Gisors et l'énigme des Templiers
actuellement à l’intérieur de la ville nouvelle de
Saint-Quentin-en-Yvelines. Ce sont les seuls vitraux templiers qui nous soient
connus. On y remarque des Vierges en majesté et un Templier à genoux, vêtu
d’une robe bleue avec un chaperon blanc et une petite croix sur un cercle
rouge. D’autres vitraux représentent des chevaliers du Temple : la couleur
des costumes est respectée, le blanc pour les chevaliers, le noir pour les
sergents, les écuyers ou les chevaliers ayant été mariés, avec une grande croix
rouge pour les uns et les autres.
Ce qu’on appelle la commanderie du Genetay, dans la forêt de
Roumare, près de Saint-Martin de Boscherville, n’était en fait, semble-t-il,
qu’une maison templière dépendant de Sainte-Vaubourg. Mais là, l’édifice est,
sinon intact, du moins parfaitement connu dans son plan et ses structures [19] .
Il se présente comme un corps de logis du XIII e siècle
de très belle allure, avec d’immenses cheminées dont la plus grande occupe tout
le pignon sud. Les murs sont en pierre de taille. Il y a un étage et une cave
voûtée. Devant la maison, se trouve un puits à margelle ronde. Une tour ronde,
accolée à la maison, dissimule l’escalier à vis en pierre. On pense qu’à
l’origine, cette tour était plus haute et qu’elle servait de poste de
guet : la maison, bâtie sur la hauteur, domine une des boucles de la Seine [20] .
Dans les alentours, se remarquent des débris de construction en belle pierre de
taille.
Il ne s’agit pas d’une commanderie. Mais l’importance du
bâtiment est telle qu’il est impossible de n’y voir qu’une simple ferme.
Malheureusement, comme on ne possède aucun document, les questions qu’on peut
se poser sur cet établissement templier, demeurent sans réponse. Au Genetay
comme à Gisors, le mystère templier est plus présent que jamais. Le Genetay
aurait également pu être un relais très discret, parce que peu connu à
l’époque, ou, en tout cas, non officiellement templier, lors de la translation
d’un éventuel « trésor » du Temple en direction de l’Angleterre. Le
trajet de Paris vers un port d’embarquement aurait très bien pu passer par
Gisors, Bourgoult et Le Genetay. Toutes les hypothèses sont permises.
D’une façon générale, les établissements templiers en
Normandie ont été très encouragés et protégés par les souverains
anglo-normands, et également très favorisés par la Papauté. N’oublions pas que
c’est la chevalerie anglo-normande qui fournissait, au XII e siècle
tout au moins, les plus gros contingents à la Croisade. Les commanderies et les
diverses maisons des Templiers en Normandie constituaient d’excellentes étapes,
en même temps que des points stratégiques, sur le chemin menant à Londres, où
se trouvait une puissante commanderie dont les membres n’ont cessé d’exercer
leur influence sur les rois Plantagenêts.
Cependant, c’est à Paris même que se trouvait le plus
considérable des établissements templiers de toute l’Europe. Bien connu de tous
par la tragédie de la Révolution, où la Tour servit de prison à la famille
royale, le Temple de Paris a constitué, au XIII e siècle,
une ville à l’intérieur de la ville, un véritable État dans l’État. Le Temple
de Paris était le symbole visible, matériel, de la puissance effective de
l’Ordre des Templiers.
C’est vers 1143 que le roi Louis VII concéda aux
Templiers des terrains situés aux alentours de la place de Grève. Ils y
construisirent des bâtiments et aménagèrent un port particulier sur la Seine.
Peu après, ils acquirent des terrains marécageux et en friche dans ce qu’on
appelle le Marais, constituant la majeure partie des actuels troisième et
quatrième arrondissements de Paris. Ils défrichèrent, drainèrent et assainirent
les endroits trop humides, pratiquèrent une culture intensive, employant à cet
effet de nombreux Parisiens qui devenaient ainsi membres laïcs du Temple, et
firent bâtir leur fameux enclos. Cet enclos formait un vaste quadrilatère ceint
de murailles crénelées, hautes de vingt-quatre pieds, défendues par des tours
rondes. Il n’y avait qu’une seule porte, encadrée de deux grosses tours, et un
pont-levis, en face de l’actuelle rue des Fontaines-du-Temple. Quant au donjon,
il ne comprenait pas moins de trois étages, et était flanqué de quatre
tourelles d’angle, l’une d’elles contenant l’escalier. Il était situé
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