Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
Boisjoly.
La question était un peu embarrassante. Avant dây répondre, jâai un peu baissé la tête.
â Pas grand-choseâ¦
â Sais-tu quoi, Ãric? Je vais téléphoner à lâentraîneur de Seminole pour voir sâil nâaurait pas besoin dâun lanceur. Ãa ne coûte rien dâessayer. Sâil a une place pour toi, ce sera tant mieux. Sinon, nous aurons au moins tenté quelque chose.
Ãric Boisjoly avait un léger sourire aux lèvres en écoutant son père lancer cette idée. La perspective de pouvoir côtoyer un autre Québécois à Seminole semblait le réconforter.
Je trouvais Pierre Boisjoly extrêmement gentil dâavoir proposé son aide pour me tirer dâimpasse. Mais je ne savais pas trop sâil fallait espérer quelque chose de cette initiative. La conversation a pris fin là -dessus et nous nous sommes quittés. Le Championnat canadien a suivi son cours, et nous nous sommes inclinés en grande finale contre la Saskatchewan, dans un match complètement fou.
Immédiatement après la finale, les dirigeants de Baseball-Canada ont dévoilé le nom des joueurs invités à représenter le Canada au Championnat mondial junior. Le tournoi allait avoir lieu à Brandon, au Manitoba.
Jâai décroché un poste au sein de lâéquipe nationale. Ãric Boisjoly aussi. Nos sélections ne faisaient aucun doute, disait-on. Par contre, je trouvais tout à fait illogique dâêtre suffisamment bon pour jouer au sein de lâéquipe canadienne, mais de ne pouvoir rester au sein du programme de lâABC à Montréal.
Après le Championnat canadien, dès notre retour au Québec, monsieur Boisjoly a tenu promesse en appelant Lloyd Simmons, lâentraîneur en chef du programme de baseball de Seminole.
â Un coéquipier de mon fils au sein de lâéquipe du Québec, câest un très bon lanceur, se cherche un endroit pour jouer. Est-ce que tu aurais une place pour lui? avait-il demandé.
â On a toujours besoin de bons lanceurs! avait rétorqué Simmons. Emmène-le! On va lui faire une place.
De part et dâautre, il fallait faire confiance au destin. Même si jâavais été repêché quelques semaines auparavant et que je faisais partie des équipes québécoise et canadienne, Lloyd Simmons mâoffrait une bourse dâétudes alors quâil ne mâavait jamais vu jouer! Il avait bien sûr fait quelques appels pour se renseigner à mon sujet. Mais nâempêche, il faut drôlement faire confiance à ses interlocuteurs pour recruter un joueur sans avoir eu lâoccasion de le voir à lâÅuvre une seule foisâ¦
De mon côté, câétait un peu la même chose. Je nâavais aucune idée de lâendroit où se situait le collège Seminole ou lâOklahoma. Je ne savais rien de la qualité du programme sportif ou académique. Par contre, je savais que je voulais jouer au baseball!
Je voulais tellement jouer, que des «détails» comme le fait de mâinscrire â moi, un élève moyen et peu porté sur la chose académique â dans un collège américain et de devoir étudier dans une langue qui mâétait presque complètement étrangère, me semblaient tout à fait mineurs!
Après cet appel de Pierre Boisjoly, Lloyd Simmons est entré en communication avec moi. Et comme il nây avait personne de bilingue à la maison, câest le président de mon équipe junior à Repentigny, Flavio Prata, qui a gentiment accepté de me servir dâinterprète auprès de lui.
Câest Flavio qui a posé toutes les questions dâusage sur le fonctionnement du collège et de son programme de baseball. Il sâest aussi assuré que je sois bien reçu, logé et nourri à Seminole, où lâon mâoffrait miraculeusement une bourse dâétudes.
Cette bourse défrayait les coûts des études et de lâhébergement, mais pas les frais de subsistance. Comme mes parents nâétaient pas riches, il avait été convenu que jâallais effectuer divers petits travaux â une dizaine dâheures par semaine â pour payer la nourriture. Les étudiants qui résidaient sur le campus pouvaient prendre tous
Weitere Kostenlose Bücher