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Game Over - L’histoire d’Éric Gagné

Game Over - L’histoire d’Éric Gagné

Titel: Game Over - L’histoire d’Éric Gagné Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Martin Leclerc
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à l’une des plus belles traditions du baseball majeur: il m’a emmené magasiner!
    Quand un jeune arrive au sein d’une équipe du baseball majeur, il est de mise que les vétérans s’occupent de lui, notamment en lui offrant de beaux habits tout neufs. En principe, les jeunes joueurs ne doivent jamais sortir leur portefeuille lorsqu’ils accompagnent des vétérans.
    Ã€ l’époque, les Dodgers obligeaient les joueurs à porter un pantalon chic et un veston pour se rendre au stade. Quand les Dodgers m’avaient rappelé du niveau AA, j’avais fait le trajet San Antonio-Chicago avec un complet noir, qui était d’ailleurs le seul que je possédais. L’invitation de Mondesi arrivait donc à point nommé.
    Nous sommes entrés dans une boutique et Raul m’a lancé:
    â€” Prends ce que tu veux!
    Il m’a acheté un complet, quatre ou cinq chandails et quelques pantalons. La facture s’élevait à 3 000 $. Cet argent représentait un mois et demi de salaire dans les ligues mineures. Je n’en revenais pas qu’un joueur que je ne connaissais pas 24 heures plus tôt puisse se montrer aussi généreux envers le nouveau coéquipier que j’étais. En plus, Mondesi semblait vraiment content de me prendre sous son aile et de me m’accueillir à la manière des vétérans de la Major League Baseball.
    Tant qu’à être sur place, Mondesi a ensuite décidé d’ajouter quelques vêtements à sa garde-robe. En 45 minutes, il a dépensé quelque chose comme 50 000 $.
    Mon père était chauffeur d’autobus à la Ville de Montréal et ma mère était serveuse dans un restaurant. J’avais peine à croire à ce qui se déroulait sous mes yeux. Je n’avais jamais vu quelqu’un dépenser autant d’argent en si peu de temps, pour acheter quoi que ce soit. Encore plus que ma première visite au Wrigley Field la veille, ces emplettes m’ont fait réaliser que je venais vraiment d’accéder aux grandes ligues.
    Le lendemain, le dimanche 5 septembre, nous avons balayé notre série face aux Cubs en les battant au compte de 4 à 1. Nous nous sommes ensuite rendus à l’aéroport, où l’avion de l’équipe nous attendait.
    C’était mon premier vol avec une équipe des ligues majeures.Je croyais que nous allions monter à bord d’un vol commercial en compagnie d’autres passagers qui souhaitaient aussi se rendre en Floride. Je ne savais pas que les Dodgers utilisaient un appareil privé.
    L’avion était énorme. De mémoire, c’était un Boeing 757. On y retrouvait de larges fauteuils confortables et les joueurs étaient libres de s’asseoir où bon leur semblait. On y servait des repas cinq étoiles, de bons vins, de la bière et même du champagne.
    J’étais assis à ma place, ébahi, et je m’amusais à comparer la rou-tine de voyage des joueurs des Dodgers avec celle que nous avions à San Antonio dans les rangs AA. C’était totalement un autre monde.
    Un représentant de l’équipe s’est alors approché de mon siège, et il m’a remis une enveloppe qui contenait mon per diem pour les quatre derniers jours du voyage. J’ai rapidement compté les quelque 300 $ que contenait l’enveloppe et je me suis soudainement senti riche! Dans les ligues mineures, nous avions droit à une allocation quotidienne de 16 $ pour nos repas quand l’équipe était à l’étranger.
    Je me disais que durant ce voyage, j’allais pouvoir me permettre de manger ailleurs que chez McDonald’s ou à la Waffle House.
    Les vols nolisés des Dodgers étaient vraiment très confortables. Et les joueurs s’arrangeaient pour y passer du bon temps. J’ai vite réalisé que les enveloppes de per diem qu’on remettait aux joueurs contenaient des montants ridicules par rapport aux sommes misées durant les parties de cartes à bord de l’avion.
    Les joueurs avaient l’habitude de jouer quelques parties de cartes après la plupart des matchs de l’équipe. Toutefois, les plus grosses parties étaient toujours disputées entre ciel et terre, loin à l’arrière de l’appareil.
    Les joueurs de cartes étaient faciles à reconnaître.

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