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Gisors et l'énigme des Templiers

Gisors et l'énigme des Templiers

Titel: Gisors et l'énigme des Templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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que dans le Pays de Caux et dans la plaine de Caen. Plus tard, des
Norvégiens venus d’Irlande s’installeront dans le nord du Cotentin, de sorte
que la ligne linguistique qu’on peut tracer de l’influence Scandinave, d’après
la toponymie, va de Granville à Gisors en passant par Argentan et Conches. Au
sud de cette ligne, l’occupation viking n’a été que sporadique. Et peu à peu,
les Hommes du Nord, devenus chrétiens, se sont fondus dans la population
gallo-franque, abandonnant la langue scandinave pour la langue romane, mais
marquant celle-ci de bon nombre de mots et de particularismes.
    Bien sûr, tout n’était pas pour autant réglé entre les
Francs et les Vikings. Dès 925, de nouveaux conflits opposèrent Rollon à
l’aristocratie franque, et pendant longtemps encore, le très chrétien comte de
Rouen n’hésitera jamais, pour lutter contre le roi de France, à appeler à
l’aide des Danois païens. De plus, les Vikings de la Loire commettaient
exactions sur exactions, et ravageaient la Bretagne. Le danger était donc
permanent. C’est pourquoi le roi carolingien et les princes francs durent
finalement se résoudre à abandonner plus ou moins tout le nord de la Neustrie –
le pays entre Seine et Loire – aux Normands de Rouen, à charge pour eux de
conquérir des territoires sur les Normands de la Loire, et aussi sur les
Bretons. De cette époque date le fameux contentieux à propos de la Bretagne,
qui n’a jamais été un fief de la couronne franque, mais que les souverains
carolingiens ont livrée aux Normands en tant qu’arrière-fief, à charge pour eux
de la conquérir – ce qu’ils n’ont pas fait.
    Mais cette politique renforçait singulièrement la puissance
et l’audience des comtes de Rouen devenus ensuite ducs de Normandie. Certes,
ces comtes de Rouen étaient prêts à reconnaître l’autorité de l’Église aussi
bien que celle du roi et acceptaient de s’intégrer avec leurs vassaux dans
l’aristocratie du royaume, résultat d’une réussite politique incontestable, qui
déboucherait à long terme sur l’unité du royaume de France. Mais les comtes de
Rouen, forts de leur importance reconnue, eurent tendance à jouer leur propre
jeu et n’en firent longtemps qu’à leur tête. Réalité qui deviendra encore plus
sensible lorsqu’ils seront devenus rois d’Angleterre, au grand dam des rois
capétiens qui se trouvèrent alors face à un vassal de Normandie, dont la
puissance était pratiquement double de la leur.
    C’est dans ce contexte bien particulier et très précis qu’il
faut donc placer Gisors et le rôle qu’elle a tenu pendant plus de trois
siècles, jusqu’à l’annexion de la Normandie par Philippe Auguste. Située à
mi-chemin entre Paris et Rouen, c’est-à-dire entre deux capitales de royaume,
Gisors se trouve sur la route qui mène aux évêchés de Picardie, du Valois et de
la Champagne, les seuls évêchés qui comptent à cette
époque [2] car ce sont eux qui font et défont les rois. Gisors sera ainsi alternativement
aux mains des Français et des Normands, mais toujours l’objet d’âpres
marchandages, voire de luttes inexpiables, ce qui n’empêchera nullement le roi
de France et le roi d’Angleterre de s’y rencontrer pour tenter de trouver des
solutions à leurs querelles.
    Il existait alors à Gisors un très vieil orme, un ormeteau ferré (c’est-à-dire soutenu par des barres de fer),
comme disent les chroniques du temps. Il se trouvait au milieu d’un pré, à peu
près à l’emplacement actuel de la gare, sur la rive gauche de l’Epte, du côté
français. Cet orme faisait la fierté des habitants de la ville, qui le
comparaient à un autre orme célèbre, celui qui se trouvait à Paris devant
l’église Saint-Gervais-Saint-Protais. Beaucoup de commentaires, et de légendes,
ont circulé à propos de cet orme et de ses rapports avec les chevaliers du
Temple, mais il faut bien admettre que l’orme de Paris, devant
Saint-Gervais-Saint-Protais, se trouvait à la limite de l’enclos du Temple, et
que l’église paroissiale de Gisors porte le même nom de
Saint-Gervais-Saint-Protais. Coïncidence ? Ce qui est sûr, c’est que
l’orme de Gisors était un symbole : sous ses ombrages avaient lieu les
entrevues des rois de France et d’Angleterre. Charles Nodier, pas tellement
innocent en fait de traditions hermétiques, bien qu’il se laissât souvent
emporter par son enthousiasme romantique, en parle avec une

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