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George Sand et ses amis

George Sand et ses amis

Titel: George Sand et ses amis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Albert le Roy
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posséder. Elles s'incarneront en un personnage nouveau, dont le nom figure la première fois dans une lettre qu'elle adresse, le 17 avril 1835, à son frère Hippolyte Chatiron : «J'ai fait connaissance avec Michel, qui me paraît un gaillard solidement trempé pour faire un tribun du peuple. S'il y a un bouleversement, je pense que cet homme fera beaucoup de bruit. Le connais-tu ?» Michel (de Bourges) sera l'inspirateur politique de George Sand, l'âme de ses romans humanitaires, en même temps que son avocat dans le procès en séparation de corps contre Casimir Dudevant. Le dissentiment conjugal, en effet, ne tardera pas à se produire à la barre des tribunaux. Des vengeances de domestiques congédiés, et particulièrement d'une certaine femme de chambre, Julie, qui menait Solange à coups de verges durant l'absence de la mère, aigrirent la débonnaireté sournoise et lâche de M. Dudevant. Ayant du goût pour ce qu'on a appelé les amours ancillaires et ce qu'un réaliste nommerait «les poches grasses,» il correspondit avec la Julie, après qu'elle eut quitté son service. «Je ne prévoyais pas, relate George Sand dans l'Histoire de ma Vie, que mes tranquilles relations avec mon mari dussent aboutir à des orages.
    Il y en avait eu rarement entre nous. Il n'y en avait plus, depuis que nous nous étions faits indépendants l'un de l'autre. Tout le temps que j'avais passé à Venise, M. Dudevant m'avait écrit sur un ton de bonne amitié et de satisfaction parfaite, me donnant des nouvelles des enfants, et m'engageant même à voyager pour mon instruction et ma santé.» De vrai, il aimait mieux, suivant le train de ses vulgaires habitudes, que sa femme fût au loin qu'à Nohant. Il livrait la maison et Solange à la direction des domestiques, et laissait toute latitude à George Sand, pourvu qu'elle ne lui demandât pas d'argent et vécût du produit de sa plume. Des difficultés d'ordre financier surgirent entre eux, dès le printemps de 1835. A ce sujet, elle écrit, le 20 mai, à Alexis Duteil : «Ma profession est la liberté, et mon goût est de ne recevoir ni grâce ni faveur de personne, même lorsqu'on me fait la charité avec mon argent. Je ne serais pas fort aise que mon mari (qui subit, à ce qu'il paraît, des influences contre moi) prit fantaisie de se faire passer pour une victime, surtout aux yeux de mes enfants, dont l'estime m'importe beaucoup. Je veux pouvoir me faire rendre ce témoignage, que je n'ai jamais rien fait de bon ou de mauvais, qu'il n'ait autorisé ou souffert.» Casimir Dudevant appartenait à ce genre trop commun d'hommes suprêmement illogiques, définis par George Sand dans une lettre du mois de juin 1835, «qui ne veulent plus de femmes dévotes, qui ne veulent pas encore de femmes éclairées, et qui veulent toujours des femmes fidèles.» Sur ce dernier point, il devait avoir perdu certaines illusions.
    Quel ressort d'énergie morale n'y eut-il pas cependant, à côté de maintes défaillances de l'imagination ou des sens, chez celle qui, inspirée par la tendresse maternelle, écrivait à son fils Maurice, le 18 juin de la même année, cette admirable lettre, guide de la conscience et règle du devoir :
    «Travaille, sois fort, sois fier, sois indépendant, méprise les petites vexations attribuées à ton âge. Réserve ta force de résistance pour des actes et contre des faits qui en vaudront la peine. Ces temps viendront. Si je n'y suis plus, pense à moi qui ai souffert, et travaillé gaiement. Nous nous ressemblons d'âme et de visage. Je sais dès aujourd'hui quelle sera ta vie intellectuelle. Je crains pour toi bien des douleurs profondes, j'espère pour toi des joies bien pures. Garde en toi le trésor de la bonté. Sache donner sans hésitation, perdre sans regret, acquérir sans lâcheté. Sache mettre dans ton coeur le bonheur de ceux que tu aimes à la place de celui qui te manquera ! Garde l'espérance d'une autre vie, c'est là que les mères retrouvent leurs fils. Aime toutes les créatures de Dieu ; pardonne à celles qui sont disgraciées ; résiste à celles qui sont iniques ; dévoue-toi à celles qui sont grandes par la vertu. Aime-moi ! je t'apprendrai bien des choses si nous vivons ensemble. Si nous ne sommes pas appelés à ce bonheur (le plus grand qui puisse m'arriver, le seul qui me fasse désirer une longue vie), tu prieras Dieu pour moi, et, du sein de la mort, s'il reste dans l'univers quelque chose de moi, l'ombre de ta mère

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