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Grands Zhéros de L'Histoire de France

Grands Zhéros de L'Histoire de France

Titel: Grands Zhéros de L'Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Clémentine Portier-Kaltenbach
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Agamemnon , prête à arraisonner la Méduse si celle-ci tentait de quitter Rochefort.
    Tout de même, quand on pense qu’au lieu de finir sur un banc de sable, la Méduse aurait pu cingler vers l’Amérique avec Napoléon…
Nuls subsidiaires : de Grasse et d’Estaing ?
    Dans la catégorie « zhér’eaux de mer », le nom de l’amiral d’Estaing fut mentionné avec celui de Villeneuve par les historiens que j’interrogeai. Nous allons donc évoquer brièvement celui-ci ainsi que le contre-amiral de Grasse, car ce sont deux candidats dont la nullité nous semble discutable !
     
    Comparé à celui des zhéros répertoriés jusqu’à présent, le « cas de Grasse » constitue indéniablement une nouveauté, car il s’agit d’un homme considéré comme un héros français aux États-Unis et plutôt comme un zhéro en France ! Pendant la guerre d’indépendance américaine, il va jouer un rôle décisif en se portant avec son escadre au secours de Washington et de Rochambeau qui assiègent alors les Anglais retranchés dans Yorktown. Pour le camp des insurgés, cette victoire de Yorktown, le 19 octobre 1781, constitue un tournant majeur dans la guerre contre l’Angleterre. Ce n’est pourtant pas de Grasse qui va en récolter les lauriers, mais La Fayette, qui, de retour en France afin d’y lever des fonds pour les insurgés, reçoit un accueil triomphal à Paris, alors qu’il n’a joué qu’un rôle secondaire dans la bataille. Souvent qualifié dans les livres d’histoire de « héros oublié de Yorktown », de Grasse n’aura pas la chance d’être le « vaincu oublié des Saintes ». En effet, au cours de ce combat naval qui se déroule le 7 avril 1782, il perd le navire amiral Ville-de-Paris et doit se rendre aux Anglais non sans les avoir d’ailleurs très courageusement combattus à un contre dix. Prisonnier des Anglais, mais reçu par leur roi qui, solennellement, lui rend son épée, de Grasse apprend à son arrivée en France qu’il doit être traduit en conseil de guerre ! Il est alors la risée de l’opinion publique et son nom est l’objet de toutes sortes de quolibets dont le plus connu reste celui-ci : « Sans l’action de Grasse, nous aurions eu un Te Deum ! » Au terme d’un conseil de guerre très spectaculaire au cours duquel près de trois cents témoins défileront à la barre, de Grasse est acquitté le 21 mai 1784, mais en disgrâce complète auprès du roi.
    Louis XVI, dont nous avons déjà pu juger de la sévérité envers Kerguelen, exige de De Grasse qu’il se retire sur ses terres. Le marin déchu demeurera donc en son château de Tilly, près de Mantes-la-Jolie, jusqu’à sa mort, le 11 janvier 1788. Au moment même où il est discrédité en France, le Congrès américain l’honore en lui faisant cadeau de quatre canons pris aux Anglais pendant le siège de Yorktown. Ces canons seront fondus pendant la Révolution, mais les Américains en offriront des copies au château de Tilly en 1976, année du bicentenaire des États-Unis. Malheureusement, ces canons ont été volés il y a quelque temps. La première statue parisienne réalisée en hommage à de Grasse se trouve dans les jardins du Trocadéro et a également été offerte en 1931 par un ressortissant américain, M. Kingsley Macomber. Il faudra attendre 1990 pour qu’un buste de De Grasse soit érigé place des États-Unis à l’initiative du maire de Paris. Enfin, manifestation édifiante de l’incompatibilité d’humeur franco-américaine sur le sujet de Grasse, des bâtiments de guerre américains ont porté son nom bien avant que notre marine ne l’attribue à l’un des siens. Héros ou zhéro réhabilité ? Pour de Grasse, cela dépend finalement du côté de l’Atlantique d’où l’on en juge !
     
    Le cas de l’amiral d’Estaing est également discutable, car si l’opinion publique l’a considéré comme un héros, au même titre que La Fayette, les historiens l’accusent volontiers d’avoir tenu entre ses mains le sort de la guerre d’indépendance américaine, qui aurait pu durer trois ans de moins s’il avait été à la hauteur de la situation. Il est vrai que d’Estaing eut l’occasion de détruire l’escadre anglaise dans la baie de New York et de mettre ainsi un terme définitif à la guerre. Hélas, il n’en fit rien, arguant du fait qu’il lui avait été impossible de trouver un pilote pour s’engager dans la baie ! On lui reprochera cette mauvaise décision et ce

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