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Gisors et l'énigme des Templiers

Gisors et l'énigme des Templiers

Titel: Gisors et l'énigme des Templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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lettre, un nombre égal au
chiffre sacré sept. On le voit, on nage dans l’ à-peu-près  !
    Albert Ollivier prend une toute autre direction. Il propose
de rapprocher le nom de Baphomet de Bapho qui est le nom du port de Chypre où
les Templiers se sont installés durant de longues années. Il suppose une
possible relation entre le culte d’Astarté, qui avait un temple à Bapho dans
l’Antiquité, et la Vierge Marie qu’honoraient tout particulièrement les
Templiers. « Il n’est pas impossible que l’Ordre ayant ramené de Chypre
quelque tête ou ossements – pouvant être aussi bien chrétiens que païens –, les
juges aient voulu rattacher cela au culte d’Astarté [50] . »
Ce serait supposer que les juges et les Inquisiteurs aient eu une culture
générale assez étendue et une connaissance approfondie des cultes de
l’Antiquité, ce qui est loin d’être prouvé. Cela dit, l’hypothèse est
intéressante dans la mesure où l’on sait qu’il y a certainement eu à Chypre des
contacts très suivis entre les Templiers et des Chrétiens orientaux, notamment
des Coptes [51] .
Mais il semble qu’il y ait peu de rapport entre l’idole barbue décrite au cours
des interrogatoires et une figuration d’Astarté, même si celle-ci était
considérée comme la déesse de Bapho.
    Mais c’est se donner beaucoup de mal pour rien. Car, en
définitive, jamais le mot Baphomet n’a été prononcé par
les accusateurs du Temple, ni même par les Templiers interrogés, du moins au
début de l’enquête. Ce sont les historiens et les occultistes qui sont
responsables de l’incroyable diffusion de ce mot. La réalité est beaucoup plus
simple : elle se trouve dans l’interrogatoire d’un sergent de Montpezat,
près de Montauban, qui s’était accusé d’avoir adoré une image
baffométique . Et ce sergent s’exprimait en occitan, la langue de sa
région. Les enquêteurs, qui étaient du nord, n’ont pas très bien compris de
quoi il s’agissait. Ils ne savaient pas, en tout cas, qu’en langue d’oc, Baphomet était la déformation populaire de Mahomet .
Cela nous est prouvé par un poème d’un troubadour qu’on connaît sous le nom
d’Olivier le Templier, qui écrivait en 1265 : « (les Turcs) savent
que chaque jour ils nous abaisseront, car Dieu dort, qui veillait autrefois, et
Baphomet manifeste son pouvoir et fait resplendir le sultan d’Égypte [52]  ».
Ainsi donc, une image baphométique , c’est tout
simplement une image mahométane . Le sergent ignorait
certainement que la religion musulmane interdit toute représentation humaine,
comme l’auteur de La Chanson de Roland et bon nombre
d’écrivains du Moyen Âge parlant des « Sarrasins » d’ailleurs [53] .
Pour lui, une image bizarre, et qu’il considérait comme non chrétienne, ne
pouvait être qu’une mahomerie , comme on disait parfois
aux XII e et XIII e  siècles,
où l’on n’allait guère chercher de précisions. Dans les Chansons de Geste, tout
ce qui n’est pas chrétien est sarrasin. Et c’est sur cette erreur
d’interprétation qu’on a bâti de savantes théories et qu’on a cru voir une
influence musulmane sur les croyances secrètes des Templiers ! Le Baphomet n’existe pas : c’est une invention d’érudits .
    Mais s’il n’y a pas de Baphomet , à
proprement parler, il semble quand même y avoir une tête ,
puisque de nombreuses déclarations en font foi.
    Eh bien, non : il n’y a pas de tête
non plus.
     
    Le 11 mai 1311, la Commission pontificale
d’enquête, intriguée par les témoignages contradictoires au sujet de la tête,
fit demander à l’administrateur-séquestre des biens du Temple si, parmi les
objets saisis, figurait une tête de bois ou de métal. L’administrateur,
Guillaume Pidoye, « apporta une tête, grande, belle, en argent doré, qui
avait la figure d’une femme et renfermait les os d’une tête, enveloppée dans
les plis d’un linge blanc cousu, et une autre étoffe, rougeâtre, le recouvrait…
Pidoye affirma n’avoir rien trouvé de plus dans la maison du Temple ». Il
faut préciser que cette tête portait une inscription « Caput LVIII m ».
L’inscription a fait couler beaucoup d’encre, mais il s’agit probablement d’une
simple numérotation. Point n’est besoin d’y voir un code secret. En tout cas,
les témoins ne reconnurent pas la tête féminine présentée comme étant celle
qu’ils avaient vue lors des mystérieuses cérémonies

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