour Perceval, et il était si fatigué qu’il s’endormit aussitôt et ne se réveilla qu’au matin, en entendant sonner la cloche de la chapelle. Il se leva alors, s’habilla et alla rejoindre ses hôtes qui se préparaient pour la messe. Le vieux prêtre célébra l’office et, celui-ci terminé, Perceval se confessa longuement et se vit imposer comme pénitence de veiller à ne plus tuer que pour se défendre. Il en fit la promesse et assura que, dorénavant, il ne céderait plus jamais à sa fureur guerrière. Puis il prit ses armes, remercia ses hôtes et sauta en selle. Au sortir de l’ermitage, il pénétra dans une lande large, vaste, mais déserte, de l’autre côté de laquelle se dressait un bois. Et il se mit à chevaucher lentement, en homme absorbé dans ses pensées {16} .
    En débouchant par la suite dans une vallée, il entendit le bruit d’une troupe en armes et, relevant la tête, aperçut une vingtaine d’hommes qui transportaient dans une bière le corps d’un chevalier tué récemment, semblait-il. Ces gens s’arrêtèrent à la hauteur de Perceval et lui demandèrent qui il était et d’où il venait. Or, comme il répondait appartenir à la maison du roi Arthur, ils s’écrièrent de conserve : « Sus à lui ! Tuons-le ! » Résolu à vendre chèrement sa vie, Perceval fit front et, son premier adversaire, il le jeta à terre d’un seul

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