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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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en cette demeure où j’ai choisi d’avoir pour seule compagnie les jeunes filles que vous voyez. Aussi nous arrive-t-il très rarement d’y accueillir des chevaliers. »
    Gauvain lui demanda alors si elle savait quelque chose à propos de Lancelot du Lac, de Perceval le Gallois, de Bohort de Gaunes et du Bon Chevalier qui portait des armes vermeilles. « J’en ignore tout, répondit-elle. Il ne reste plus qu’un seul chevalier dans ce pays, car il a chassé ou tué tous les autres. Il s’est installé dans une île depuis un an, et l’on voit souvent son navire errer sur la mer. Mais nul ne connaît son nom, nul ne connaît ses intentions. » Gauvain n’insista pas et continua à manger en parlant de choses et d’autres. Quand le repas fut terminé, la dame emmena ses hôtes un instant prendre l’air près de la fenêtre, d’où l’on voyait de grandes landes et, beaucoup plus loin, le rivage de la mer. Et, une fois venue l’heure d’aller se coucher, on emmena Gauvain et Hector dans une belle chambre richement décorée où se dressaient deux lits recouverts de blanches fourrures. Les deux chevaliers étaient si las qu’ils s’y allongèrent et s’endormirent immédiatement.
     
    C’est le soleil qui les réveilla. Or, se mettant sur leur séant, ils se virent avec stupéfaction installés sous un grand arbre feuillu, au milieu d’une vaste prairie qu’émaillaient des fleurs innombrables et multicolores. Leurs armes se trouvaient bien rangées près d’eux et leurs chevaux, tout sellés et harnachés, broutaient tranquillement l’herbe fraîche. « Quel est ce prodige ? s’écria Hector. N’étions-nous pas couchés dans les bons lits d’un manoir magnifique où vivaient des femmes belles à ravir ? – Si fait, répondit Gauvain, mais j’ai surtout l’impression que nous avons rêvé. Nous étions si fatigués, hier soir, que nous avons dû nous arrêter ici et nous endormir sans trop savoir où nous nous trouvions. » {34}
    Ils se remirent en selle et allaient en direction du rivage lorsqu’ils aperçurent un chevalier qui galopait à si vive allure qu’on l’eût dit poursuivi par des assassins. Quand il fut à portée de voix, Hector lui cria : « Seigneur ! que t’arrive-t-il ? Pourquoi vas-tu comme le vent ? » Le chevalier brisa net l’élan de son cheval. « Seigneur, répondit-il, je fuis devant un chevalier qui tue tous ceux qu’il rencontre. – Qui est donc ce chevalier ? – Je l’ignore. Je sais seulement qu’il habite une île. » Gauvain et Hector se regardèrent : la mystérieuse et belle dame qu’ils avaient cru voir le soir précédent ne leur avait-elle pas parlé d’un chevalier qui avait chassé ou tué tous les autres et vivait à présent dans une île ? Gauvain posa encore au chevalier quelques questions à propos de ceux qu’ils recherchaient en vain, mais l’autre fut incapable de lui fournir la moindre réponse, et ils allaient se séparer quand Gauvain lui dit : « Il me semble, seigneur, t’avoir déjà vu quelque part. – C’est exact, seigneur, je suis le Chevalier Couard que tu rencontras dans la forêt lors de ta victoire sur le chevalier au bouclier mi-parti blanc mi-parti noir. Je suis le vassal de la Demoiselle au Char {35} . Mais, pour l’amour de Dieu, ne me retardez pas, car le chevalier que vous allez rencontrer de ce côté-là a un regard si féroce que je me croyais déjà mort ! » Gauvain se mit à rire. « Par Dieu tout-puissant ! s’exclama-t-il, du moins n’as-tu rien à craindre de notre part, et je puis t’affirmer que j’aime beaucoup ta Demoiselle. Je serais bien heureux de la revoir un jour. – Qui sait répondit le Chevalier Couard. Ah ! comme j’aimerais que tous les autres chevaliers fussent dans les mêmes dispositions que vous, seigneurs ! Mais, hélas, je n’ai peur de personne autant que de moi-même. » Et, là-dessus, il piqua des deux et repartit au grand galop.
    Les deux compagnons reprirent leur chemin vers la mer et allaient l’atteindre quand ils virent un chevalier armé qui, monté sur un grand destrier, arborait à son col un bouclier doré happé d’une croix verte. « Par Dieu, dit Gauvain à Hector, voici le fameux chevalier dont on nous a parlé. Peut-être sait-il quelque chose sur ce que nous cherchons. » Ils se dirigèrent vers lui à vive allure et le saluèrent aimablement. Le chevalier leur rendit leur salut. « Seigneur, dit Gauvain, pourrais-tu me

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