Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
fille qui était aussi rebelle que moi et qui avait des démêlés assez sérieux avec la direction de lâécole. Et comme câétait lâABC qui défrayait désormais le loyer de lâappartement où jâhabitais, Richard recevait parfois des coups de fil du propriétaire.
â Ãcoutez, monsieur Ãmond. Je nâai rien contre le fait que les jeunes puissent faire un party de temps en temps. Mais là , câest rendu quâils en font tous les joursâ¦
Quand le propriétaire lâappelait pour se plaindre, Richard nous visitait à lâimproviste quelques jours plus tard dans lâespoir de nous prendre sur le fait. Mais le hasard faisait en sorte quâil nây avait jamais rien à signaler lorsquâil se pointait. Ou si peuâ¦
â Les gars, faites le ménage de votre appartement! Tout est en désordre ici! Soyez plus disciplinés que ça! nous commandait-il.
Par contre, quand jâétais à lâentraînement au centre Claude-Robillard, aucun entraîneur ne ressentait le besoin de me rappeler à lâordre. Jâétais à mon affaire et je fournissais lâeffort demandé. Même chose lorsque nous disputions des matchs. Sur ce point, il nây a jamais eu de désaccords ou de frictions entre Richard Ãmond et moi.
Mais dès que je franchissais la porte du complexe sportif, son cÅur de vieux garçon strict et discipliné se remettait à saigner. Allais-je me présenter à lâécole à temps pour le début de mes cours le lendemain matin? Allais-je sortir dans la soirée? Et qui allais-je fréquenter à cette occasion? Tout ça lâhorripilait.
à ses yeux, je nâétais pas un bum en perdition mais plutôt un ti-cul de 17 ans qui se payait du bon temps loin du domicile familial. Dans lâordre, mes priorités étaient le baseball, le plaisir et lâécole. Et pour lui, cette attitude me faisait perdre de la valeur à titre de membre de lâABC. Il me percevait bien plus comme un gars qui allait un jour finir dans une ligue de balle-molle que comme un futur professionnel du baseball.
Richard, Alex et Mike avaient plus de 30 joueurs à superviser cinq jours par semaine à lâentraînement. Et lâentraîneur en chef nâavait tout simplement pas le temps ou les ressources nécessaires pour nous encadrer davantage lorsque nous retournions chez nous.
Avec le temps, une relation de confiance sâest toutefois établie entre Alex Agostino et moi. Alex mâécoutait parler de ma vie et de mes difficultés sans broncher. Il me voyait travailler à lâentraînement et compétitionner durant les matchs. Il savait que mes problèmes se situaient à lâextérieur du terrain.
Alex savait que ma situation familiale nâétait pas au beau fixe et il comprenait ma colère. Toutefois, câétait ma relation avec ma copine du moment, Karine, qui lâinquiétait le plus. Il estimait quâil sâagissait dâune relation malsaine.
Karine était une fille fantastique. Mais quelque temps après le début de notre relation, il sâest avéré quâelle était bipolaire. Son père souffrait aussi de cette maladie. Une fois, alors quâil faisait une rechute, son père avait tenté de mettre le feu à un édifice à appartements quâil possédait.
Quand elle faisait des crises, Karine atteignait des extrêmes aussi inquiétants. Sinon davantage. Quand ça survenait, je ne comprenais pas ce qui se passait. Elle perdait complètement les pédales. Elle avait attenté à ses jours à plusieurs reprises et elle menaçait de le refaire à nouveau si je la quittais.
Jâavais peur. Je voulais mettre fin à cette relation mais je ne mâen sentais pas capable. Jâavais peur quâelle passe effectivement à lâacte et jâéprouvais un énorme sentiment de culpabilité. à lââge que jâavais, ce nâétait pas le genre de situation à laquelle jâétais préparé à faire face.
Au mois de mars 1994, dans les jours qui ont précédé le départ de lâABC pour la Floride, un incident impliquant Karine est survenu. Avec deux de ses copines, ma blonde a alors été surprise par la direction de lâécole en possession dâune petite
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