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Grands Zhéros de L'Histoire de France

Grands Zhéros de L'Histoire de France

Titel: Grands Zhéros de L'Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Clémentine Portier-Kaltenbach
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Magendie, ayant servi sous les ordres de Villeneuve à Trafalgar. Cet officier l’aurait assassiné sur ordre de Decrès, parce qu’il trouvait déshonorant que l’amiral vaincu ait survécu à Nelson et Gravina. Anéanti par cette affreuse accusation, le malheureux Magendie va la contester de toutes ses forces dans un livre plaidoyer publié en 1814. Il sera innocenté, des années plus tard, lorsque l’on découvrira dans les Annales maritimes et coloniales publiées en 1830 qu’il devait à l’imagination prolifique d’un romancier d’avoir vu son nom jeté en pâture à l’opinion publique. Pour les besoins de son livre, l’auteur, un nommé Lardier, avait inventé de toutes pièces le fameux témoin qui aurait vu Magendie sortir de la chambre de Villeneuve quelques minutes après sa mort. Magendie venait donc de passer vingt ans dans l’enfer de la suspicion pour les seuls besoins d’une intrigue romanesque.
     
    Deux mystères demeurent tout de même autour de la disparition de Villeneuve. Le premier porte sur les circonstances de sa mort. En effet, si l’enquête de police confirme bien l’hypothèse du suicide, le médecin légiste a cependant attesté que Villeneuve avait reçu six coups de couteau dans la poitrine ! Instruits de ces sortes de choses, nos lecteurs ne manqueront pas de nous faire remarquer que dans la Rome antique, où l’on se suicidait couramment de cette manière, Metellus Scipion se serait tué de neuf coups de poignard pour ne pas être pris par les troupes de César après la bataille de Thapsus. Certes, mais les Romains étaient friands de fins spectaculaires et sont bien capables d’en avoir « rajouté » par la suite, au propre comme au figuré ! S’auto-administrer six ou neuf coups de poignard ? Allons donc, la chose est-elle seulement crédible ?
     
    Autre mystère : nul ne sait où fut enterré Villeneuve ! Certes, il est mort dans l’indifférence la plus absolue et l’heure n’était guère à lui offrir des obsèques nationales. Mais s’il n’avait pas d’enfants, il avait bien une épouse, des parents. Comment se fait-il que sa famille n’ait pas réclamé sa dépouille pour l’inhumer à Valensole, d’où il était originaire, ou tout simplement à Rennes, où il était mort ? Interrogées, les archives de la marine ont été dans l’impossibilité d’apporter une réponse à cette question.
    Où donc êtes-vous, amiral Villeneuve ? Reposez-vous en paix dans quelque fosse commune bretonne ? Vouloir faire oublier votre existence dans nos livres d’histoire ne suffisait pas, il a fallu que l’on prive aussi vos compatriotes miséricordieux de pouvoir se recueillir sur votre tombe. Vous auriez pourtant eu une épitaphe toute trouvée, émanant de la bouche même de l’empereur Napoléon qui, s’étant montré si dur envers vous, déclara après votre suicide : « Il n’aurait pas dû faire cela, c’était un brave homme… bien qu’il manquât de talent ! »
     
    Depuis le purgatoire, résidence céleste la plus couramment affectée aux zhéros, Villeneuve eut par la suite quelques sujets de consolation. D’abord, son « cher » ami Decrès connut une mort absolument idiote ! Voulant avoir le champ libre pendant qu’il lui déroberait son argent, son valet de chambre déposa une bombe sous son lit. Ainsi, l’ancien amiral devenu ministre de la Marine mourut victime d’une explosion de sommier. Spectaculaire sans doute, mais tant qu’à faire « dans la literie », n’eût-il pas mieux valu imiter La Motte-Piquet, qui, lors d’un combat naval contre les Anglais à la Grenade en juillet 1779, bien qu’il eût la cuisse brisée par une balle, continua d’assurer son commandement au milieu des blessés… allongé sur un matelas !
    Quant à l’Empereur, pour un homme que la mer fascinait, (de tous nos chefs d’Etat, il fut celui qui navigua le plus), il fut poursuivi par une étrange fatalité. La flotte qu’il avait fait construire par le prédécesseur de Decrès, lequel portait le patronyme prédestiné de « Forfait », comportait des bâtiments aux noms de baptême plus « ronflants » les uns que les autres : Aquilon , Généreux , Guerrier , Heureux , Spartiate , Conquérant … Mais tant d’arrogance trouva symboliquement sa juste punition dans les noms des trois dernières embarcations qu’emprunta l’empereur des Français. Qu’on en juge plutôt : Napoléon gagne Sainte-Hélène sur le Bellerophon , dénomination sous

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