Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
des secousses d’une violence si inouïe qu’il ne fut pas une seule poutre de la maison qui ne tombât sur lui. Brutalement survint une obscurité totale que d’affreux éclairs dissipaient seuls par intermittence. Et la tornade devint si forte qu’elle emportait toutes choses sur son passage, en soulevant des nuées de poussière si denses que Girflet, aveuglé, tomba à même le sol sans plus pouvoir se relever et demeura là, tout moulu, tout meurtri, une bonne partie de la nuit. Puis le calme revint, et le fils de Dôn, reprenant conscience, s’aperçut qu’il ne restait plus la moindre trace de la maison. La femme et les enfants, la jeune fille et le lépreux s’étaient entre-temps réfugiés sous une grande roche escarpée. De là, ils avaient vu, terrifiés, la maison disparaître dans la tempête, et l’on imagine leur joie quand ils retrouvèrent Girflet allongé, certes épuisé, mais tout heureux d’avoir vaincu les sortilèges de ce lieu maudit.
    Après s’être quelque peu réconforté, il prit la parole et leur demanda d’aller tous ensemble à la cour d’Arthur et de conter cette aventure au roi et à la reine. Ils le promirent volontiers et ils s’apprêtaient à partir quand, au moment de monter sur l’un des palefrois que l’on avait trouvés pâturant dans une prairie, la jeune fille prit Girflet à part et lui dit : « Girflet, fils de Dôn, tu m’as sauvée d’un bien grand péril, et je ne l’oublierai jamais. Aussi vais-je m’efforcer de te rendre service. Je sais l’objet de ton errance : tu es parti à la recherche d’un roi blessé qui garde une coupe merveilleuse et une lance qui saigne, mais tu ignores où réside celui qu’on appelle le Roi Pêcheur. Moi aussi, je l’ignore, je te l’avoue, mais je vais te révéler ce que j’en connais. Non loin d’ici, vers le nord, s’étend un vaste domaine qui appartient à une jeune fille et dans lequel retentissent, à certaines heures du jour et de la nuit, de grandes plaintes et de grandes lamentations, comme si tous ses habitants pleuraient la détresse de l’un des leurs. Te dire l’origine de leur tristesse, je ne le puis. Mais je sais encore que bien au-delà, vers le nord, gît dans une forteresse un seigneur blessé, dont les plaies ne sauraient guérir avant que n’advienne un jeune homme qui tirera une vengeance sanglante de l’homme qui a infligé les blessures. Voilà tout ce que je puis te dire. Mais sache que si, un jour, tu as besoin de moi, tu me trouveras toujours prête à t’aider, quelle que soit ta situation. – Je te remercie, jeune fille, répondit Girflet. Je ferai bon usage des révélations que tu as jugé bon de me donner. » Sur ce, ils se recommandèrent mutuellement à Dieu et, tandis que la jeune fille, le lépreux, la femme et les enfants prenaient le chemin de Kamaalot, Girflet remonta en selle et se dirigea vers le nord.
    La nuit le surprit en pleine chevauchée, mais il avait décidé de poursuivre, tant qu’il n’aurait rien appris au sujet du roi blessé. Il continua donc son chemin à travers une grande forêt sombre et épaisse. Peu à peu la fatigue s’empara cependant de lui ; il n’avait bu ni mangé depuis bien longtemps et reçu tant de coups durant ses combats que les forces commençaient à lui manquer. À chaque instant, il se croyait sur le point de tomber de faiblesse, tant il avait de peine à tenir en selle, et il avait tellement sommeil qu’il s’assoupissait sans cesse, laissant son cheval aller à sa seule guise.
    La nuit était douce et claire ; les étoiles étincelaient au firmament quand il approcha d’un verger tout enclos de marbre d’où s’exhalait un parfum aussi entêtant que puissant, aussi suave et agréable que si toutes les senteurs du Paradis s’y étaient rassemblées. Et les frondaisons résonnaient d’harmonieux ramages, car, dès la chute du jour, les oiseaux de tout le pays venaient là se poser et se répondaient mutuellement avec une infinie douceur qui ne s’évaporait qu’à l’aube. Ce lieu merveilleux appartenait à une jeune fille qu’on appelait la belle Brunissen, et dont le manoir avait nom Monbrun.
    Ce manoir, bâti de grandes pierres sombres et carrées, était entouré d’un rempart aux créneaux fort drus dont les tours avaient la même teinte sombre. Au centre, s’en dressait une plus haute que ses compagnes et superbe, puissante, bien d’aplomb. Là résidait Brunissen, entourée de nombreuses

Weitere Kostenlose Bücher