Gisors et l'énigme des Templiers
proches de Gisors et de
la frontière de l’Epte sont celles de Saint-Étienne de Renneville, de Chanu, de
Brettemare et de Bourgoult, dans l’actuel département de l’Eure ; un peu
plus loin, on trouve Sainte-Vaubourg, près de Rouen, et La Genetay, en forêt de
Roumare, dans l’actuel département de la Seine-Maritime. Dans le reste de la
Normandie, on peut signaler les commanderies de Bretteville-le-Rabel
(Calvados), Baugy et Bayeux, toujours dans le Calvados, Volcanville et Coutances
dans la Manche, Fresneaux, près de Séez et la Villadieu-sous-Grandvilliers,
près de Trun, dans l’Orne.
La commanderie de Bourgoult, proche de Gisors, dépendait
autrefois du diocèse de Rouen, paroisse des archidiaconés du Vexin normand,
vicomté et élection de Vernon, parlement et généralité de Rouen. L’un de ses
fondateurs fut un certain Robert Crespin, fils de Gosselin, baron d’Étrépagny
et seigneur de Dangu. La famille de Crespin-Dangu était, au Moyen Âge, la
rivale de la famille d’Harcourt, laquelle multipliait les donations en faveur
du Temple. Ne voulant pas être en reste, Robert Crespin offrit en 1219 une
terre de soixante acres sur la paroisse d’Harquency, au bois du Bourgoult.
D’autres membres de la famille firent des donations par lesquelles la primitive
commanderie put s’agrandir et s’enrichir. Il y eut des annexes, notamment aux
Andelys, à Cahaignes, à Saint-Vincent-des-bois et à Dangu. À Bourgoult même,
chef-lieu de la commanderie, situé sur le flanc d’une colline de la commune
d’Harquency, les Templiers édifièrent un manoir et une chapelle placée sous le
vocable de saint Jean-Baptiste. Ces bâtiments furent détruits au XVIII e siècle par les Chevaliers de Malte, nouvelle
appellation des Hospitaliers de Saint-Jean, pour leur permettre de construire
une bâtisse plus moderne. Le sanctuaire fut lui aussi rebâti en 1768, et sur
l’emplacement de l’ancienne chapelle, fut construit le logement du fermier.
Actuellement, la commanderie du XVIII e siècle est
enclose dans une propriété privée, mais il ne reste rien des bâtiments
primitifs. Et si l’on admet que le Trésor du Temple de Paris a été, la nuit
précédant le 13 octobre 1307, transporté vers l’ouest, en passant par
Gisors, on peut poser comme hypothèse qu’il aurait pu également transiter par
la commanderie de Bourgoult avant d’être mis en sûreté ailleurs ,
probablement en Angleterre. En revanche, la commanderie de Bourgoult ayant été
fondée au début du XIII e siècle, il est
impossible de lui assigner un rôle quelconque dans l’affaire des trois
Templiers de Gisors, en 1160, ou dans l’épisode de l’orme abattu, en 1188.
La commanderie de Saint-Étienne de Renneville, sur la
commune de Sainte-Colombe-la-Campagne, était de loin la plus ancienne et la
plus importante de la région. En 1147, Richard d’Harcourt, membre d’une des
plus grandes familles normandes, fit construire à Sainte-Colombe, au diocèse
d’Évreux, une chapelle Saint-Étienne qu’il donna, avec le fief, aux chevaliers
du Temple, sans compter de nombreux immeubles et le patronage de Saint-Pierre
d’Épreville, près du Neubourg. Richard d’Harcourt ne se borna d’ailleurs pas à
donner des terres, il revêtit lui-même l’habit du Temple. Il ne faut pas le
confondre avec son neveu, nommé lui aussi Richard d’Harcourt, qui combattit en
Terre sainte et participa au siège de Saint-Jean-d’Acre. Son nom figure, comme
témoin, sur des lettres patentes par lesquelles le roi d’Angleterre Richard
Cœur de Lion confirme aux grands-maîtres du Temple toutes les aumônes,
immunités, franchises et coutumes qui leur avaient été octroyées dans ses
États. Quant au premier Richard d’Harcourt, il finit ses jours comme Templier
et fut enseveli dans le chœur de la commanderie de Renneville. Le gisant existe
toujours.
En 1200, un autre membre de la famille, Robert d’Harcourt,
apporte « confirmation de la donation de Saint-Étienne de
Renneville ». Par le même acte, il confirme les donations faites par ses
prédécesseurs, ainsi que tous les biens que ses chevaliers, vavasseurs et
hommes de fief avaient pu concéder aux chevaliers du Temple, et renonce en leur
faveur à tous les droits de justice et de seigneurie qui lui avaient été
réservés. De plus, il fait don aux Templiers de l’église de Tilleul-Lambert,
avec ses revenus et deux acres de terre dépendant d’un fief nommé Hémard,
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