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Gisors et l'énigme des Templiers

Gisors et l'énigme des Templiers

Titel: Gisors et l'énigme des Templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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traditionnels que connaisse l’humanité. Mais le fait qu’ils
y soient mêlés, et cela pendant l’existence même de l’Ordre, devrait nous faire
réfléchir.
    À vrai dire, les Templiers n’apparaissent, et de façon
épisodique bien que fondamentale, que dans une seule des nombreuses versions de
la légende du Graal [68] ,
la version allemande due à Wolfram von Eschenbach, écrivain bavarois du début
du XIII e  siècle. Une première remarque
s’impose : dans un pareil contexte, on s’attendrait plus volontiers à la
présence de Chevaliers teutoniques que de Templiers. Mais c’est ainsi. Les
Templiers sont, pour Wolfram von Eschenbach, les chevaliers qui, autour du
Roi-Pêcheur, le mystérieux Amfortas, sont chargés de la garde d’un objet sacré,
le « saint » Graal, dans un château non moins mystérieux, qui porte
le nom de Montsalvage, c’est-à-dire « Mont du Salut », à moins que ce
ne soit – selon toute probabilité – « Mont Sauvage ».
    La meilleure façon d’étudier le problème est de recourir au
texte lui-même. Il s’agit de l’épisode où Parzival (Perceval) est l’hôte de
l’ermite Trévrizent, qui se trouve être son oncle maternel. Trévrizent explique
au jeune héros les mystères du Graal : « C’est chose qui m’est bien
connue : de vaillants chevaliers ont leur demeure au château de
Montsalvage, où l’on garde le Graal. Ce sont des Templiers qui
vont souvent chevaucher au loin, en quête d’aventures . Quelle que soit
l’issue de leurs combats, gloire ou humiliation, ils l’acceptent d’un cœur
serein, en expiation de leurs péchés. En ce château réside une troupe de fiers
guerriers. Je veux vous dire quelle est leur subsistance : tout ce dont
ils se nourrissent leur vient d’une pierre précieuse, qui en son essence est
toute pureté. Si vous ne la connaissez pas, je vous en dirai le nom : on
l’appelle lapsît exillis [69] .
C’est par la vertu de cette pierre que le phénix se consume et devient
cendres ; mais de ces cendres renaît la vie ; c’est grâce à cette
pierre que le phénix accomplit sa mue pour reparaître ensuite dans tout son
éclat, aussi beau que jamais. Il n’est point d’homme si malade qui, mis en
présence de cette pierre, ne soit assuré d’échapper encore à la mort pendant
toute la semaine qui suit le jour où il l’a vue. Qui la voit cesse de vieillir…
Cette pierre donne à l’homme une telle vigueur que ses os et sa chair retrouvent
aussitôt leur jeunesse. Elle porte aussi le nom de Graal [70] . »
    On peut tout de suite remarquer que l’objet mystérieux qui
donne nourriture, force et santé aux Templiers chargés de le garder, quelle que
soit son origine, s’apparente d’une certaine façon à la Tête que les Templiers
sont accusés d’avoir adoré, et qui, selon certains témoignages, leur procurait
prospérité et bonne récolte. Le fameux Baphomet devrait-il donc être identifié au Graal ? Au premier abord, oui. Mais
n’oublions pas que le Baphomet n’existe pas en tant
qu’objet réel. C’est un pur symbole qui ne devait apparaître que dans le cadre
d’une fiction liturgique dont nous avons perdu la teneur, et que la plupart des
frères Templiers n’ont pas comprise. L’intimidation a fait le reste : ils
ont décrit de bonne foi une Tête qui n’a jamais été présentée à eux que sous
forme d’un récit certainement fort bien articulé et qui devrait receler la
solution de l’énigme. Peu importe, d’ailleurs. Le fait est là : il y a
analogie entre la Tête des Templiers et le Graal décrit par Wolfram, surtout si
l’on se réfère à la version galloise de la légende, selon laquelle le Graal est
une tête baignant dans le sang et portée sur un plateau. C’est plus qu’une
coïncidence. Mais cela ne veut pas dire que les Templiers soient responsables,
eux-mêmes, de cet apparentement. Le tout est de savoir pourquoi Wolfram von
Eschenbach s’est cru autorisé à établir un lien si net et si précis entre les
Templiers, qui, à son époque, jouissaient encore d’une excellente réputation et
n’étaient accusés d’aucun méfait, et la tradition du Graal, tradition d’origine
celtique, qui a été revue et corrigée par l’écrivain allemand dans une optique
résolument ésotériste.
    En tout cas, si l’on en croit Wolfram, ce Graal, et par
conséquent les Templiers, ne peuvent être soupçonnés d’hérésie. Nous sommes au
contraire en pleine

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