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Gauvain

Gauvain

Titel: Gauvain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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les gens du château se précipitèrent au-devant de lui avec des transports d’allégresse, mais quand ils virent le jeune homme mort, leur liesse ne tarda pas à se muer en deuil. Gauvain mit pied à terre cependant et vint remettre au roi le corps de son malheureux fils et la tête monstrueuse du géant. « Crois-moi, seigneur, dit Gauvain, si j’avais pu te ramener ton fils vivant, ma joie n’eût pas eu d’égale. » Malgré la douleur que lui causait la mort de son fils, le roi répondit néanmoins : « Je te crois. Je suis persuadé que tu as fait tout ton possible, au risque de ta vie, pour le sauver. Aussi te témoignerai-je ma reconnaissance en te remettant la récompense que je t’ai promise. »
    Lorsqu’il eut pleuré son fils avec une tendre émotion, tandis que les habitants du château faisaient retentir les airs de plaintes lamentables, le roi fit allumer un grand feu au milieu de la ville, avant de placer le corps de son fils dans une grande cuve remplie d’eau qui fut hissée sur le bûcher. Quand le cadavre du jeune homme fut cuit et bouilli, le roi le fit découper en morceaux aussi petits que possible. Puis il manda tous ses vassaux et distribua à chacun d’eux autant de morceaux qu’il y en avait {31} . Enfin, il fit apporter l’épée et la remit à Gauvain.
    Gauvain remercia le roi et l’engagea à se faire chrétien, ce qu’il promit très volontiers. Puis il quitta le château de Gurgaran et reprit sa route, espérant retrouver très bientôt le chemin de la forteresse où il avait vu le Graal et la Lance qui saigne. Il parcourut en sens inverse le même chemin, salua l’ermite qui l’avait hébergé et qui se montra tout heureux de son succès et, bientôt, entra de nouveau dans la forêt qu’il savait peu éloignée des terres du Riche Roi Pêcheur. Ainsi chevaucha-t-il jusqu’au coucher du soleil sans rencontrer manoir ni habitation.
    Il parvint alors à une vaste prairie qui s’ouvrait au milieu de la forêt, et que bordait un ruisseau dont les eaux claires s’écoulaient vivement avant d’aller se perdre sous les arbres. À l’autre extrémité, juste à la lisière des bois, avait été dressée une immense tente dont les cordeaux étaient de soie, et les piquets fichés en terre de l’ivoire le plus pur qui fût. Quant aux pommeaux qui en ornaient le faîte, ils étaient d’or, et chacun d’eux était surmonté d’un aigle également d’or. Les flancs de la tente étaient blancs, son toit tissé d’une superbe étoffe de soie vermeille.
    Gauvain s’approcha de la tente et mit pied à terre devant l’entrée. Il lâcha la bride à Gringalet et lui laissa paître l’herbe abondante qu’offrait le pré. Puis, posant sa lance et son bouclier et, risquant un œil à l’intérieur, il aperçut un lit magnifique, tendu de fils d’or et de soie. Des draps également de soie, et aussi fins que la toile la plus raffinée, le couvraient, ainsi qu’une couverture d’hermine entretissée de soie verte parsemée de gouttes d’or. Au chevet, deux oreillers qui paraissaient très moelleux étaient brodés à la perfection. Tout autour, l’espace embaumait d’un parfum délicat, qui sans doute émanait des diverses fleurs qu’on avait prodiguées de tous côtés. Aux abords du lit, de très beaux tapis de soie recouvraient le sol, et, de part et d’autre du chevet, se dressaient deux sièges d’ivoire munis de coussins finement brodés. Au pied du lit, à une certaine distance, était planté dans un chandelier d’or un grand cierge. Au milieu de la tente avait été placée une table d’ivoire massif, aux bords en or sertis de pierres précieuses. Dessus, une nappe immaculée supportait des tailloirs d’argent, des couteaux au manche d’ivoire et une luxueuse vaisselle d’or.
    La vision de tant de magnificence attira Gauvain qui entra et, tout armé, s’assit sur le lit. À l’intention de qui avait pu être aménagée si somptueusement cette tente ? se demandait-il, abasourdi de n’y voir personne. Or, comme il s’apprêtait à se désarmer lui-même, un nain pénétra dans la tente, le salua avec ostentation et, s’agenouillant devant lui, se mit en devoir de lui retirer son équipement. Gauvain se souvint alors du nain par la faute de qui avait été tuée son hôtesse. « Ami, dit-il, laisse-moi. Je ne veux pas pour l’instant retirer mon armure. – Seigneur, répondit le nain, tu peux le faire en toute tranquillité, car tu n’auras

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