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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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pussent savoir qu’il s’en allait à pareille heure, chercha une issue dans le mur de clôture, y trouva une brèche et la franchit au triple galop. De sorte que personne dans le monastère ne s’aperçut de son départ au plus profond de la nuit.
    Comme il atteignait la rivière alors que le jour commençait à peine à poindre, il aperçut, contre la rive, une nef entièrement tendue de soie blanche. Sans plus réfléchir, il y monta, en se recommandant à Dieu et, aussitôt, le vent, frappant la voile, entraîna la nef à si vive allure qu’elle semblait voler par-dessus les flots. Bohort s’aperçut alors que, dans sa hâte, il avait omis d’embarquer son cheval. Il en fut désolé mais eut tôt fait de se résigner, car il ne pouvait se trouver par hasard à bord de l’esquif qui voguait au gré du vent et des courants sans qu’aucun pilote le dirigeât. Abasourdi par toutes ses tribulations antérieures, il regardait défiler sous ses yeux les rives où ne se voyaient d’ailleurs rien d’autre que des arbres et des prairies verdoyantes.
    Cependant, il sentit que la nef ralentissait sa course et aperçut une petite île couverte d’arbres et de gros rochers qui se dressait au milieu de la rivière. La nef en frôlait le rivage, et sur ce rivage se tenait un homme qui agitait les bras comme pour réclamer du secours. Et lorsque la nef en fut toute proche, Bohort reconnut Perceval {33} .

8
 
La Nef merveilleuse
    Gauvain, le fils du roi Loth d’Orcanie, et Hector des Mares erraient déjà depuis longtemps à travers des landes désertes, le cœur aussi lourd et désespéré par la mort d’Yvain l’Avoutre que par leur impuissance à obtenir des nouvelles des chevaliers qu’ils recherchaient, quand, sur le soir, ils arrivèrent près d’un beau château aux murs parés de divers marbres de couleur agréablement agencés. La porte en étant ouverte, ils pénétrèrent dans la cour. La porte se referma alors brutalement derrière eux sans qu’ils pussent voir qui l’avait manœuvrée. « Qu’est-ce donc que cela ? s’écria Gauvain. Sommes-nous victimes d’un sortilège ? »
    Tous deux mirent pied à terre et, l’épée à la main, explorèrent la cour qui s’étendait devant eux sans y voir personne, puis se risquèrent dans un superbe édifice. À l’intérieur, ils remarquèrent quatre colonnettes de cuivre très ouvragées sur lesquelles reposait une table d’airain finement travaillée. Dessus se voyait un marteau d’acier aux rebords dorés.
    « Y a-t-il quelqu’un ? » cria Gauvain. Mais aucune voix ne lui répondit. « Par ma foi, dit Hector, il faudra bien que quelqu’un se manifeste. Je suis sûr qu’on nous observe. » Il prit le marteau et en frappa la table d’airain qui résonna si fort que tout le bâtiment en trembla, des fondations jusqu’à la toiture. Alors apparut une belle jeune fille qui s’écria : « Chevaliers ! ne frappez plus cette table, ou vous ferez tout s’écrouler. Cela dit, soyez les bienvenus dans notre manoir, nous allons vous servir et vous permettre de vous reposer cette nuit. » À peine avait-elle parlé qu’une multitude de jeunes filles, toutes plus belles les unes que les autres et vêtues somptueusement de riches robes de soie de toutes les couleurs, firent leur entrée dans la salle. Elles désarmèrent Hector et Gauvain, leur firent revêtir de beaux manteaux bordés d’hermine, puis apportèrent breuvages et mets qu’elles disposèrent sur la table.
    Alors, au fond de la salle, une porte s’ouvrit, et une femme très belle, drapée dans un manteau de soie rouge bordé de fils d’or, fit son entrée, flanquée de deux jeunes filles habillées de blanc. Elle aborda les chevaliers, les salua, et ils répondirent avec d’autant plus de courtoisie qu’ils étaient davantage impressionnés par sa beauté. Après qu’elle les eut fait asseoir à ses côtés, les jeunes filles commencèrent le service. « Seigneur, dit celle qui paraissait la maîtresse des lieux, d’où venez-vous et que cherchez-vous ? » Ce fut Gauvain qui répondit : « Dame, nous sommes de la maison du roi Arthur. Nous nous sommes engagés dans une longue quête pour retrouver le roi blessé qui garde la coupe merveilleuse et la Lance qui saigne. Mais nous nous égarons si souvent que nous voudrions fort retrouver certains de nos compagnons. – Vous ne le ferez sûrement pas dans ces parages, répondit la dame. Nous vivons à l’écart du monde

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