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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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mais, quand le vacarme eut cessé, tout avait disparu : la tour, ainsi que la femme qui l’avait prié d’amour, ses suivantes, ainsi que les sergents qui le retenaient. Plus rien de ce qu’il avait vu ne subsistait, hormis ses propres armes, son cheval et la masure délabrée où gisait son frère mort.
    Alors, il comprit. Tout cela était un piège de l’Ennemi qui complotait la mort de son corps et la perdition de son âme à seule fin de l’empêcher de mener la quête à son terme. Il remercia Dieu de l’avoir gardé de toute faute et de l’avoir aidé dans cette bataille livrée contre les démons. Puis il entra dans la chapelle où il pensait trouver le corps de Lionel. Elle était vide, et il n’y vit trace ni du tombeau ni d’un quelconque cadavre sanglant. Il en éprouva un intense soulagement, car quelque inquiétude que lui inspirât toujours le sort de son frère, il pouvait néanmoins espérer qu’il vécût encore. « Je n’ai donc, se dit-il, vu qu’un fantôme ? Quant à l’homme qui se disait prêtre, c’était un vulgaire émissaire de l’Ennemi destiné à me fourvoyer ! » Tout cela lui rendit confiance et, remontant sur son cheval, il s’en alla par la forêt à la recherche de Lionel. {30}

7
 
Les Grandes Tribulations
    Toujours aussi désireux de savoir ce qu’il en était du roi blessé qui gardait la coupe d’émeraude et la Lance qui saigne, Girflet, fils de Dôn, poursuivait sa route vers le nord, quand, vers l’heure de midi, il entendit à nouveau s’élever, forte et farouche, la terrible et douloureuse clameur. « Dieu ! s’écria-t-il, que signifie tout cela ? Quelle peut être la cause de ces cris horribles ? Ne trouverai-je personne qui me l’explique sans se mettre en colère ou trépigner de rage ? »
    Malgré la chaleur qui commençait à s’appesantir, il chemina jusqu’au soir. Il aperçut alors deux jeunes gens qui, montés sur de beaux chevaux, chassaient à l’épervier, accompagnés de chiens et de lévriers. Et eux, dès qu’ils l’eurent remarqué à leur tour, allèrent vers lui et lui souhaitèrent la bienvenue. « Seigneur, ajoutèrent-ils, il est l’heure que tu trouves un gîte. Reste avec nous, nous t’hébergerons volontiers. – Je vous remercie, répondit Girflet, mais je dois aller plus avant. – Mais, objecta l’un des jeunes gens, tu ne trouveras aucune ville, aucune forteresse, aucun ermitage sur ta route avant demain matin. Accompagne-nous, notre père t’accueillera avec grande courtoisie. – Fort bien, répondit Girflet, j’accepterai donc votre offre. »
    Or, tandis qu’ils chevauchaient paisiblement côte à côte, la clameur retentit à nouveau, qui ébranla tout le pays, si forte et farouche que les deux jeunes gens se mirent à crier et à se lamenter comme des enragés ou des insensés. « Par Dieu tout-puissant ! s’écria Girflet, quelle peut bien être cette clameur ? Pourquoi crier et pleurer de la sorte ? De quel chagrin êtes-vous accablés ? » Il n’avait pas fini de prononcer ces paroles qu’ils se précipitèrent sur lui : « Traître ! s’écrièrent-ils, les mots qui sont sortis de ta bouche ne te porteront pas bonheur ! » Et ils se mirent à le frapper, l’un avec l’épervier, l’autre avec un lévrier qu’il avait attrapé par les pattes. Girflet fit faire un bond à son cheval et s’éloigna d’eux le plus vite possible, mais ils le poursuivirent avec des cris et des menaces. « Rustre ! hurlaient-ils, tu ne nous échapperas pas ! » Là-dessus, le tumulte cessa brusquement et, sur-le-champ, les jeunes gens redevinrent paisibles et souriants. Ils rappelèrent Girflet aimablement en le priant à nouveau d’accepter leur hospitalité. Tenaillé par l’impérieux désir d’en savoir davantage au sujet de la clameur, le fils de Dôn acquiesça, tandis que ses compagnons lui recommandaient de ne jamais, sous peine d’être maltraité, poser de question à propos de ce qu’il venait d’entendre.
    Tout en devisant agréablement, ils arrivèrent bientôt devant une belle forteresse aux murs épais, altiers et bien fortifiés qu’entouraient de profonds fossés pleins d’eau et munis d’un vaste vivier. Sur le pont se tenait un chevalier qui se faisait chanter par un barde le lai des Deux Amants {31} . C’était le père des deux jeunes gens. En les voyant accompagnés par le fils de Dôn, il vint à leur rencontre de l’air joyeux que montre tout seigneur

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