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Gisors et l'énigme des Templiers

Gisors et l'énigme des Templiers

Titel: Gisors et l'énigme des Templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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mot
« temple » dans un toponyme ne suffit pas à prouver une implantation
templière si les archives et l’histoire locales n’apportent point de
confirmation.
    Par contre, les toponymes « la Croix Rouge »,
qu’on a tendance à ne pas considérer, sont des indications fort précises, et
dans la plupart des cas, il s’agit effectivement d’une implantation templière
(ne serait-ce qu’un simple champ). On sait en effet que la Croix Rouge a été
l’emblème des Templiers, officiellement à partir de 1148, tandis que la Croix
Blanche était l’emblème des Hospitaliers de Saint-Jean. Donc qui dit Croix
Rouge dit Templiers, qui dit Croix Blanche dit Hospitaliers, la confusion n’est
pas possible, du moins si l’on est certain que l’appellation est ancienne.
    Tel n’est pas le cas pour les lieux dits « la
Commanderie ». Certes, il y a de grandes chances pour que l’on soit en
présence de fondations dues à l’Ordre du Temple, mais cela peut être aussi bien
une fondation des Hospitaliers, ou encore d’autres ordres comportant une
hiérarchie avec des commandeurs, tels les chevaliers hospitaliers du
Saint-Esprit, ou de Saint-Antoine du Viennois, ou bien d’autres encore. Il est
également difficile de savoir si des toponymes comme « La
Chevalerie », « La Cavalerie », désignent des lieux où l’on
élève des chevaux, un fief de chevaliers ou une commanderie. Il en est de même
pour les nombreux « Le Chevalier » ou « Les Chevaliers ».
Le terme « Grange » semble avoir été employé davantage que le terme « Ferme »
par les Templiers, mais il n’y a là rien d’absolu : à côté de « La
Grange du Temple », on trouve également « La Ferme du Temple ».
Il faut aussi prendre en compte les toponymes du genre
« Villeneuve-du-Temple » ou « Bourg-des-Templiers ». Ils ne
signifient pas qu’il y ait eu là une commanderie, mais que les Templiers y
menaient une activité quelconque. Quant aux appellations « La Villedieu »,
« Masdieu », « L’Hospital », « L’Hospitalet »,
« La Maladrerie », si elles peuvent parfois être attribuées aux
Templiers, comme c’est le cas au Mas Deu du Roussillon, elles sont communes au
Temple et à d’autres ordres qui prenaient en charge l’hébergement des pèlerins
ou des malades.
    Une mention spéciale doit cependant être faite d’un toponyme
sur lequel on n’insiste jamais : La Bachellerie. Ce terme, qui provient du
latin baccalaria , primitivement « concession de
terres moyennant une redevance », désigne une institution médiévale très
importante, dont la vocation, surtout dans les régions occidentales de la
France, consistait à entretenir les routes, les ports et les levées de terre.
Cette fonction de bachelier était confiée soit à des
seigneurs, soit à des moines, soit à des roturiers qui, dès lors, étaient
dispensés d’impôts. Or, on sait que les plus importants bacheliers des XII e et XIII e  siècles
étaient les Templiers. Donc, en présence d’un lieu-dit
« Bachellerie », on a de grandes chances de trouver une trace de
l’implantation templière. Et cela ne fait d’ailleurs que renforcer la thèse qui
voit dans les ramifications de l’Ordre du Temple à travers les voies de
communication l’image d’un réseau destiné à surveiller les routes. Après tout,
c’était la mission primitive du Temple. On l’avait simplement projetée de
Palestine en Europe. Et comme les Templiers étaient dévoués corps et âme à la Papauté,
cette surveillance des routes n’était pas toujours bien vue de la part des
souverains. Cela explique, tout au moins en partie, pourquoi Philippe le Bel a
montré tant d’acharnement à détruire le Temple, après avoir voulu, semble-t-il,
s’en assurer pour lui-même le contrôle.
    Tout cela fait apparaître une infrastructure européenne
parfaitement rodée et mise au point. C’est à cette infrastructure de type toile
d’araignée que le Temple a dû son bon fonctionnement (envoyer des chevaliers en
Terre sainte), mais aussi sa puissance économique et par conséquent son rôle
politique. Toutes les études qui ont été réalisées sur le fonctionnement de
l’Ordre du Temple mettent en évidence une action temporelle efficace et très
progressiste pour l’époque. Mais cela, c’était la face diurne de l’Ordre, la
partie émergée de l’iceberg. La face nocturne, la partie immergée, c’est nous
qui la découvrons peu

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