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Gauvain

Gauvain

Titel: Gauvain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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dans un endroit qu’il ne connaît pas. »
    Du fond de son demi-sommeil, Gauvain entendait parfaitement ces propos, mais il se garda d’intervenir. Les jeunes filles quittèrent donc la tente en priant Dieu de réserver une mauvaise nuit à ce chevalier lâche et sans vigueur, et en recommandant derechef au nain de ne pas bouger d’un pouce et de bien veiller. Le nain leur répondit qu’il mettrait tout en œuvre pour éviter que le chevalier ne se dérobât s’il lui prenait fantaisie de leur fausser compagnie.
    Cependant, Gauvain dormit fort peu cette nuit-là. Dès qu’il fit jour, il se leva. Il trouva ses armes prêtes, ainsi que son cheval qui lui fut amené sellé devant la tente. Il se prépara aussi promptement qu’il put avec l’aide du nain. Quand il fut équipé, le nain lui dit : « Chevalier, tu n’as guère satisfait tes hôtesses, et je sais qu’elles t’en veulent beaucoup. – J’en suis désolé, répondit Gauvain. J’ai sûrement mérité leurs reproches, mais j’étais fatigué et j’avais grand besoin de me reposer. – Quel dommage, reprit le nain, qu’un aussi beau chevalier soit aussi indigne qu’elles le prétendent ! – Libre à elles ! s’écria Gauvain que ces insinuations commençaient à agacer. Je leur en reconnais le droit. Cela dit, qui dois-je remercier pour l’agréable séjour dont j’ai bénéficié cette nuit ? Si j’avais vu le seigneur ou la dame de la tente, je leur aurais exprimé ma gratitude. »
    Au même moment surgirent à cheval deux chevaliers en armes qui mirent pied à terre et se dirigèrent vers la tente. Ils y firent une entrée brutale et dirent à Gauvain : « Seigneur, il te faut payer ton hébergement ! Nous nous sommes dérangés pour toi hier soir, nous t’avons laissé la libre disposition de la tente et de tout ce qui s’y trouvait, pendant que nous, nous allions coucher dans la forêt. Et tu prétends partir ainsi, comme un voleur ? – Que vous plaît-il que je fasse ? demanda Gauvain. – Il te faut mériter ton repas et l’accueil que tu as reçu. »
    Les deux jeunes filles entrèrent alors. Elles étaient vraiment fort belles et, en les regardant, Gauvain déplora sa propre abstinence. Mais elles l’abordèrent d’un air sévère : « Seigneur chevalier, dit la plus jeune, nous allons voir à présent si tu es vraiment Gauvain, le neveu du roi Arthur. – Ma foi, ajouta l’aînée, je le crois incapable de mettre un terme à la funeste coutume qui nous fait perdre tous les chevaliers qui passent par ici. Toutefois, s’il s’en révélait capable, je lui pardonnerais son comportement. »
    Gauvain éprouvait une grande honte à se voir traiter de la sorte, et surtout quand les jeunes filles le taxaient à mots couverts d’incapacité amoureuse. Il comprit enfin qu’il ne pourrait s’en aller qu’à condition de se battre. L’un des chevaliers était remonté sur son cheval et s’apprêtait déjà, tandis que l’autre, qui s’était éloigné, demeurait à pied. Le chevalier armé s’élança sur Gauvain de tout son élan, mais celui-ci fit de même et le frappa avec une telle violence que sa lance lui transperça le bouclier, lui cloua le bras au corps et s’enfonça profondément dans sa chair. Sous le choc, l’homme fut projeté à terre avec sa monture.
    « Sur ma tête ! s’écria la plus jeune des filles, le faux Gauvain se montre aujourd’hui plus vaillant qu’hier au soir ! » Gauvain retira sa lance et, dégainant son épée, se précipita sur le blessé. Mais celui-ci demanda grâce en s’avouant vaincu. Gauvain hésita et, se tournant vers les jeunes filles, il attendit leur verdict. « Seigneur chevalier, dit l’aînée, tu n’as rien à redouter de l’autre chevalier tant que celui-ci sera en vie. Mais la funeste coutume ne sera pas abolie tant qu’il vivra, car il est le seigneur de la tente. C’est sa méchanceté qui a causé tout le mal. – Perfide créature ! s’écria le chevalier blessé. Elle n’aimait personne au monde que moi, disait-elle, et voici qu’elle veut ma mort ! – Je le répète, dit la jeune fille, la funeste coutume ne sera abolie que s’il te met à mort. »
    Alors, sans hésiter, Gauvain souleva les pans du haubert du chevalier et lui plongea son épée dans le corps. Furieux et désespéré de la mort de son compagnon, le second chevalier se précipita sur Gauvain, et Gauvain sur lui. Ils se heurtèrent avec une telle force qu’ils

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