Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
jeune recrue a imprégné une image favorable dans lâesprit des dirigeants des Dodgers.
Dans les premières rangées des gradins du Pro Player Stadium, tout près de lâabri des Dodgers, Claude Pelletier était assis aux côtés de Camilo Pascual, un ancien lanceur des ligues majeures qui agissait depuis plusieurs années à titre de recruteur international au sein de lâorganisation. En matière dâévaluation de jeunes lanceurs, Pascual était reconnu pour avoir un jugement très sûr.
Natif de Cuba, Pascual avait quitté La Havane avant dâatteindre lââge de la majorité dans lâespoir dâatteindre un jour les ligues majeures. Il a finalement réalisé son rêve en y disputant 18 saisons (1954-1971), au cours desquelles il a remporté 174 victoires et retiré près de 2 200 frappeurs sur des prises. Il a participé à cinq matchs des étoiles et le légendaire Ted Williams disait de lui que sa balle courbe était la plus crainte de toute la Ligue américaine.
Après sa carrière de joueur, Pascual a agi à titre dâentraîneur des lanceurs chez les Twins du Minnesota sous la gouverne de Gene Mauch. Il a ensuite fait sa niche dans le domaine du recrutement en dénichant plusieurs grands talents en Amérique latine.
Après quelques manches, Pascual sâest tourné vers Claude Pelletier.
â Claude, I tell you, this kid is gonna be somebody!
Claude et moi nâoublierons jamais cette première soirée passée au sein du Show . Chacun de notre côté, avec des perspectives différentes, nous pourrions presque la raconter lancer par lancer.
Après ce premier départ, Davey Johnson mâa confié la balle quatre autres fois. Et je suis parvenu à terminer la saison assez solidement, en compilant une fiche de 1-1 et une moyenne de points mérités de 2,10 en 30 manches de travail.
Cette «carte de visite» mâa permis de jouir dâun préjugé nettement favorable au sein de lâorganisation lors des saisons suivantes. Mais, paradoxalement, ces succès hâtifs mâont aussi nui, parce quâils ont camouflé toutes les embûches et tous les problèmes dâadaptation que jâétais susceptible de rencontrer en cours de route.
Cette fin de saison passée avec les Dodgers nous a aussi permis, à Val et à moi, de nous familiariser un peu avec Los Angeles.
Durant le dernier mois du calendrier nous avons séjourné au Hyatt, au centre-ville. Le soir, ce quartier nâétait toutefois pas reconnu pour être très sécuritaire. On nous avait même conseillé de ne pas trop nous y aventurer après 17 h.
Après les matchs, Valérie et moi avions donc pris lâhabitude de manger au petit resto-bar de lâhôtel. Il y avait toujours un pianiste pour y mettre de lâambiance et la nourriture y était tout à fait correcte. Nous y passions donc pas mal de temps.
Curieusement, nous ne recevions jamais dâaddition à cet endroit. Chaque fois que nous demandions à la serveuse de nous remettre la note, sa réponse était la même:
â Quelquâun sâoccupe de ça.
Chaque soir, Valérie et moi tentions de connaître lâidentité du mystérieux individu qui nous offrait nos repas. Avant de quitter notre table, nous parcourions le restaurant du regard dans lâespoir dây repérer un visage familier. Mais sans résultat.
Quand la saison a pris fin, alors que nous étions sur le point de rentrer au Québec, je me suis montré un peu plus insistant et jâai mentionné à la serveuse quâil nâétait pas question de quitter lâhôtel sans connaître le nom de notre mystérieux bienfaiteur.
â Câest monsieur Mills qui mâa demandé de lui remettre toutes vos additions, avait-elle fini par lâcher.
Alan Mills était un droitier efficace qui faisait partie de lâenclos des releveurs des Dodgers. Il était sur le point de célébrer son 33 e anniversaire et il venait de compléter sa 10 e saison dans le baseball majeur.
Alan vivait à environ 45 minutes du Dodger Stadium et après les matchs, avant de rentrer à la maison, il avait pris lâhabitude de sâarrêter au Hyatt pour casser la croûte et boire une bière. Il était certainement fort discret parce
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