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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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cheval et, piquant des deux, s’éloigna au triple galop. « Tu ne t’en tireras pas si facilement ! » hurla encore le chevalier en se lançant à sa poursuite. Mais, tout en galopant, il s’arrachait les cheveux et se griffait le visage. Puis, après s’être bien tourmenté, frappé, battu, meurtri de la sorte, il renonça à ces manifestations de douleur en voyant qu’elles étaient vaines et qu’il ne rattraperait jamais Girflet. Il s’arrêta net et s’écria : « Seigneur chevalier ! reviens vers moi et n’aie plus peur ! Ma colère, mon irritation et ma douleur sont passées !
    — Tu te donnes du mal pour rien ! répliqua le fils de Dôn. Ne m’approche plus, et si tu as quelque chose à me dire, fais-le de façon que je puisse t’entendre d’ici ! – Seigneur Girflet, dit le chevalier, je te prie de revenir à moi. Je te dévoilerai ce mystère et te fournirai tous les renseignements que tu désires. Ne crains rien, désormais, je te le jure sur ma foi et t’en donne loyalement ma parole. Tu n’as plus rien à redouter. – Fort bien, dit Girflet, je reviendrai donc vers toi, puisque tu as promis de me procurer les éclaircissements que je demandais. »
    Il retourna donc auprès du chevalier. « Ne m’en veuille pas de ce que je t’ai fait, dit celui-ci, car, sur ma foi, il m’est si douloureux, si insupportable, si cruel d’entendre quelqu’un parler de cette aventure que, fût-il mon fils ou mon frère, je me réjouirais de le voir pendu. Voilà pourquoi tu m’as vu en si grande colère. Je t’en prie, ne sois plus irrité contre moi, ni contre mes fils. – Eh bien, insista Girflet, qu’en est-il de cette clameur ? – Seigneur, répondit le chevalier, sur ce point je ne puis répondre, car je n’en ai pas le droit. Mais tu m’as demandé des informations au sujet du roi blessé qui garde la coupe et la Lance. De cela, je puis te parler sans crainte, car je n’ai aucune raison de te cacher la vérité à ce sujet. – Bien, dit Girflet, je ne t’interrogerai plus sur la clameur. Ce point-là n’est pas essentiel pour moi. Quant au reste, indique-moi où je dois aller pour retrouver le roi blessé.
    — Seigneur, je vais te le dire. Tu suivras toute la journée le chemin qui est devant nous. Tu n’y rencontreras âme qui vive, ni ville, ni cité, ni forteresse ; tu n’y auras ni pain, ni vin, et, l’heure venue de chercher un gîte, tu n’auras pour te reposer que l’herbe des prairies. Mais demain, avant midi, tu parviendras dans une plaine que domine une montagne escarpée. Au pied de cette montagne, tu découvriras une belle forteresse, élégante et bien bâtie, devant laquelle tu verras dressés des tentes, des cabanes, des pavillons et tu apercevras une multitude de chevaliers et de barons de haute condition. Il te faudra passer au milieu d’eux mais, je t’en conjure, n’adresse la parole à personne, tu entends ? personne. Quand tu les auras tous dépassés, entre tout de suite dans la forteresse et ne t’arrête pas que tu n’aies atteint la maison principale. Là, descends de cheval et, laissant sans crainte ton bouclier et ta lance contre le mur, pénètre dans la salle.
    « Une fois à l’intérieur, tu verras l’affligeant spectacle d’un noble vieillard blessé gisant dans un lit, et, assise à ses pieds, une femme jeune et très belle qui sera triste, dolente et tout en larmes. Au chevet du malade se trouvera une autre femme, âgée celle-là. Toutes deux prennent soin de lui. Adresse-toi sans crainte à la seconde, tire-la à part et dis-lui qu’Augier d’Essart – tel est mon nom – t’envoie vers elle pour qu’elle te révèle toute la vérité sur la clameur. Car cette clameur résulte de la blessure du vieillard. Alors, quand tu sauras la vérité à ce sujet, il ne te restera plus qu’à agir selon ta volonté.
    — Seigneur, dit le fils de Dôn, tu m’as marqué beaucoup d’amitié et fort honoré en me donnant ces informations. Si jamais je pouvais te témoigner ma gratitude, je le ferais volontiers, crois-le, pour l’amour de Dieu. As-tu quelque chose d’autre à me dire ? – Simplement ceci : si Dieu permet que tu réchappes de cette entreprise, je te prie de revenir loger chez moi. Ne me le refuse pas. – Non seulement j’accepte, répondit Girflet, mais je te promets de le faire si seulement Dieu veut bien me protéger du malheur et me guider dans ma quête. » Et, là-dessus, le fils de Dôn, après

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