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Gauvain

Gauvain

Titel: Gauvain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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chevalier demeurait silencieux et maussade, tant l’absence de sa captive lui causait de dépit.
    Cependant, par toute la ville se répandait la nouvelle que Gauvain, le neveu du roi Arthur, se trouvait depuis le coucher du soleil à l’intérieur de l’ Âtre Périlleux . Ce fut alors un grand cri de lamentation, car chacun savait que le noble chevalier courait un danger mortel. Certains s’en allèrent prier à l’église pour que Dieu protégeât le preux qui ne craignait pas d’affronter les démons. D’autres montèrent sur les créneaux, prêtant l’oreille au moindre bruit qui pourrait leur parvenir depuis le cimetière maudit.
    Gauvain avait pris place entre le mur et la grille, sur une tombe de marbre gris. Celle-ci, splendide, était sculptée finement. Il somnolait là déjà depuis assez longtemps quand il sentit la dalle trembler sous lui et se soulever légèrement. Il fut très étonné, car il ne voyait absolument personne aux alentours. Et la pierre cependant continuait de se dresser, tant et si bien que les pieds de Gauvain ne touchaient plus le sol. Il se leva et s’en alla à la recherche d’un autre siège plus hospitalier. Il n’avait pas eu le temps de faire quatre pas que le tombeau se trouva complètement ouvert : il vit alors qu’y gisait, tout entière offerte à ses regards, une jeune fille vêtue d’une longue robe blanche. Et la jeune fille se releva afin de s’asseoir. Dressant sa main droite, Gauvain fit le signe de la croix. Mais, en lui-même, il ne pouvait croire qu’une jeune fille si belle et d’aspect si pur pût être une diablesse. Celle-ci regarda Gauvain et lui dit : « Pourquoi avoir peur de moi ? » Gauvain ne savait que répondre. Ému par la troublante beauté de l’inconnue, il finit par murmurer : « Jeune fille, je vois quelque chose que je n’avais encore jamais vu. Aussi n’est-il pas surprenant que j’en marque quelque frayeur. Es-tu un diable ayant revêtu cette forme pour me venir tenter ? – Nullement, répondit-elle. Je suis une créature de Dieu, et c’est Dieu lui-même qui t’a conduit ici pour me libérer de ma prison. Car si tu ne m’aides, je ne pourrai jamais quitter cette vie de chagrin, de peine et de douleur. – Jeune fille, je t’en prie, dis-moi qui tu es, pourquoi tu te trouves ici prisonnière et pour quelle raison l’on nomme cet endroit l’Âtre Périlleux  ? »
    La jeune fille s’était assise sur le rebord d’une tombe, et plus que jamais Gauvain se sentait troublé par son étrange beauté. « Seigneur, dit-elle, je suis la fille d’un pauvre vavasseur. Après la mort de ma mère, mon père se remaria avec une femme d’un rang supérieur au sien : toute belle qu’elle était, je l’étais davantage, et elle en conçut une vive jalousie à mon égard. Elle imagina divers enchantements et sortilèges pour m’enlaidir mais n’y parvint pas. Alors, elle lança sur moi un charme si puissant que je perdis la raison. Longtemps, je me comportai comme une folle, sans savoir ce que je faisais. Et, un jour que j’allais seule sur un chemin, je rencontrai un diable à figure d’homme.
    « Il ne fut pas long à me remarquer, et peut-être d’ailleurs me guettait-il depuis longtemps. Car voici ce qu’il me dit : « Belle, je connais ton tourment et ta souffrance, mais je peux te guérir complètement, dès aujourd’hui, à la seule condition que tu acceptes de m’appartenir. » Hélas ! j’avais un tel désir de guérir et de retrouver toute ma raison que je lui promis sur-le-champ de me plier à toutes ses volontés. Il ne m’avait pas trompée, car je fus immédiatement délivrée de mon mal, et, par la suite, je n’ai plus eu aucun trouble de ce genre. Mais à quel prix !
    « Il me fit monter sur son cheval et me conduisit dans ce cimetière, m’ordonnant de demeurer tout le jour dans cette tombe. La nuit, il vient, me fait sortir et prend de moi tout le plaisir qu’il veut. Depuis ce jour, je suis très malheureuse. Pourtant, il n’est pas brutal. Il m’apporte des vêtements, des bijoux, des mets succulents. Mais je ne peux plus sortir de ce cimetière, car son pouvoir est tel que le sortilège qu’il a jeté sur moi ne pourra être levé que par sa mort. Et je le hais tant qu’à tous les instants de ma vie je souhaite qu’il périsse, ce monstre qui abuse de moi sans scrupule et me retient par ses charmes diaboliques.
    « Mais, seigneur, il va falloir que tu te battes contre lui,

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