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Gisors et l'énigme des Templiers

Gisors et l'énigme des Templiers

Titel: Gisors et l'énigme des Templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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plus, d’après le texte même de la légende, ce n’est
pas du bras de Jésus que Joseph d’Arimathie a recueilli le sang, mais de son
flanc percé par la lance de Longin. Tout cela n’apparaît guère probant.
    Dans un cas au moins, la crucifixion montre le supplicié
entouré de deux croix qui sont juste grattées, et qui sont interprétées comme
étant celles des larrons. Pourtant, il est curieux de remarquer que la croix
située derrière la Vierge est une croix ordinaire, aux extrémités pointées,
tandis que celle se trouvant à l’arrière de saint Jean comporte deux branches
en biais au-dessus de la branche horizontale. Ces trois croix sont
indiscutablement une copie aussi exacte que possible de la croix templière, qui
est bien connue et que l’on rencontre très souvent.
    À Domme, les croix, qui sont représentées seules, sont
d’ailleurs de différents types. Il y a d’abord la croix latine pointée et
reposant par sa partie inférieure sur une sorte d’éminence. On remarque des
croix grecques à branches égales, pointées ou non et parfois
« cantonnées » de points et aussi des croix latines pointées aux
extrémités, dont la partie inférieure se termine par une sorte de fourche à
trois branches. Ces croix, ainsi que les scènes de crucifixions, sont des
représentations classiques, à peine modifiées par rapport à celles que l’on
voit partout, parfaitement orthodoxes, auxquelles il est ajouté parfois un
détail qui paraît emprunté à des souvenirs de lecture des graveurs.
    Ce qui est étrange, dans les graffiti de Domme, c’est de
voir apparaître la contradiction fondamentale du Temple. D’un côté, les
Templiers reniaient Jésus crucifié et crachaient sur la croix, de l’autre, dans
leurs prisons, ils représentaient constamment la croix et des scènes de
crucifixion. Il y a même des inscriptions : « C’est ma nourriture et
j’y crois », en parlant de l’Eucharistie, et une sorte de malédiction
contre le pape : « Clément, destructeur du Temple ». Cela
ressemble à une protestation, une profession de foi en la doctrine catholique.
Faut-il en conclure que les Templiers incarcérés à Domme n’étaient point dans
le secret ?
    Hélas, ces représentations, si émouvantes soient-elles, ne
nous donnent guère de renseignements sur une possible symbolique du Temple. Il
est toujours tentant d’interpréter un signe d’une façon ou d’une autre,
d’autant plus que les symboles, selon leur contexte, peuvent revêtir de
multiples significations. Il en est ici comme en beaucoup de domaines : on
a fait dire aux Templiers des choses auxquelles ils n’ont jamais dû penser. Et
comme les hommes de Philippe Le Bel n’ont jamais trouvé un seul baphomet dans un des établissements du Temple, la postérité
s’est chargée d’en découvrir de nombreux. Ne parlons pas du baphomet de l’église Saint-Merri à Paris. On sait que c’est une sculpture datant de la
restauration de l’église, une farce d’un tailleur de pierres. D’ailleurs,
comment peut-on l’appeler baphomet  ? Il s’agit
d’une figure de diable comme on en voit souvent dans les églises ou les
cathédrales du Moyen Âge. Mais il semble qu’on ait fait, depuis un siècle au
moins, une ample moisson de baphomets. La moindre gargouille est devenue un baphomet . La moindre figure grimaçante a été assimilée, sans
aucune preuve, à l’idole des Templiers. On a même été chercher des baphomets
dans la nature, sur des lieux qui ont été certes des sanctuaires mais d’époque
bien antérieure. On a trouvé des sculptures représentant des visages étranges à
la bouche ouverte. Ce furent des baphomets, nous dit-on. On devrait pourtant
savoir que cette représentation d’une divinité à la bouche ouverte, celle du
« dieu hurleur », ou du « dieu de l’éloquence », remonte
aux temps des Gallo-Romains, voire des Gaulois, ou des hommes de la
Préhistoire. Si réellement les Templiers ont rendu un culte bizarre à une non
moins bizarre idole qui ressemblait à une tête barbue, c’est qu’ils en ont pris
l’image dans la tradition populaire. Et ce n’était qu’un symbole. La tête
coupée du héros celtique Brân le béni a perduré longtemps dans la mémoire du
peuple.
    Tout ceci, on le voit, ne fournit guère d’arguments en
faveur d’une symbolique purement templière, ni même en faveur d’un art
templier. Mais cela ne signifie pas que les Templiers n’aient point

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