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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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enfin dans une vallée plus tranquille qui s’ouvrait entre deux montagnes et s’y engagea sans trop savoir où il aboutirait. Là, au pied d’un arbre, il découvrit un chevalier tout armé qui gisait, inerte, avec encore au poing son épée rougie de sang. Il s’arrêta, constata que l’homme était mort depuis longtemps, ne le reconnut pas, et il poursuivit son chemin quand, un peu plus loin, il aperçut un autre chevalier qui, recroquevillé dans l’herbe verte, était mort lui aussi, tout ensanglanté de blessures innombrables. Il ne le reconnut pas plus que le premier et, continuant à longer la rivière, parvint dans une clairière où gisait à terre, entre deux rochers, un troisième chevalier. Girflet s’approcha et se rendit compte que celui-ci respirait encore en dépit des blessures qu’il avait reçues. Il descendit en hâte de son cheval et se pencha sur le blessé : « Qui es-tu ? lui demanda-t-il. Et qui t’a mis dans un tel état ? »
    Le malheureux fit un violent effort pour se dresser mais n’y parvint pas. Il ne put que murmurer : « Chevalier, venge-moi, je te prie, au nom de Dieu tout-puissant. J’ai été assailli par le plus cruel et le plus félon des seigneurs de ce pays. Il a nom Estout de Verfeil. Tout le monde en a peur, et il possède des armes merveilleuses qui ne manquent jamais leur but. Il m’a attaqué au mépris de toute justice, et je ne pourrai mourir que si tu me jures de le combattre et de le mettre à mort. » Touché aux larmes, Girflet lui jura qu’il le vengerait sans tarder. Alors le blessé lui prit la main et mourut après avoir poussé un grand cri. Girflet se redressa, remonta en selle et se prépara à affronter le coupable.
    Il rencontra bientôt des bûcherons et leur demanda s’ils savaient où se tenait Estout de Verfeil. « Seigneur, répondirent-ils, nous le savons, hélas ! Il se terre dans sa forteresse, bien à l’abri derrière ses murailles et, pendant ce temps, ceux qu’il a faits prisonniers travaillent pour lui et le servent aveuglément, car il n’est maître plus cruel ni plus sanguinaire que lui. Passe ton chemin si tu ne veux pas subir le sort de tous les chevaliers qui s’égarent sur ses domaines. – Je vous remercie du conseil, répondit Girflet, mais je vous assure que je me garderai de le suivre. »
    Sans plus attendre, il continua d’avancer. Au sommet d’un col, il aperçut des chevaliers qui, autour d’un grand feu, faisaient rôtir du gibier. Il s’approcha d’eux et leur demanda qui ils étaient. « Hélas ! répondit l’un d’eux, nous sommes les prisonniers du cruel Estout de Verfeil, et nous devons le servir sous peine de perdre la vie. – Mais, dit Girflet, pourquoi ne pas vous défendre ? Vous êtes assez nombreux, ce me semble ! – C’est impossible, reprit l’homme. Estout possède en effet des armes merveilleuses qui le protègent, et son épée ne manque jamais son coup. Il a déjà tué bon nombre d’entre nous, et le même sort te guette si tu restes davantage ici, car il ne va pas tarder à venir prendre son repas. – Je ne m’en irai pas, s’écria Girflet, avant de l’avoir combattu ! » Les prisonniers poussèrent de grandes lamentations et ils eurent beau le conjurer de partir au plus vite, il demeura inébranlable.
    Au bout de quelques instants, Estout de Verfeil survint effectivement, monté sur un grand cheval noir aussi vigoureux que robuste. En voyant Girflet, il le défia, et la lutte commença. Estout se précipita sur lui, la lance en avant, mais le fils de Dôn fit bondir de côté son cheval et esquiva le coup. Furieux, Estout revint à la charge, et sa lance se rompit contre le bouclier de Girflet. Alors, il prit son épée et se prépara à frapper son adversaire de toutes ses forces. Mais Girflet, qui avait encore sa lance, parvint à le culbuter au point de le désarçonner. Estout s’affala dans l’herbe en lâchant son épée. Girflet se précipita alors sur lui et, sans lui laisser le temps de ressaisir son arme, lui pointa l’épée sur le cou. Se voyant perdu, Estout cria grâce d’une voix suppliante. « Je te ferai grâce, répondit Girflet, à deux conditions : d’abord, je veux que tu me donnes et tes armes et ton épée. Ensuite, tu iras remettre tous tes prisonniers entre les mains du roi Arthur, à Kamaalot. » Le vaincu promit de s’exécuter point par point, et Girflet enfila le haubert et le heaume conquis, s’empara de même du

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