Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
individuelles avec les plus grands réseaux et quotidiens américains; une conférence téléphonique en début dâaprès-midi avec les membres de lâAssociation des chroniqueurs de baseball dâAméÂrique; et pour couronner le tout, une mégaconférence de presse au Dodger Stadium à lâintention des journalistes affectés à la couverture de lâéquipe.
Avec la saison que jâavais connue, je mâétais accordé de bonnes chances de mettre la main sur le Cy Young. Par contre, je nâaurais certainement pas vendu la peau de lâours avant que les membres de lâACBA aient voté. Cela faisait 11 ans quâun releveur avait gravé son nom sur le prestigieux trophée. Et, historiquement, les voteurs avaient presque systématiquement favorisé les lanceurs partants pour lâobtention du Cy Young.
Jâétais totalement heureux. Mais jâavais peine à réaliser lâampleur de la chose et à bien assimiler ce que représentait le fait de perpétuer la grande tradition des Dodgers et dâavoir mon nom gravé sur le même trophée que les plus grandes légendes de lâhistoire de lâorganisation, comme Don Drysdale, Sandy Koufax, Mike Marshall, Don Newcombe, Fernando Valenzuela et Orel Hershiser.
Une heure plus tard, en lisant le Los Angeles Times au petit déjeuner, jâai pris connaissance dâune déclaration de mon agent Scott Boras. Scott était lâagent le plus puissant du baseball majeur. Clairement, il aiguisait déjà ses couteaux en vue de la négociation de mon prochain contrat.
Scott se disait dâavis que les Dodgers sâétaient montrés injustes à mon endroit après la saison 2002 en mâimposant un salaire annuel de 550 000 $ alors quâils mâavaient vu sauvegarder 52 parties. Cette fois, par contre, la partie sâannonçait fort différente parce que pour la première fois de ma carrière, jâavais droit à lâarbitrage salarial.
«Les performances dâÃric démontrent que nous sommes en présence dâun talent unique. Lâorganisation devra considérer Ãric comme tel quand nous commencerons à négocier», avait aussi plaidé Scott dans son entrevue avec le Times .
Lors des nombreuses interviews que jâai accordées par la suite, jâai pris soin de remercier les chroniqueurs qui avaient voté pour moi. Et par-dessus tout, jâai rendu hommage à mes coéquipiers, sans lesquels je nâaurais sans doute pu connaître une saison aussi extraordinaire.
Quand je suis arrivé au Dodger Stadium en fin dâaprès-midi, Vin Scully, le légendaire descripteur des matchs des Dodgers, était présent. Il mâa tendu la main et mâa chaleureusement félicité.
â Jâespère que tu resteras le même et que tu garderas ta belle humilité malgré le grand honneur qui tâest fait aujourdâhui, mâa-t-il lancé.
â Ne vous inquiétez pas. Je nâai pas lâintention de changer! lâai-je rassuré.
Jim Tracy était aussi sur place. Il mâa serré dans ses bras en me disant à quel point il était fier de ce que jâavais accompli. Et lorsquâil mâa présenté aux journalistes, Tracy leur a raconté la scène qui était survenue au début de la saison 2002 à San Francisco, lorsque jâavais refusé de lui remettre la balle pour compléter lâun de mes premiers sauvetages. Câest à ce moment quâil avait décidé de me confier les responsabilités de closer .
Tout au long de la journée, plusieurs questions mâont été posées sur mes attentes salariales en vue de la prochaine saison. Chaque fois, ma réponse était la même:
â Ce qui sâest passé lâan dernier est oublié. Les Dodgers ont pris une décision dâaffaires qui respectait les dispositions de la conven-tion collective et jâai beaucoup de respect pour les règles du base-ball. Toutefois, jâai maintenant droit à lâarbitrage et les règles sont maintenant en ma faveur. Jâespère juste quâon mâaccordera ce que je mérite.
Un mois plus tard, en décembre, les Dodgers ont déposé une proposition de contrat. Leur position et la nôtre étaient considéraÂblement
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