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Grands Zhéros de L'Histoire de France

Grands Zhéros de L'Histoire de France

Titel: Grands Zhéros de L'Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Clémentine Portier-Kaltenbach
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effet terrible sur son organisation. Il s’y joignit un renouvellement de souffrances pour une autre blessure reçue en Italie, à Lomato. Cette blessure lui ouvrait le crâne… elle avait laissé un sillon tellement profond qu’on y pouvait mettre un doigt couché en travers […]. J’ai mis tous ces détails parce que la dernière de ces blessures a probablement attaqué les fibres du cerveau et mis en désordre tout l’équilibre cérébral. »
    Attaqué les fibres du cerveau ? Voilà un diagnostic à la Thomas Diafoirus ! Cependant, la duchesse voit juste, car c’est après avoir reçu cette fameuse balle en plein front à Rio Mayor le 19 janvier 1811 que Junot commença à dérailler sérieusement. On l’avait alors rapatrié chez sa femme, quasi mourant, et dans les semaines qui suivirent « Junot était dans un état étrange, il avait souvent une somnolence très marquée pendant le jour… c’était bien douloureux à voir ».
    Cette apathie explique peut-être l’erreur gravissime qu’il commettra pendant la campagne de Russie à Valoutina le 19 août 1812. Comme hébété, il n’intervient pas, permettant aux Russes par sa passivité d’échapper à une défaite décisive. Évincé de son commandement, pour « manque de résolution », Junot, dont la santé mentale est déjà très fragilisée, ne résiste pas à cette humiliation. Pourtant, une fois encore et alors même qu’il vient de le priver de son poste et qu’il devient de plus en plus évident que son général commence à travailler du chapeau, Napoléon le nomme gouverneur des Provinces Illyriennes le 20 février 1813.
    Dès son arrivée en Italie, Junot est victime d’une attaque et devient de plus en plus irritable et imprévisible. Un jour, il frappe un avocat à coups de bâton. Lançant sa calèche dans les rues de Trieste, il se met à poursuivre toutes les femmes qu’il aperçoit, puis rentre chez lui épuisé en plein milieu de la nuit. Une autre fois, il fait mettre une table dans une auberge pour des invités imaginaires et, déclarant qu’il a froid, se fait envelopper les jambes de paille et de foin, convoque un lieutenant de gendarmerie à qui il ordonne en chantonnant de les arrêter tous… « tous » mais qui au juste ? Plus grave encore, confondant entonnoir et bicorne, il commence à se prendre pour l’Empereur en personne, attribue par lettre à un amiral anglais des territoires en Chine et dans l’Empire ottoman ! Enfin, scène incroyable qui dut produire une forte impression sur les personnes invitées ce jour-là, Junot se présente entièrement nu à un bal à Raguse ou, plus exactement, vêtu de ses seules décorations ! On a du mal à se retenir de rire en imaginant la scène.
    Au lendemain de cet ultime coup d’éclat, Junot est confié aux soins d’un officier et de trois gendarmes et rapatrié discrètement chez son père à Montbard, en Bourgogne. Un soir, dans un accès de délire, il se jette par la fenêtre et se casse la jambe. Il tente de s’amputer lui-même avec un couteau de cuisine. Quelques jours plus tard, le 29 juillet 1813, il succombe à l’infection. On l’inhume au cimetière de Montbard.
     
    Ainsi que nous serons amenés à le constater à plusieurs reprises dans les pages qui suivent, les conditions d’inhumation des personnages historiques sont un bon indicateur de l’image qu’ils ont laissée. Manifestement, la postérité n’a pas tenu compte des dernières extravagances de Junot puisqu’elle lui rend hommage en divers lieux : à Montbard bien sûr, mais aussi au Père-Lachaise, où il dispose d’un cénotaphe dans la 24 e division, à Verdun, où une statue a été érigée devant la citadelle, et à Paris, où une autre statue se trouve dans l’une des niches de la façade nord du Louvre, rue de Rivoli. Cerise sur le gâteau de la renommée, son nom figure également sur l’Arc de Triomphe !
    On le voit bien, Junot présente un cas particulier de héros devenu fou ne correspondant pas à nos critères de sélection. Exclu de notre palmarès !
Le général Malet
    Avec le général Claude François Malet (1764-1812), un « doux dingue » qui fomenta un coup d’Etat contre Napoléon depuis la maison de repos où il était interné, il s’agit encore, selon nous, d’un cas de faux nul pour cause de fragilité mentale. Sur le papier, cette histoire paraît indubitablement drolatique. Si seulement elle n’avait été que cela ! Car cette « affaire de fous », au

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