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Gisors et l'énigme des Templiers

Gisors et l'énigme des Templiers

Titel: Gisors et l'énigme des Templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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chances d’avoir appartenu à l’Ordre, cette
appellation étant la plus répandue et la plus caractéristique. Mais elle n’est
pas la seule à désigner un établissement templier, et d’autre part, le terme de temple étant un nom commun antérieur à l’Ordre, la
présence de ce terme dans un toponyme n’est pas nécessairement la preuve d’un
lien avec les chevaliers à la Croix Rouge. C’est souvent une appellation qui se
réfère à des ruines, en particulier des ruines romaines, ou encore au souvenir
de l’existence d’un ancien sanctuaire des époques païennes. À Alaise, dans le
Doubs, site possible de l’authentique Alésia de Vercingétorix, on trouve, à la
sortie du bourg, un endroit nommé « Temple Belin » dans lequel il
faut reconnaître sans hésiter l’emplacement d’un sanctuaire dédié au dieu
solaire gaulois Bélénos. Il y a bien d’autres exemples de cette sorte. De plus,
il ne faut pas oublier l’empreinte du protestantisme : dans certaines
régions, ce nom de Temple, attribué à des hameaux ou à de simples lieux-dits,
désigne simplement des endroits où se réunissaient les membres de l’Église
réformée, en particulier lorsque les Protestants, pourchassés par l’Église
officielle et la police royale, étaient condamnés à exercer leur culte
clandestinement.
    On ne peut donc affirmer la présence de Templiers en
certains lieux qu’en fonction de l’histoire locale : le terme de
« Temple », à lui seul, est insuffisant. Il faut d’ailleurs préciser
que le nom de Temple n’implique pas nécessairement la présence d’un édifice
religieux. Cela pouvait être simplement une maison ou une ferme, une pièce de
terre, dont le propriétaire était l’Ordre du Temple, et parfois fort loin de
tout établissement important. Et cela ne veut surtout pas dire, comme on le
croit généralement, qu’il y ait eu une commanderie à cet endroit. Il n’y avait
pas de commanderies partout, puisque la commanderie était une sorte de quartier
général pour une région délimitée, quartier général auquel se rattachaient un
certain nombre d’établissements secondaires plus ou moins éloignés. Dans le
Lot-et-Garonne, la commune actuelle du Temple-sur-Lot correspond bien à une
ancienne commanderie : les bâtiments existent toujours. Et une commune
voisine porte le nom de Granges-sur-Lot, ce qui nous prouve qu’il y avait là
des fermes dépendant de cette commanderie. En revanche, dans la
Loire-Atlantique, il n’y a jamais eu de commanderie, ni même de Templiers, sur
la commune appelée Temple-de-Bretagne. Quant aux légendes, elles sont
innombrables. Ainsi, dans les Basses-Alpes, la coquette station thermale de
Gréoux-les-Bains s’enorgueillit de la présence des Templiers. On y raconte que
ce sont les chevaliers du Temple qui ont construit l’admirable château défendu
naturellement par le ravin du Verdon. C’est une forteresse en forme de
quadrilatère renforcée à l’ouest par deux tours, bel exemple de l’architecture
militaire du Moyen Âge, mais – malheureusement pour certains – datant du milieu
du XIV e  siècle et due aux Hospitaliers de
Saint-Jean de Jérusalem, cet autre ordre de moines-soldats auquel échurent, en
1312, les biens du Temple. La tradition locale rapporte néanmoins que ce
château est hanté par le fantôme d’un Templier qui aurait été enseveli dans un
des murs. Ce n’est pas le seul exemple de tradition templière à des endroits où
les chevaliers du Temple n’ont jamais résidé.
    Certes, on ne prête qu’aux riches. Cela prouve la place
privilégiée qu’occupent les Templiers dans la mémoire collective. Longtemps
après leur disparition officielle , on a continué à les
voir partout. Ainsi, à Paris, le grand-maître des Hospitaliers, successeurs et
héritiers des Templiers, n’a pas cessé d’être appelé « grand-maître du
Temple de Paris », et les fameux « moines rouges » de la
tradition orale bretonne recouvrent non seulement les Templiers, mais aussi les
Hospitaliers. La confusion est normale : comment les gens du peuple
pouvaient-ils faire la différence entre les chevaliers du Temple et ceux de
Saint-Jean de Jérusalem ? Il s’agissait de deux ordres de moines-soldats,
et, apparemment, leur but et leur mission étaient identiques. Mais cela ne
facilite pas la recherche des lieux qui ont été effectivement construits ou
simplement occupés par les Templiers. En tout cas, la présence du

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