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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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revenaient peu à peu, il avança vers le cadavre et s’assura par lui-même que l’adversaire avait vécu. Alors, il s’assit sur un banc et y demeura un long moment prostré. Sur ce, se souvenant soudain du ravisseur de l’enfant, il le chercha des yeux, mais il eut beau faire, il n’en vit trace, et cela le rendit tout ensemble si triste et furieux qu’il se précipita vers la porte. Elle était ouverte mais, à sa stupeur, il ne put la franchir. « Dieu ! s’écria-t-il, serais-je victime d’un sortilège, que je ne puisse passer ce seuil ? »
    D’accablement, il se prit à se lamenter. Lorsqu’il entendit qu’en deçà d’une autre porte, à l’intérieur de la maison, des enfants criaient : « Seigneur Dieu ! secours-nous ou nous allons périr ! », il ne fit qu’un bond de ce côté-là, découvrit l’huis, le poussa et se retrouva dans une salle longue et large, au fond de laquelle se trouvait une nouvelle porte, verrouillée, elle, depuis l’extérieur. Mais il eut beau marteler le vantail, appeler à grands cris, seul le silence lui répondit. Alors, il frappa, cogna, secoua tant et si bien la porte qu’il finit par l’enfoncer. Il bondit de l’autre côté, l’épée nue, et aperçut le lépreux qui, armé d’un grand coutelas, se tenait au milieu de plusieurs cadavres et s’apprêtait à tuer les autres enfants. Ceux-ci, petits et grands, étaient une trentaine. Et tous pleuraient, tous se lamentaient. Girflet, bouleversé tant par la pitié que par la colère, se précipita sus à l’assassin et lui décocha un tel coup de pied qu’il l’envoya rouler à terre, tremblant de peur et appelant son maître au secours.
    « Par Dieu ! s’écria Girflet, tu peux toujours l’appeler, ignoble lépreux puant ! Ton maître est mort, et bien mort, sache-le ! Quant à toi, tu vas payer très cher les crimes que tu viens de commettre ! » Alors, il le frappa avec tant de rage que, d’un seul coup d’épée, il lui trancha la main. Hurlant de douleur et de terreur, le lépreux se traîna, tout éperdu, aux pieds de Girflet et s’écria : « Pitié, seigneur ! Aussi vrai que Dieu fut mis en croix, ce serait grand péché que de me mettre à mort ! Car c’est contraint et forcé que j’ai dû tuer ces enfants et que je devais infliger le même sort aux autres. Mon maître m’y obligeait, sous peine de perdre moi-même la vie. Je devais recueillir ici même, sans mentir, par la foi que je dois à Dieu, le sang de ces innocents, parce que ce sang devait lui permettre de guérir de son terrible mal ! – Eh bien ! dit Girflet, si tu veux rester en vie, indique-moi ce qu’il faut faire pour sortir d’ici ! – C’est chose très difficile, répondit le lépreux, de plus en plus affolé. Cette maison est sous le coup d’un sortilège que seul mon maître était capable de lever. Ce sortilège est ainsi fait que quiconque pénètre dans cette maison avec des intentions hostiles doit y demeurer prisonnier jusqu’à ce qu’il ait subi les pires tortures. Je sais toutefois un moyen de rompre cet enchantement. Juste au rebord de la fenêtre se trouve une tête en bronze dorée, très dure, de jeune garçon. Prends-la et efforce-toi de la briser : si tu y parviens, le sortilège sera dissipé. Pour ce faire, il faut cependant que tu sois revêtu de tes armes, car tu essuieras des coups formidables. Enfin, cette maison s’effondrera et s’évanouira en même temps que le sortilège. – Me dis-tu la vérité ? s’inquiéta Girflet. – Oui, certes, répondit l’autre. Quelle raison aurais-je de mentir ? Tu me tiens à ta discrétion. – Je préfère quand même prendre mes précautions », rétorqua Girflet. Et, aussitôt, il lui lia solidement les bras et dit à la jeune fille qui l’avait suivi : « Garde-moi bien ce lépreux et, si jamais je succombe, plonge-lui son propre couteau dans le cœur. »
    Il les fit passer tous deux dans la grande salle et, demeuré seul, laça son heaume et s’approcha de la fenêtre. Il y vit effectivement la tête, une tête élégante, belle et bien faite, la saisit et alla s’asseoir sur un banc. Puis, de son épée tranchante, il assena un coup terrible à la tête qui se partagea en deux, rebondit sur le sol en poussant des cris épouvantables. Et Girflet eut l’impression que les éléments déchaînés répondaient à ces cris, car il s’ensuivit force tourbillons de vent, force éclairs, force coups de tonnerre et

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