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Gisors et l'énigme des Templiers

Gisors et l'énigme des Templiers

Titel: Gisors et l'énigme des Templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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leur part
dans l’évolution de l’architecture, de l’art et de la symbolise des XII e et XIII e  siècles.
    En effet, ils ont eu des contacts avec l’Orient. Ils en ont
ramené des idées, des conceptions nouvelles et parfois des hommes. Étant donné
que parmi ceux qu’ils protégeaient et qu’ils faisaient travailler, il y avait
de nombreux architectes, maçons et tailleurs de pierres, beaucoup d’artisans et
d’artistes, on ne voit pas pourquoi ils n’auraient pas eu d’influence sur les
habitudes de l’Occident chrétien. Les Templiers ont utilisé l’art roman qui
était l’art de l’époque au début de leur existence. Ils se sont ensuite tournés
vers l’art dit gothique parce que celui-ci correspondait sans doute mieux aux
exigences du temps. Là, d’ailleurs, des remarques peuvent être faites au sujet
de l’essor extraordinaire de l’art gothique.
    Les Templiers n’ont pas, comme on l’a trop souvent répété,
et sans preuves, inventé la cathédrale gothique. D’autres s’en sont chargés
pour eux. Mais, fait incontestable, ils ont encouragé la construction et la
diffusion du modèle gothique, notamment par le biais des confréries de
bâtisseurs qui étaient liées à eux. Or, le sanctuaire de type gothique
représente une rupture complète avec le modèle roman. Non pas tant
l’architecture elle-même, puisqu’en définitive, les architectes du gothique
n’ont fait que résoudre, par une technologie nouvelle (croisée d’ogives et
arcs-boutants), le délicat problème de la stabilité des murs, mais l’idéologie
nouvelle que véhicule le gothique. L’édifice roman est un lieu de méditation,
de prière et de concentration, replié sur lui-même. Il permet l’épanouissement individuel , le contact direct de l’individu avec la divinité
dans un environnement sombre. En un mot, l’édifice roman est un sanctuaire intérieur dont le mystère est encore renforcé par des
éléments d’architecture et des représentations plastiques, hérités du fonds
gaulois, nettement symboliques et d’essence ésotérique, ne seraient-ce que la
coupole en rotonde, la forme des piliers, leur disposition, et les étranges figurations
des chapiteaux. Au contraire, dans le nouvel art gothique, l’accent est mis sur
la lumière, sur l’élancement des formes et sur la vastitude. Ce n’est plus un
sanctuaire individuel mais un temple collectif où se
réunit une communauté que, grâce à la lumière, on peut mieux voir, et donc
mieux contrôler. Il n’y a plus de mystère, plus de secret. Et la « foi
vibrante » des constructeurs de cathédrales pourrait bien être en fait
l’obéissance à une volonté occulte de dominer plus aisément une foule de fidèles
en les réunissant dans un ensemble structuré où chacun se trouve à sa place par
rapport à l’autre. Ici, il n’y a plus de recueillement individuel. Donc, il n’y
a plus besoin de symbolisme intérieur, puisque cette intériorité est éliminée
par la vaste structure que l’on subit, mais avec laquelle on ne vibre plus.
A-t-on remarqué que les symboles et autres motifs ésotériques ont quitté
l’intérieur de la cathédrale gothique pour se réfugier à l’extérieur, sur les
porches notamment ? L’ésotérisme du temple chrétien est maintenant dehors . On s’en méfie. Il est donc devenu profane. La
cathédrale gothique appartient à un monde nouveau, un monde universel certes
régi plus que jamais par Dieu, mais dont le représentant sur terre – et
pourquoi pas en chaire – pourrait bien être le fameux Grand Monarque dont
Philippe Le Bel rêvait d’être l’incarnation.
    Or, d’après ce que l’on peut en savoir, l’Ordre du Temple
poursuivait ce but. En étendant sa vaste toile d’araignée sur le monde
occidental, il ne visait pas à autre chose qu’à l’établissement de ce royaume
universel que symbolise parfaitement l’assemblée des fidèles dans l’église
gothique, prêts à écouter une parole qui ne souffre pas de contradiction. Ici,
pas d’ a-parte . La méditation et la prière sont
collectives, comme chez les Cisterciens dont les Templiers sont les dignes
fils. Et surtout pas de décors compliqués ou mystérieux : ils pourraient
inciter à des délectations moroses, ou à des interprétations qui ne seraient
pas conformes à la doctrine officielle.
    Voilà qui suffirait à mettre en doute l’existence d’une
symbolique chez les Templiers. Elle eût été parfaitement

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