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Gisors et l'énigme des Templiers

Gisors et l'énigme des Templiers

Titel: Gisors et l'énigme des Templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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plus extraordinaire que les fenêtres étaient fermées
hermétiquement… mais avec qui les Templiers rassemblés pour la cérémonie
étaient bien aises de faire l’amour [56] . »
Ce qui devait les changer des pratiques soi-disant obligatoires de
l’homosexualité. Nous nageons en plein délire.
    Il est inutile d’essayer de faire la part des choses entre
le mythe et la réalité. Ils sont trop intimement mêlés pour qu’on puisse s’y
reconnaître. Les accusateurs des Templiers ont utilisé, c’est évident, toutes
les ressources folkloriques dont ils disposaient pour
accabler les ex-pauvres Chevaliers du Christ. Tout l’attirail habituel des
procès de sorcellerie s’y retrouve. Et si le chat, qui est un authentique
animal médiumnique, vient à la rescousse, s’identifiant au Diable, c’est que
cela frappait les imaginations. On a fini par persuader les Templiers qu’ils
avaient vu certaines choses ou qu’ils y avaient participé. Mais il n’en reste
pas moins vrai que tout cela repose sur deux ou trois éléments réels que les sbires de Philippe le Bel ont exploités et
amplifiés avec une habileté qu’on peut qualifier, c’est le cas de le dire, de
démoniaque.
    Il y a probablement eu, lors de certains chapitres du
Temple, des cérémonies plus ou moins secrètes, dont les participants ne
comprenaient plus exactement la signification. Ces cérémonies étaient devenues
une routine vidée de sa substance originelle. Seuls subsistaient certains
gestes symboliques, ou certaines évocations. Car la mystérieuse Tête des
Templiers n’a probablement jamais existé matériellement .
Mais on en a parlé, on en a fait des descriptions. Donc, elle apparaît
nécessairement, et sous forme symbolique. C’est un point difficile à réfuter.
    Quant à croire à la réalité de ces rituels bizarres, c’est
autre chose. Les descriptions que nous possédons sont toutes conformes à ce
qu’on connaît des fantasmes de l’époque en matière de sorcellerie et de démonologie.
Et ce sont uniquement de ces fantasmes dont finissent par se persuader les
Inquisiteurs, dont finissent par être les acteurs ou les témoins les accusés
eux-mêmes. Il en a été ainsi dans tous les procès de sorcellerie. Il en est
résulté une série d’images types, répercutées sans cesse, partagées de bonne
foi par les accusés et les accusateurs, avec des variantes insignifiantes, mais
se référant toutes à des schémas mythologiques facilement repérables. En un
mot, le mythe, en tant que structure mentale, est plus fort que la réalité des
événements.
    En ce qui concerne la Tête mystérieuse des Templiers,
puisque c’est d’elle qu’il s’agit essentiellement, les sources sont bien
connues dans la Tradition européenne. Elles remontent à la nuit des temps et
font partie du fonds celtique, avec des emprunts analogiques aux traditions
orientales. C’est à la lumière de ces sources qu’il faut examiner le
« mythe » de la Tête vécu par les Templiers d’une façon ou d’une
autre, et, à travers un miroir déformant, l’image rêvée par leurs accusateurs de ce même mythe incarné dans des événements
contemporains.
    Le point de référence est un texte gallois, contenu dans un
manuscrit du XII e  siècle, mais recopiant un récit
plus ancien, Peredur fils d’Evrawg . C’est la version
galloise – et celtique – de la « Quête du Graal », tout au moins de
la version primitive utilisée par Chrétien de Troyes dans son Perceval
ou le Conte du Graal . Quand le héros se trouve au château du Graal, chez
le mystérieux Roi-Pêcheur, il est témoin d’un cortège extraordinaire :
« Il commençait à causer avec son oncle, lorsqu’il vit venir dans la salle
et entrer dans la chambre, deux hommes portant une lance énorme : du col
de la lance coulaient jusqu’à terre trois ruisseaux de sang. À cette vue, toute
la compagnie se mit à se lamenter et à gémir… Après quelques instants de
silence, entrèrent deux pucelles portant entre elles un grand plat sur lequel
était une tête d’homme baignant dans son sang. La compagnie jeta de tels cris
qu’il était fatigant de rester dans la même salle qu’eux [57] . »
On remarquera tout de suite que c’est cette tête d’homme sur un plat que
Chrétien de Troyes remplacera par un graal dont il ne nous dira pas ce qu’il
contient.
    C’est la seule version de la « Quête du Graal »
qui présente le mystérieux objet qu’est le

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