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Grands Zhéros de L'Histoire de France

Grands Zhéros de L'Histoire de France

Titel: Grands Zhéros de L'Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Clémentine Portier-Kaltenbach
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République deux ans plus tard, le 24 mai 1873, Mac-Mahon, vieux maréchal royaliste, est bien décidé à s’effacer si la monarchie est rétablie, ce que souhaite aussi la Chambre des députés. L’accession au trône du comte de Chambord semble donc inévitable et imminente, d’autant plus que le comte de Paris, prétendant au trône de la branche Orléans, s’est rendu à Frohsdorf un mois auparavant pour y rencontrer Chambord et reconnaître sa primauté. Chambord, chef de la branche aînée n’ayant pas d’enfants, le désigne pour successeur. On appellera « fusion monarchique » cette opération qui venait débloquer la situation.
    L’affaire était dans le sac ! Tandis que l’on se répartissait les futures charges à la Cour, Paris se préparait pour l’entrée solennelle du roi Henri V. De magnifiques carrosses de gala étaient commandés chez Bender, le meilleur carrossier du moment (l’un de ces véhicules de première main se trouve aujourd’hui encore au château de Chambord), les chevaux destinés au prince et à sa suite porteraient les noms de deux victoires d’Henri IV : « Arques » et « Ivry ». L’industrie parisienne travaillait à la réalisation de dizaines de milliers de cocardes blanches et d’autant de drapeaux blancs, tandis qu’un commerçant faisait couler quelques centaines de milliers de petits bustes d’Henri V en verre. On poussa même l’enthousiasme et l’optimisme jusqu’à faire frapper des pièces de monnaie à son effigie ! De son côté, le futur roi se fit confectionner un costume royal et commanda un cordon de grand-croix de la Légion d’honneur avec plaque. Tout était fin prêt !
     
    Au cours de l’été 1873, pèlerinages et processions se multiplient dans toute la France pour demander à Dieu le retour du roi. Chacun estime alors que si Chambord fait la moindre concession, la Chambre le proclamera roi sans hésitation. Et comme l’on sent bien que c’est la question du drapeau tricolore qui « coince », on lui fait de nouvelles propositions : un drapeau tricolore parsemé de fleurs de lys ou un drapeau blanc cravaté de tricolore… Alors qu’il ne démord pas de son drapeau blanc, des journaux monarchistes ont le malheur de faire courir le bruit que le futur Henri V pourrait accepter le drapeau tricolore et en changer par la suite, ni vu ni connu, quand son pouvoir serait affermi.
    Rendu furieux par cette rumeur colportée par le député Chesnelong, Chambord écrit à ce dernier une lettre ouverte publiée dans le principal journal légitimiste, L’ Union , le 30 octobre : « On me demande aujourd’hui le sacrifice de mon honneur. Que puis-je répondre sinon que je ne rétracte rien de mes précédentes déclarations […]. Je ne puis consentir à inaugurer un règne réparateur et fort par un acte de faiblesse. » Il ajoute : « Ma personne n’est rien, mon principe est tout. La France verra la fin de ses épreuves quand elle voudra le comprendre : je suis le pilote nécessaire, le seul capable de conduire le navire au port parce que j’ai mission et autorité pour cela. » Louis XIV ne se serait pas exprimé autrement !
     
    Alors que l’affaire semblait devoir marcher comme sur des roulettes, Chambord remettait tout en cause par son refus de renoncer au drapeau blanc. Comptant sur sa popularité, il tente alors le tout pour le tout : il passe la frontière incognito le 8 novembre, débarque gare de l’Est et se rend à Versailles. Il va se cloîtrer pendant dix jours chez l’un de ses fidèles partisans. En fait, il espère retourner la situation à son avantage en apparaissant à la Chambre au bras de Mac-Mahon pour s’y faire acclamer et reconnaître roi. Il somme Mac-Mahon de venir le voir, mais celui-ci ne veut pas en entendre parler. C’est donc depuis sa cache versaillaise qu’Henri V apprend que les députés viennent de voter la reconduction du vieux maréchal pour sept ans. D’ici là, pense-t-on, le comte de Chambord sera peut-être mort et l’on aura tout le temps de mettre sur le trône un Orléans qui s’accommodera d’une monarchie parlementaire moderne et auquel le drapeau bleu-blanc-rouge ne donnera pas de vapeurs !
     
    Dépité, Chambord retourne en Autriche le 20 novembre : il ne sera jamais roi ! Au rencart, lui et son carrosse ! Il mourra dix ans plus tard à Frohsdorf et sera enterré à Goritz, aujourd’hui Nova Gorica, en Slovénie. Pour ce qui est de la restauration de la monarchie, les carottes

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