Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
éloignées. Il était clair que nous allions nous retrouver en arbitrage.
Scott comparait ma valeur à celle des meilleurs releveurs du baseball majeur et il estimait que mon salaire en 2004 devait sâélever à 8 millions. Les Dodgers, de leur côté, limitaient leur comparaison avec les contrats qui avaient été accordés, dans le passé, à des closers qui en étaient à leur troisième année. Ils fixaient donc la barre à 5 millions.
Le 19 février 2004, nous nous sommes donc retrouvés devant les arbitres Steven Goldberg, Elliot Shriftman et Dan Brent. Jâai alors découvert à quel point le baseball majeur était un business au sein duquel presque tous les coups étaient permis.
Les règles de notre audition étaient simples: chaque partie disposait dâune heure pour faire son plaidoyer. Par la suite, chaque partie avait jusquâà une demi-heure pour répondre aux arguments de la partie adverse. Les arbitres devaient ensuite trancher en faveur de lâune ou lâautre des parties et fixer mon salaire en conséquence. Ils ne pouvaient pas, par exemple, opter pour un compromis et décider que mon salaire devait sâélever à 6,5 millions.
Trois jours avant cette audience, les Dodgers avaient annoncé lâembauche dâun nouveau directeur général, Paul DePodesta. Câest la directrice générale adjointe, Kim Ng, qui était chargée de plaider la cause de lâéquipe lors de notre audience.
Cette dernière avait lâexpérience des arbitrages salariaux. Avant de passer chez les Dodgers, Ng avait occupé les fonctions de directrice générale adjointe chez les Yankees de New York. Et à ce titre, elle avait déjà eu gain de cause dans un arbitrage salarial opposant les Yankees à leur releveur numéro un, Mariano Rivera.
Jâétais présent à lâaudience. Les arguments des deux parties étaient clairs et je nâavais pas de problème avec cela.
Les Dodgers prétendaient que mon salaire devait être fixé en fonction de ce que les meilleurs releveurs de troisième année avaient encaissé dans le passé. Et Scott plaidait la clause des «accomplissements extraordinaires». Selon lui, les performances que jâavais réalisées avaient à ce point surpassé les normes que mon salaire devait se comparer avec les salaires des meilleurs releveurs du baseball majeur, point à la ligne.
à titre comparatif, Rivera avait touché 10,5 millions en 2003, alors quâil était âgé de 33 ans.
Jâai sérieusement commencé à déchanter, toutefois, quand Ng a commencé à démolir tout ce que jâavais accompli au cours des deux dernières saisons. Elle voulait ainsi démontrer aux arbitres que la clause des «accomplissements extraordinaires» ne sâappliquait pas à moi. Les dirigeants de mon équipe, de toute évidence, nâavaient absolument aucune reconnaissance à mon endroit. Et pourtant, me disais-je intérieurement, ils ne sâétaient pas gênés pour exploiter mon image auprès des partisans.
à mes yeux, la plaidoirie des Dodgers a atteint son plus bas niveau lorsque Kim Ng a brandi devant les arbitres les déclarations que jâavais faites quelques mois plus tôt en apprenant que jâavais remporté le trophée Cy Young.
â Monsieur Gagné a lui-même avoué quâil nâaurait pu connaître une aussi bonne saison sans lâaide de ses coéquipiers. Ce quâil a accompli durant la saison nâest certainement pas extraordinaire parce que de son propre aveu, il ne lâa pas accompli tout seul.
De part et dâautre, Scott et les Dodgers ont défendu leur thèse bec et ongles. Mon cas était assez unique. Si les arbitres nous donnaient raison, leur décision allait potentiellement avoir des répercussions importantes et entraîner une importante hausse des salaires qui allaient par la suite être accordés en arbitrage.
Quand nous avons quitté la salle dâaudience, ni Scott ni les Dodgers ne pouvaient prédire la décision des arbitres. Nous savions tout de même que le processus dâarbitrage du baseball majeur penchait la majorité du temps en faveur des propriétaires.
En bout de ligne, les arbitres ont décidé que la clause des
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