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Gisors et l'énigme des Templiers

Gisors et l'énigme des Templiers

Titel: Gisors et l'énigme des Templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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garnison,
que fut érigée la grande ceinture de murailles qu’on peut voir de nos jours.
    On a dit que le plan d’ensemble du château de Gisors
obéissait à d’étranges lois astronomiques et astrologiques .
On a dit la même chose de Montségur, et, en cherchant bien, on trouverait bien
d’autres exemples du même type dans la plupart des constructions militaires du XII e  siècle. Les bâtisseurs de châteaux forts étaient les
mêmes que les bâtisseurs de cathédrales. Ils avaient leurs règles, leurs
techniques particulières, leurs secrets de construction – transmis dans le
cadre des corporations et du compagnonnage – et surtout leur état d’esprit.
Libre à quiconque de prétendre que cet état d’esprit était d’essence ésotérique  : le fait est là, brutal, et l’on ne peut
nier les composantes secrètes ou mystérieuses de l’architecture du Moyen Âge
sous prétexte que nous ne les comprenons pas. On peut néanmoins se dispenser de
délirer à ce propos, car il n’y a aucune honte à avouer son ignorance. En
l’occurrence, et malgré tout ce qu’on a pu raconter, toute interprétation de
l’architecture médiévale, qu’elle soit religieuse, civile ou militaire, demeure
– et demeurera longtemps – du domaine de la conjecture.
    La forteresse de Gisors est bâtie sur un plan bien
déterminé, c’est évident. Les murailles d’enceinte offrent l’aspect d’un
polygone à douze côtés. Il n’en fallait pas plus pour que certains y voient la
représentation des douze signes du zodiaque. À ce compte, et étant donné que
tous les nombres ont une valeur symbolique dans ce qu’on appelle la Tradition,
il est bien évident qu’on peut toujours donner une explication ésotérique à
n’importe quel bâtiment. Mais ce n’est pas tout : il fallait trouver les
inspirateurs de ce plan. Et on les a trouvés : les Templiers.
    C’est ignorer qu’en 1097, date du début de la construction
du château de Gisors, les Templiers n’existaient pas encore. Certes, les
Templiers ont occupé le château de Gisors, mais seulement en 1158, et ils n’y sont restés que trois ans . Ce ne sont donc pas eux
qui ont fait construire le château, et rien n’indique qu’ils aient entrepris
des travaux dans un bâtiment qui ne leur appartenait pas et dont ils n’avaient
que la garde temporaire. Reste le fait indéniable que les Templiers ont fait
venir d’Orient des bâtisseurs, et qu’ils ont sûrement et efficacement protégé
les corporations des maçons et des tailleurs de pierre. Ils doivent même être
considérés comme les ardents propagateurs de l’architecture dite gothique.
S’ils ne sont pas les inventeurs de la cathédrale ogivale, ils en sont
assurément les partisans enthousiastes, et pour des raisons beaucoup plus
politiques que religieuses, et surtout ésotériques. Mais cela est une autre
histoire. L’essentiel est d’affirmer, ce que nous prouvent l’archéologie et
l’histoire de l’Art, que les Templiers n’ont jamais eu de
style spécifique . Des thèses délirantes ont été répandues à ce sujet,
mais la réalité est plus simple : les Templiers se sont contentés – quand
ils avaient à construire un bâtiment civil, militaire ou religieux – d’utiliser
le style et les modes de construction en usage à leur époque, voire d’en
propager certains dans des pays qui ne les connaissaient pas.
    Cela dit, on constate certains faits troublants. En 1108,
quand Louis VI le Gros devint roi de France, il conclut un accord avec
Henry Beauclerc, le roi d’Angleterre. Aux termes de cet accord, la garde de
Gisors devait être confiée à un certain chevalier de Payens ou de Payns. Mais
en 1109, Henry Beauclerc lui retira la citadelle. Immédiatement, Louis VI
entra en guerre contre le roi d’Angleterre pour l’obliger à respecter le
traité. Henry Beauclerc ne voulut rien entendre, car la possession effective de
Gisors était très précieuse pour lui. La guerre traîna pendant des années, et
finalement, le roi de France se fit battre à Brenneville en 1119. C’est alors
que le pape Calixte II, qui était venu en France à l’occasion du concile
de Reims, fit office de médiateur entre les deux rois. Il vint à Gisors et
imposa un traité de paix selon lequel l’héritier d’Henry Beauclerc, Guillaume
Adelin (futur naufragé de la Blanche Nef), devait l’hommage au roi de France
pour la Normandie. En revanche, Gisors demeurait ville normande.
    Cela,

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