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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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désireux d’accueillir dignement un chevalier errant. À sa vue, Girflet descendit de cheval et le salua. « Par Dieu, dit le chevalier, voilà bien sept ans que je n’ai vu dans ma demeure un étranger qui me plaise autant que toi. » Et, sans plus tarder, il l’invita à entrer. Girflet fut désarmé et conduit dans la grande salle où étaient déjà dressées les tables du repas. D’une chambre contiguë sortit une belle jeune fille qui apportait un manteau dont Girflet se revêtit, ainsi qu’un coussin de soie finement brodé pour lui servir d’appui. Cela fait, elle s’assit à ses côtés et tous deux parlèrent de choses et d’autres jusqu’au moment où on les invita à se laver les mains et à prendre place à la grande table.
    La jeune fille s’assit en face de Girflet, lui découpa et lui servit une tranche de paon rôti et lui versa une coupe pleine d’un vin délicieux. Quand ils eurent fini de manger et de boire autant qu’il leur plaisait, la jeune fille se retira dans la chambre afin de préparer les lits, tâche dont elle s’acquitta comme d’un plaisir, laissant son père et son hôte à leur conversation. Le chevalier demanda au fils de Dôn d’où il venait, ce qu’il cherchait et où il allait. Girflet lui répondit qu’il était chevalier de la Table Ronde et que, s’étant engagé dans la quête du saint Graal, il était à la recherche du roi blessé qui gardait la coupe d’émeraude d’où émanait une étrange lumière et la Lance dont l’extrémité saignait. « Sais-tu quelque chose à ce sujet ? demanda-t-il enfin. – Oui, certes, répondit le chevalier, mais voici l’heure trop avancée pour que je t’en parle. Demain, si tu le veux, je te conduirai sur le chemin et te dirai ce que j’en sais. Mieux vaut aller nous reposer maintenant. »
    Après qu’il eut fait apporter le vin du soir, chacun se retira pour dormir. Dans sa chambre, Girflet fut honoré à sa convenance et, sitôt couché, il s’endormit paisiblement et, de toute la nuit, n’entendit rien de pénible ou de désagréable. Il s’éveilla avec le jour, s’habilla et se chaussa. Son hôte étant déjà levé, ses fils lui apportèrent de l’eau. « Jeunes gens, s’enquit-il, a-t-on sellé mon cheval ? – Pas encore, répondit l’un d’eux, car tu ne peux partir d’ici sans avoir mangé quelque chose. Pendant ce temps-là, nous ferons équiper ton cheval. » Ils l’emmenèrent alors dans la salle, où la fille du chevalier apporta deux pains sur de belles serviettes, cependant qu’un écuyer présentait deux chapons rôtis et bien apprêtés.
    Quand il eut bu et mangé à sa guise, on lui apporta ses armes et il s’en revêtit. Puis quand, dans la cour, il eut enfourché son cheval, la jeune fille lui apporta son bouclier et sa lance. « Belle amie, lui dit-il, que Dieu m’accorde l’occasion, un jour, de te rendre service, car je le ferai de grand cœur. » Et, là-dessus, il se mit en chemin. Son hôte sortit avec lui de la forteresse, ainsi que ses deux fils sur leurs palefrois, et ils allèrent ainsi, bavardant gaiement, jusqu’à se trouver assez loin du château. Girflet brûlait toujours de s’enquérir sur la clameur qu’on entendait souvent par le pays, car il espérait que le chevalier le renseignerait. Ne lui avait-il pas promis de lui parler du roi blessé ? Aussi imaginait-il que l’autre question ne le fâcherait pas. Il chevaucha un si long moment sans dire un mot qu’à la fin son hôte lui demanda : « Seigneur, tu me parais bien soucieux ! Y a-t-il quelque chose qui t’inquiète ? – Seigneur, répondit Girflet, je te le dirais si j’étais sûr de ne te point déplaire. – Bien loin de me déplaire, cela me ferait plaisir, car tromperie et trahison exceptées, il n’est rien au monde que je ne fasse pour toi, sache-le. – Eh bien, voici, dit Girflet. Par la foi que tu me dois, je souhaiterais que tu m’expliques les raisons de la clameur que l’on entend retentir par tout le pays. Pourquoi tant de douleur ? Pourquoi pareil vacarme ? »
    Le chevalier se retourna brusquement. « Bâtard ! rustre ! impudent ! s’écria-t-il, le visage empourpré de colère. C’est ta mort que tu demandes ainsi ! » Et il marcha sur lui, la main tendue pour saisir les rênes du cheval de Girflet, tandis que ses fils hurlaient : « Tiens-le ! qu’il ne nous échappe pas ! » Girflet esquiva l’attaque en faisant faire un saut de côté à son

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