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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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bouclier et de l’épée, puis repartit, laissant Estout de Verfeil au milieu des chevaliers qui manifestaient bruyamment leur joie et leur reconnaissance envers leur libérateur.
    Il chevaucha tout le reste de la journée sans même vouloir s’arrêter après le coucher du soleil. La minuit était largement dépassée lorsqu’il aperçut, à la lumière de la lune, une grande montagne d’aspect sinistre qu’escaladait un chemin étroit. Obligé, faute d’autre, d’emprunter ce sentier scabreux, il s’y engageait lentement quand, devant lui, surgit un sergent à pied. L’homme était grand et large, très musclé, leste, fort et bien bâti. Il avait les cheveux tondus et brandissait trois javelots plus affûtés et tranchants qu’un rasoir. Hormis ceux-ci, il n’avait d’autre arme qu’un grand couteau à la ceinture, et un haubert des plus solides lui couvrait le dos.
    « Halte ! chevalier ! cria-t-il. Écoute ce que je vais te dire. » Girflet s’arrêta et dit : « Ami, je t’écoute. Que veux-tu donc ? – Ce n’est pas difficile, répondit l’autre. Laisse ici tes armes et ton cheval, ou bien tu ne pourras pas aller plus loin. – Mais, dit Girflet, de quel droit ? On ne peut donc pas voyager par ici armé et à cheval ? – Si fait, mais dans cette vallée, je dois prélever le prix de ton passage. – Que le diable t’emporte ! s’écria Girflet, et moi par la même occasion, si jamais j’abandonne mon cheval et mes armes avant d’être hors d’état de me défendre ! – Écoute, reprit le sergent, si tu n’y consens de ton plein gré, tu le feras pour ton malheur, car tu verras comment je te les prendrai. Je vous ferai prisonniers, toi et ton cheval. – Vraiment ? Tu oserais me faire prisonnier ? – Telle est bien mon intention, si tu ne m’obéis pas. – Je n’ai nullement l’intention de t’obéir ! – Eh bien ! je te défie ! – À ton aise. Je saurai bien me défendre. »
    Le fils de Dôn fit prendre du recul à son cheval. L’homme balançait cependant l’un de ses javelots à la hauteur de son oreille, prêt à le lancer. Girflet fit bondir de côté sa monture, et le javelot frappa son bouclier avec tant de violence qu’il en fit jaillir feu et flammes, mais sans y pénétrer, et de telle sorte que le fer se sépara de la hampe. Quant au second javelot, il heurta le heaume au point d’étourdir le fils de Dôn, mais il se brisa. Alors, l’homme, fou de colère en voyant que le chevalier n’était pas blessé, saisit son troisième javelot et, se précipitant, le brandit hardiment et le lança. Le trait frôla l’échine de Girflet qui avait juste eu le temps de se baisser, et lui démailla son haubert sur une largeur étonnante. Mais comme il savait que l’autre n’avait plus d’arme de jet, Girflet lui cria : « Maintenant, je vais tirer vengeance de toi à la pointe de ma lance ! »
    Lâchant la bride à son cheval, il abaissa sa lance et bondit sus à l’adversaire. Il pensait ne pouvoir le manquer, mais l’autre se mit à sauter si bien et à faire tant de bonds en tous sens qu’il esquiva la lance et, quand Girflet, emporté par son élan, l’eut dépassé, il se baissa, ramassa devant lui une pierre très dure et la lança avec une telle force que le bouclier de Girflet en fut tout cabossé. Furieux et dépité de n’avoir pas atteint son adversaire, Girflet revint plusieurs fois à la charge, mais l’homme, avec une extraordinaire agilité, se dérobait à chaque fois. De plus, à un moment où Girflet était encore sur le point de le dépasser, il saisit son couteau et, bondissant en croupe : « Ne bouge plus, ou tu es mort ! » cria-t-il en étreignant Girflet à bras-le-corps.
    Dans cette posture, le fils de Dôn ne savait que faire. L’homme l’entourait de ses bras avec une telle énergie qu’il pensait ne plus pouvoir se dégager. « Je t’emmène en un lieu où tu souffriras mille morts, dit l’autre. Jamais prisonnier ne subira peine ni douleurs comparables à celles qui t’attendent. » En lui-même, Girflet préféra mourir tout de suite en tentant de fuir plutôt que de subir le sort qu’on lui promettait. Alors, jetant sa lance au loin, il attrapa par le bras droit l’homme qui le serrait à l’étouffer, le lui tira et le lui tordit si cruellement qu’il lui fit lâcher le couteau. Puis, des deux mains, il saisit le bras gauche, encore valide, et tira dessus avec tant de force qu’il le lui

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